Obama : un prix Nobel pour viatique

Par Éric Benhamou, éditorialiste à La Tribune.

Barack Obama a donc une nouvelle fois stupéfié le monde. Comme la première fois lors de son élection en novembre 2008. Une lueur d'espoir dans un monde en crise. Ou bien lors de son discours du Caire de juin 2008, celui de la main tendue aux musulmans. Il s'adresse alors directement aux peuples plutôt qu'aux dirigeants et conforte sa popularité mondiale. Enfin, hier, le Comité Nobel lui attribue son prestigieux prix de la Paix. Après seulement neuf mois de présidence. Alors même que la guerre ne cesse de s'étendre en Afghanistan, que les attentats redoublent de violence en Irak et au Pakistan et que les tensions restent vivent avec l'Iran. À un moment aussi où l'éclat d'Obama commençait à pâlir aux États-Unis, où sa réforme de la santé s'enlise, et à l'étranger, où chacun s'interroge sur sa capacité réelle à agir au-delà d'une communication bien maîtrisée.

Les sages d'Oslo justifient leur choix très politique par la nouvelle diplomatie américaine en faveur du multilalérisme, du désarmement et de la protection de l'environnement. Les analystes, pris de court, jugent le pari risqué. Obama doit revoir sa copie en politique étrangère et se montre très hésitant face à la montée des périls en Asie et au Moyen-Orient. Ce prix est prématuré, dénoncent d'autres, à la recherche du moindre traité, de la moindre poignée de mains à la hauteur d'un prix Nobel. Même Obama déclare, dans une fausse humilité, qu'il ne "mérite pas" ce prix. Pour autant, il se pourrait bien que ce prix serve à quelque chose, qu'il entraîne une dynamique de la paix. C'était déjà bien le message porté par le comité lorsqu'il décerna son prix à Mikhail Gorbatchev en 1990 ou à l'Afrikaner Frederick de Klerk en 1993. D

e fait, il tombe au meilleur moment. Tout d'abord, pour relancer la machine Obama aux États-Unis. Ce prix sera sans doute le meilleur allié du président pour faire passer sa réforme de la santé. L'enjeu ne concerne pas seulement les Américains. Un échec aurait ruiné toutes les ambitions de sa mandature et considérablement affaibli son image à l'international. Ensuite, il lui permet d'accélérer ses réformes en faveur du climat et d'arriver ainsi à Copenhague en position de force et peut-être ainsi de sauver ce sommet capital. Enfin, il lui donne la force nécessaire pour imposer la négociation sur tous les dossiers chauds, Iran en premier lieu. Ce prix Nobel signifie aussi que le monde doit changer et que rien ne peut changer sans les États-Unis.

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