L'homme qui murmure à l'oreille des marchés

Par Philippe Mabille, rédacteur en chef et éditorialiste à La Tribune.

Bien sûr, Claude Guéant n'a pas beaucoup de points communs avec Robert Redford, le réalisateur du magnifique "L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux". Mais pour apprivoiser les marchés, le secrétaire général de l'Elysée a compris qu'il faut désormais communiquer sans attendre. Le FMI a émis des doutes sur les prévisions de croissance de la France et la sous-estimation probable des efforts budgétaires nécessaires pour ramener les déficits de 8% à 3% du PIB d'ici à 2013. Le plus proche collaborateur du chef de l'Etat a immédiatement fait savoir, en une du Financial Times, que le gouvernement français se prépare à un nouveau tour de vis budgétaire cet automne.

Guéant, le "monsieur Plus" de Sarkozy, annonce la rigueur en anglais. Imprononçable en France, le mot est devenu un sésame pour acheter la paix auprès des investisseurs internationaux qui détiennent les deux tiers de notre dette. L'aveu sonne comme un avertissement. D'ores et déjà, pour parvenir à l'équilibre financier des régimes de retraites en 2018, Nicolas Sarkozy a dû renoncer à la stabilité fiscale qu'il avait promise pour son quinquennat. Ce virage sur l'aile risque d'aller beaucoup plus loin.

Après les retraites, dont le redressement des comptes repose sur des hypothèses très fragiles de décrue du chômage, le gouvernement va devoir s'attaquer cet hiver au financement de la dépendance. Et là, le pouvoir n'en fait pas mystère, les retraités seront mis à contribution. Il faudra aussi s'attaquer aux déficits de l'assurance-maladie.

Enfin, Etat et collectivités locales vont être mis au régime sec. Pour rassurer les marchés, la France est désormais condamnée à donner des gages de bonne gestion. Et l'on peut parier que, en 2012, lorsque viendra l'heure de l'élection suprême, aucun candidat ne pourra l'emporter sans un plan détaillé de retour à l'équilibre budgétaire. Sauf à devoir affronter dès son entrée à l'Elysée une tempête sur les marchés. L'euro protège, mais il ne protège pas de tout.

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