La leçon d'économie d'Orange aux Anglais

Par Valérie Brunschwig-Segond, journaliste à La Tribune.

Que France Télécom conquière à bas prix, à l'aide de son "concurrent" allemand, la première place du marché de la téléphonie mobile de l'autre côté de la Manche flattera, à coup sûr, l'ergot du Coq gaulois. Un chef d'entreprise français ne vient-il pas d'infliger une belle leçon d'économie aux enfants d'Adam Smith ? Avec le sauvetage précipité des banques grâce aux aides massives des Etats, on avait compris que, en cas de crise aiguë, mieux valait s'asseoir pronto sur les exigences de la concurrence. Et ne pas hésiter à bâillonner fissa les ayatollahs du libre marché.

Voilà qu'avec la sortie de crise s'accélèrent brutalement les opérations de concentration : dans la banque, l'automobile, les services informatiques, hier la confiserie, et aujourd'hui encore les télécoms, que l'on croyait pourtant épargnés par la crise ! Bref, partout, la crise élimine les plus faibles et renforce les plus forts, les plus agiles surtout. Partout, l'un des effets le plus sensible de la crise, c'est un recul de la concurrence. "Les sorties de crise ont toujours permis la structuration des grands acteurs", affirmait la semaine dernière un Didier Lombard réjoui, lors de l'université d'été du Medef. Il vient de le prouver !

Pour les grands, la sortie de crise est un moment formidable, où ceux qui ne sont pas morts profitent des chutes de tension de leurs concurrents pour s'emparer à bon prix de leurs parts de marché. L'ambition de tout entrepreneur, de toute entreprise est finalement d'acquérir une situation de monopole, de réduire au moins l'état concurrentiel de son marché. Il fallait entendre, à ce même rassemblement, leurs plus dignes représentants développer, unanimes, des charges violentes contre "la politique dogmatique de concurrence de Bruxelles" ou contre les "sanctions anticartels injustes".

Schumpeter, qui professait la nécessité des oligopoles pour financer l'innovation, a donc été entendu. Y compris par un Didier Lombard, qui affine un peu plus sa leçon aux Anglais : c'est un opérateur historique en position dominante sur son marché domestique, qui vient aujourd'hui organiser le marché anglais, jugé trop concurrentiel et faiblement rémunérateur. En Angleterre, l'opération ne profitera sans doute pas aux clients, dont le prix des abonnements va monter, ni aux salariés à en juger par les synergies annoncées. En revanche, s'il est actionnaire, le Coq gaulois a de quoi se réjouir. Une nouvelle forme de partage du profit.

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Commentaires 2
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Chère madame, faites-vous offrir un Bescherelle sur la conjugaison par votre direction, qui ne devrait pas vous refuser cela, surtout en ces temps de sortie de crise : vous ne commettrez plus d'erreurs horribles du genre : "il conquière" !!!! V...

à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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Francois merci pour votre commentaire. Mais avant de vous emporter reflechissez deux petites minutes: Il ne s'agit pas de l'indicatif mais du subjonctif (d'ou la presence du "QUE" en debut de phrase). donc la conjugaison est correcte!

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