Grand emprunt, petite querelle

Par Philippe Mabille, éditorialiste à La Tribune.

Qu'est-ce qui fait qu'un emprunt est "grand" ou "petit"?? Son montant?: 30, 50, 100 milliards ou plus?? L'importance des projets qu'il finance?: les universités, le numérique, les biotechnologies, le transport propre?? Les besoins du royaume de France sont tels que la liste des moulins à vent que l'on peut financer est infinie.

L'appel des 63 députés UMP qui, le lundi, dénoncent le déficit de la Sécurité sociale et, le mardi, se prononcent, sous couvert de sortie de crise, en faveur d'un très-gros-grand emprunt, reflète l'esprit d'un temps qui a perdu tout sens des repères. Qu'est-ce donc qu'un milliard, quand l'État peut en mobiliser 360 d'un seul coup pour les banques ou bien 150 pour le déficit d'une seule année.

C'est la fable de la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le b?uf. Elle finit mal. En cinq ans, la France verra déjà sa dette enfler de 500 milliards d'euros. Elle atteindra 100% du PIB en 2015, au moment où le choc démographique va faire exploser les dépenses de retraites.

A ce niveau, la mauvaise dette chasse la bonne et la signature de la France sur les marchés risque d'être entamée. Influencé par son conseiller spécial, Henri Guaino, le chef de l'Etat peut certes faire sienne la phrase totem de son prédécesseur à l'Élysée ("plus c'est gros, plus ça passe?!").

Mais Nicolas Sarkozy pourrait aussi se souvenir des propos qu'il tenait quand il était ministre des Finances de Jacques Chirac, le 4 mai 2004?: "aux économistes qui proposent de relancer la croissance en creusant le déficit et la dette, je réponds?: pour le déficit et la dette, c'est fait. Pour autant, la croissance n'est pas suffisamment là. La raison en est simple?: les Français n'ont pas confiance dans l'avenir."

Christine Lagarde, qui a fustigé hier la "petite querelle" du grand emprunt, ne saurait mieux dire. Et on voit mal comment l'actuelle ministre des Finances et celui du Budget, Eric Woerth, pourront garder leur crédibilité si l'Élysée va au-delà de la fourchette de 20 à 40 milliards d'euros proposée par la commission Juppé-Rocard.

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Commentaires 8
à écrit le 23/11/2009 à 8:37
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La dette de la france est de 76% du PIB. Il nous faudra 120 année pour la rembourser. Sarkosy veut en rajouter une couche avec un grand emprunt. et l'état emprunte pour rembourser les emprunts passés... jusqu'au jour où le FMI frappera à notre porte ...

à écrit le 16/11/2009 à 10:37
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La dette de la france par rapport au PIB est de 74 %.IL nous faudra 120 années pour la rembourser (encore si tout se passe bien économiquement pour la france). Sarko veut en rajouter une couche avec un nouvel emprunt. On ont-ils appris l'économie ? S...

à écrit le 12/11/2009 à 10:41
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La dette de la france par rapport au pib est de 76%. Il faudra 120 années pour la rembourser. Sarko veut en rajouter une couche avec le grand emprunt. Psychiatrie ? Rupture avec la réalité ? La réalité, c'est que chaque année on emprunte 250 milliard...

à écrit le 06/11/2009 à 22:10
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Investir est-il du ressort des gouvernements? Oui, s'il s'agit d'améliorer la machine administrative. Investir suppose le risque d'un investissement malheureux; laissons aux investisseurs privés ce genre d'aventures qui est incompatible avec la rigue...

à écrit le 06/11/2009 à 7:32
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à Titanic : Bien d'accord. Pourquoi vos collègues fonctionnaires sont-ils imperméables aux 10 millards de déficit de la sécu. Tout simplement parce que ce sont eux les bénéficiaires et qu'ils ne veulent pas savoir que les payeurs seront les contribua...

à écrit le 05/11/2009 à 22:14
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Tant que l'orchestre est payé pour jouer, on peut toujours danser, la vie continue comme avant. Et sur le long terme, nous serons tous morts, pas nos petits enfants. Mes collègues fonctionnaires de la santé sont totalement imperméables à l'idée que 1...

à écrit le 05/11/2009 à 19:01
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Il faut savoir raison garder. Toutefois si l'emprunt est trop faible, il devient inutile. Trop fort il peut être dangereux. Trouver le bon dosage avec l'efficacité maximum, voilà la gageure. Il y a des gens compétents pour cela, alors pour une fois f...

à écrit le 05/11/2009 à 14:27
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Le philosophe Alain disait: "Arrangez-vous pour avoir toujours quelques dettes". En substance, il voulait suggérer que, si elles étaient d'un montant raisonnable, elles pouvaient être un moteur, une motivation pour avancer. Peut-être que le Gouvernem...

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