Le papillon de Kastellorizo

Par Philippe Mabille, rédacteur en chef et éditorialiste à La Tribune.

Connaissez-vous Kastellorizo, cette petite île grecque de la mer Méditerranée orientale ? C'est de là, à 3 kilomètres des côtes turques et tout près de l'île de Rhodes, que le colosse grec a sombré une deuxième fois, vendredi, avec le SOS lancé par le Premier ministre socialiste Georges Papandréou. Sûr, il aurait pu choisir lieu plus austère pour réclamer l'activation du plan d'aide financière décidé par l'Europe et le FMI le 11 avril. En même temps, cette carte postale paradisiaque est sans doute le meilleur argument de vente d'un pays essentiellement touristique, mais au bord de la banqueroute en raison des taux d'intérêt prohibitifs désormais exigés par les investisseurs.

Ce battement d'aile de papillon à Kastellorizo a eu des répercussions mondiales immédiates, à Paris et Berlin, bien sûr, mais surtout à Washington où étaient fort opportunément réunis les principaux grands argentiers de la planète pour l'assemblée de printemps du FMI. Et l'on a découvert à cette occasion non seulement que Georges Papandréou était un fin renard, en choisissant aussi bien son moment, mais aussi que la solidarité financière européenne restait un voeu pieux.

L'Allemagne n'a apporté aucune garantie à son intervention et Paris, comme Berlin, a durci le ton à l'égard d'Athènes en lui réclamant des mesures supplémentaires pour convaincre des opinions publiques plus que rétives à payer pour la Grèce. De sorte que le FMI a repris la main en affirmant sa confiance dans les "efforts courageux du peuple grec", à contre-courant de son image traditionnelle de père-la-rigueur. Dominique Strauss-Kahn déjà en campagne par Grèce interposée ? L'attitude du FMI révèle aussi l'inquiétude des Etats-Unis à voir Athènes devenir le "Lehman Brothers" du risque souverain.

Bref, en un week-end, la crise grecque a changé de dimension pour devenir "systémique", comme disent les financiers. Car si la Grèce tombe, tous les dirigeants de la planète seront fondés à se dire : qui sera le prochain à être attaqué par les marchés ? Est-ce que cela pourrait être moi ? Voilà pourquoi il est plus qu'urgent de sauver la Grèce.

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