Les promesses de "l'informatique dans les nuages"

Par Ludwig Siegele, journaliste spécialiste des nouvelles technologies pour The Economist, qui a aussi travaillé pour Die Zeit et Le Monde.

Aux Etats-Unis, le chômage atteint son plus haut niveau depuis vingt-cinq ans. La chute du Dow Jones évoque la Grande Dépression. Il y a à peine quelques mois, ces gros titres auraient paru surréalistes. Aujourd'hui, c'est normal. Les gens semblent prêter de moins en moins d'attention aux mauvaises nouvelles, du moins ici à Londres. Une espèce de "raz le bol de la récession" commence à s'installer. Qui ne chercherait pas à se protéger contre le déluge quotidien d'informations déprimantes?? Du coup, cela nous incite aussi à ignorer les bonnes nouvelles. Or, il en existe, en particulier dans les technologies.

Commençons par le "Software as a Service" (SaaS)?: des programmes qui ne sont pas installés sur le disque dur de l'ordinateur, mais fournis comme un service via Internet et accessibles par un navigateur. L'exemple le plus connu est Google, qui offre plus d'une douzaine de programmes. Certes, on a pu exagérer les promesses du SaaS ces dernières années.

Mais l'avancée n'en est pas moins réelle ces derniers mois, car ces solutions aident les services informatiques des entreprises à économiser de l'argent. Ainsi, le chiffre d'affaires de Salesforce.com, premier fournisseur SaaS mondial aux entreprises, a augmenté de plus d'un tiers en 2008, faisant de cette société la première du secteur à franchir le milliard de dollars.

En outre, malgré la récession, l'Internet sur mobile est en train de décoller. Les téléphones portables conventionnels sont excellents pour appeler et envoyer des SMS, mais pour faire des opérations plus complexes, comme naviguer sur le Web, cela devient pénible. Avec les derniers smartphones, toutefois, qui représentent 15% des mobiles vendus, les appels vocaux et les textos sont deux fonctions parmi d'autres. Les nouvelles applications, souvent liées à un service sur Internet, peuvent être téléchargées sur une boutique en ligne.

Comme on pouvait s'y attendre, des dispositifs aussi souples, et les programmes associés, ont été créés par un nouveau venu dans l'industrie du mobile?: Apple. A la fin de 2008, il avait vendu plus de 17 millions de ses élégants iPhones, et son "App Store", qui compte plus de 26.000 applications, affiche plus de 500 millions de téléchargements depuis son lancement en juillet dernier. D'autres, comme Google, Microsoft et Nokia, ont marché dans les pas d'Apple et lancé leurs propres boutiques "app".

Ensuite, comme les téléphones se transforment en ordinateurs, les ordinateurs portables deviennent des mobiles. Même les vétérans du secteur ont été surpris par le succès rapide de l'Internet mobile via les systèmes intégrés des ordinateurs portables ou les clés USB. L'avantage est que cela fonctionne partout - contrairement à la technologie de la wi-fi, limitée par la distance. En Europe de l'Ouest, le nombre d'utilisateurs de large bande devrait croître de 50% à 27 millions cette année, selon le consultant IDC.

Enfin, d'autres produits sont plébiscités. Les "netbooks" - des ordinateurs portables bon marché si petits que l'on peut les emporter partout -, voient leurs ventes s'envoler : passées de 182.000 en 2007 à 11 millions en 2008, elles devraient atteindre 21 millions cette année. Autre exemple, le lecteur de livre numérique, en particulier le Kindle, produit par Amazon. Il possède une connexion sans fil pour télécharger des livres, ce qui explique pourquoi il s'en est vendu 500.000 aux États-Unis depuis son apparition en novembre 2007.

SaaS, l'Internet mobile, les connexions à haut débit sans fil et d'autres nouvelles fonctions ne sont pas isolés dans un contexte par ailleurs déprimant. Ils font partie d'un paysage plus large?: le pouvoir de l'informatique est en train de se transformer en "nuage" et sera utilisé où et quand on a aura besoin.

"L'informatique dans les nuages", comme l'appellent les "geeks", ne changera pas seulement l'industrie des technologies de l'information, mais aidera l'économie à sortir de l'ornière. Elle créera de nouveaux produits et de nouveaux modèles industriels et rendra les entreprises comme les individus plus productifs. C'est la preuve que, même si l'économie mondiale est allée dans le mur, l'histoire n'est pas finie.

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