France Inc. ch. min. de l'Energie

Par Eric Izraelewicz, directeur de la rédaction de La Tribune.

Alors qu'il n'a pas encore été confirmé à la tête d'EDF par le conseil des ministres (cela devrait être fait demain), Henri Proglio expose, depuis quelques jours, ses intentions. Difficile de ne pas en avoir eu quelques échos ! Même le personnel de l'entreprise a eu connaissance, par presse interposée, de ses projets. A quoi sert encore le conseil des ministres ; à quoi servent les instances représentatives du personnel ?

Si au moins les projets d'Henri Proglio ne concernaient que l'entreprise qu'il s'apprête à présider. Mais il s'exprime sur la politique énergétique de la France. Il dit ce qu'il faut faire, voire ce qu'il va faire. Henri Proglio plaide ainsi pour une refonte complète de la filière nucléaire, avec à la clé un démantèlement d'Areva, le fabricant public de centrales. Il rejette la réforme du marché de l'électricité sur laquelle François Fillon, le chef du gouvernement, s'est engagé vis-à-vis de Bruxelles. Il annonce un rapprochement de l'électricien majoritairement public EDF avec "son" groupe privé Veolia Environnement.

Sur chacun de ces dossiers, les arguments du prochain patron d'EDF méritent d'être entendus. Henri Proglio est un grand industriel, qui a fait de son groupe un leader mondial. On peut néanmoins se demander s'il est normal que la politique énergétique du pays soit ainsi abandonnée à un homme seul, aussi brillant soit-il, mais sans légitimité politique si ce n'est l'adoubement par le président de la république. Christine Lagarde, représentante de l'Etat actionnaire, a bien tenté, la semaine dernière, un rappel à l'ordre, suggérant au futur patron d'EDF de "s'occuper d'abord de ses dossiers".

Le problème, c'est qu'il n'y a pas, au gouvernement, de véritable ministre en charge de l'énergie. Le ministre de l'Industrie en a été dépossédé. La responsabilité en incombe normalement à Jean-Louis Borloo, qui a déjà beaucoup à faire avec le CO2. Pour justifier ses annonces, Henri Proglio dit que son projet, c'est celui de Nicolas Sarkozy, que de fait le ministre de l'Energie est installé à l'Elysée. Alors, qu'on le dise clairement.

Le pays est en droit de savoir qui définit sa politique énergétique. Même si cela n'est pas totalement rassurant : le candidat Sarkozy avait révélé quelques failles dans sa connaissance du dossier lorsqu'il avait expliqué, pendant la campagne électorale, que l'électricité française provenait pour 25% du nucléaire - 80% en réalité. La France a besoin d'un vrai ministre de l'Energie, à temps plein.

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