Les banques, à qui perd gagne

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.

Décidément, les banques sont prêtes à tout... même à se tirer une balle dans le pied, pour empêcher la création d'une taxe bancaire. Alessandro Profumo, l'administrateur délégué d'UniCredit, a proposé lundi la création d'un fonds privé, doté de 20 milliards d'euros, conçu pour venir au sec ours d'éventuels établissements en difficulté.

On en voit l'avantage. Ce fonds, auquel contribueraient une vingtaine de banques sur la base du volontariat, se présente comme une solution alternative à une taxe ayant le même objet. Et sa gestion, comme son usage, serait du seul ressort des établissements financiers. Mais on voit aussi les inconvénients. L'incohérence de la démarche, d'abord.

L'initiative de Profumo légitime l'idée même d'un fonds de sauvetage, une idée défendue par Michel Barnier, le commissaire bruxellois aux Services financiers, et que les banques combattent. Son montant limité, ensuite. Vingt milliards, c'est le coût d'un gros Crédit Lyonnais (dont la faillite a coûté 16 milliards aux Français). À quoi bon un fonds, dont le montant semble calibré sur la capacité contributive des banques, qui ne protégerait pas les contribuables d'une nouvelle crise systémique ?

Le retour à l'autorégulation, enfin. C'est l'objectif même d'Alessandro Profumo, alors que c'est un défaut de régulation, aux États-Unis, qui a précipité le monde dans la crise financière. Le piège est un peu gros. Dans la partie de poker menteur que se livrent les banques et les États, la solution n'est ni dans la volonté des politiques de remplir des caisses vides, ni dans le désir des banques d'échapper à toute nouvelle contrainte. Elle est, selon les voeux des régulateurs, dans l'augmentation graduelle des fonds propres imposée aux banques, à toutes les banques, pour que celles-ci trouvent, à l'avenir, en elles-mêmes les ressources suffisantes pour affronter des temps difficiles.

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