Qui est responsable d'Internet  ?

Par Jean-Baptiste Jacquin, rédacteur en chef à La Tribune.

La condamnation de Google par la justice italienne le 24 février va bien au-delà du moteur de recherche américain. Certes, elle répond à l'émotion légitime de l'opinion publique italienne choquée que la vidéo d'un enfant handicapé maltraité par des enfants de son âge puisse rester deux mois en ligne sur le site Google Vidéo.

Les enfants du collège en question avaient été renvoyés à l'automne 2006, après que le scandale avait éclaté. Mais il fallait un autre responsable. Ce sera Google. La régulation d'Internet se retrouve ainsi questionnée. Internet regorge d'images déplacées ou trash, sans parler des contenus illégaux, de l'incitation à la haine raciale ou à la pédophilie. Il est vrai que l'anonymat d'Internet facilite la remontée à la surface des facettes sales de l'humanité.

Faut-il alors interdire Internet ? C'est ce que semble penser la justice italienne. En condamnant à six mois de prison avec sursis trois dirigeants du moteur de recherche américain, elle considère que Google aurait dû faire le tri sur ce qu'il donnait à voir sur son site. Mais ce raisonnement obligerait tout site Internet (moteur de recherche, portail, sites communautaires, etc.) à fermer, car aucun ne peut vérifier a priori les centaines de millions de contenus nouveaux (texte, photo, son ou vidéo) qui surgissent de partout. Pourtant, le laisser-faire complet serait criminel.

C'est pourquoi un certain équilibre était apparu au fil des tâtonnements judiciaires. Le principe était que tout hébergeur de site devait se donner les moyens de pouvoir retirer immédiatement un contenu illicite qui lui serait signalé. Mieux vaut s'en tenir là. À l'heure où la liberté d'Internet devient un enjeu de pouvoir entre Pékin et Washington, ne censurons pas nous-mêmes la Toile.

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Commentaires 2
à écrit le 27/02/2010 à 20:56
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Les hébergeurs comme les moteurs de recherche permettent aux propriétaires des sites et aux utilisateurs (comme moi maintenant) de déposer des contenus, comme des bagages dans une consigne, et en laissant la clé libre d'accès aux visiteurs. Leur fon...

à écrit le 25/02/2010 à 12:35
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Si je rejoins la conclusion de votre édito, je trouve votre présentation un peu "vistimisante" et exagérée. Le contrôle a priori n?a aucun sens, certes, mais « il fallait un autre coupable » pourrait sous-tendre un harcèlement des sociétés commercial...

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