Tremblez, fraudeurs, devant Woerth !

Par François Lenglet, rédacteur en chef à La Tribune.

Ministre des Comptes publics, Eric Woerth n'est pas précisément un joyeux drille. Les jours de fête, il fait péter la Badoit. Maire de Chantilly, il n'a jamais rajouté de crème sur la tarte aux pommes, autant par principe que par tempérament. Pourquoi dépenser plus pour son dessert alors qu'on peut se faire plaisir en relisant le Code général des impôts au coin du feu, le soir en famille ?

Depuis quelques jours pourtant, voici que la glace a pris feu. Notre ministre impavide est désormais tout colère, brandissant sa mystérieuse liste de trois mille contribuables qui auraient fraudé le fisc français. Même Mme Woerth ne reconnaît plus son époux. La passion le pousse à des extrémités de langage inhabituelles : il menace les évadés fiscaux du feu de l'enfer s'ils ne se dénoncent pas. Qui sont ces trois mille mauvais citoyens qui préfèrent leurs bas de laine à leur patrie ? Comment le ministre a-t-il récupéré ces informations ? A-t-il même vraiment une liste, ou bien bluffe-t-il pour inciter les innombrables détenteurs de comptes bancaires en Suisse à renoncer à leur coupable commerce ?

Ceux qui posent cette question ne connaissent pas Eric Woerth. Un homme qui passe ses loisirs à escalader la façade de Bercy ne bluffe pas - tout simplement parce qu'il ne sait pas le faire. Que notre ministre fasse un mensonge délibéré est à peu près aussi crédible que Jeanne d'Arc jouant au strip-poker. Cette soudaine furie de la chasse à l'évadé fiscal, toute louable qu'elle soit, suscite quelques interrogations. Pourquoi s'en prendre seulement aux particuliers, et pas aux entreprises, celles qui utilisent les marges de la légalité pour ne payer que des clopinettes en impôt sur les bénéfices ?

L'administration Obama vient de lancer une offensive contre les montages fiscaux des multinationales, on aimerait voir le bras vengeur de M. Woerth s'abattre aussi de ce côté-là. Par pur souci d'équité. Equité encore, pourquoi ne pas être aussi drastique à l'encontre des paradis fiscaux britanniques - les îles anglo-normandes - et asiatiques - Singapour, Hong Kong - avec cette malheureuse Suisse, accablée ?

Enfin, il y a quelque abus à présenter l'action contre la fraude fiscale comme un chapitre de la lutte contre la crise financière : les deux sujets n'ont rigoureusement aucun lien. Les repris de justice fiscaux n'auront même pas la consolation d'?uvrer pour la "refondation du capitalisme" - leur malheur ne servira qu'à faire les fins de mois d'un Etat vorace et impécunieux.

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Commentaires 12
à écrit le 10/12/2009 à 21:02
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"Etat impécunieux", il est là sous vos yeux, mes amis, le coup de Jarnac envers cet admirable Woerth, portraituré en faux nez à la frugalité trompeuse car représentant un état vorace. Lenglet sur les dignes pas de La Rochefoucault...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Bonjour Monsieur, Laissez moi vous dire que vous êtes complètement à côté de la plaque. Que ce soit dans votre pseudo essai de "profilage" de la personnalité de Woerth, que dans votre analyse de l'évènement qui s'est produit dimanche. Dans un monde m...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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A mon avis il s'agit d'une mesure purement électorialiste. Il est de bon ton en ces temps de récession de combattre l'hydre à mille têtes de la crise. La Suisse étant la tête la plus facile à couper car, pour les français, elle représente le parangon...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Désolé Marc B., alias Razor, mais votre étroitesse d'esprit est navrante, votre analyse ainsi que vos conclusions méritent, avec indulgeance, un zéro pointé... PS: oui, FRAUDEURS - c'est dans le titre de l'article ! Donnez-vous la peine de lire avan...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Le renversement de valeurs opéré dans la dernière phrase de l'édito est proprement scandaleux : les fraudeurs sont malheureux (sortez les mouchoirs...) et l'état est vorace et impécunieux. Merci pour ce bel encouragement à payer ses impôts ! Des cito...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Bonjour cher Christian, Malheureusement pour vous, vous portez les stigmates d'un gauchisme avancé... Que peut-on dire de votre argumentation et de vos conclusion sur le sujet? Pas grand chose, excepté qu'elles sont inexistantes! Par contre je vou...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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"Utiliser les marges de la légalité " Voila bien un problème français. Nos textes fiscaux sont tellement tordus, compliqués, avec des implications aberrantes qu'il y a toujours un moyen légal de tourner la loi. Cela fais d'ailleurs les beaux jours de...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Rideau de fumée ! Quand on canalise la vindicte populaire pour détourner le public des problèmes redoutables qui vont arriver , il y un risque : les gens commencent à s'en rendre compte...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Ce qui est inquiétant, c'est qu'un jour ou l'autre, chacun d'entre nous peut être cloué au pilori des "mauvais" Français

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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les fraudeurs ? , si il y avait qu'eux ce serait un epiphenomene , que dire des contournement des lois , des taxes et autres ? , celà ressemble a l'urss de 1985 avant gorby , le systeme se fissure de toutes parts , promettre l'impunitée fiscale aux f...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Bien vu Henry, j'ai déjà entendu cette expression : mauvais français. C'était sous le régime de Vichy !...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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@ Razor. Ecrire autant pour dire si peu! Qu'en savez-vous si le journaliste que vous critiquez ne connait pas son sujet? Et vous, connaissez-vous mieux Mr Woerth parce que, je vous cite, vous avez déjà eu "l'occasion" de le rencontrer? La démocratie...

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