La Chine, premier marché automobile mondial

Par Gérard Morin, associé PwC, responsable du secteur automobile en France.

Les Chinois vont être de plus en plus nombreux à laisser leur vélo à la maison dans les années qui viennent. La faute à l'automobile dont ils sont de plus en plus friands. Quelques chiffres : la croissance de la production en Chine devrait être de 10% par an jusqu'en 2016, selon notre institut d'analyse Autofacts. À cette date, 21 millions de véhicules seront produits en Chine contre 11 millions cette année.

En guise de comparaison, l'Inde produira à cette date 5,9 millions de véhicules, un chiffre proche de celui de l'Allemagne. Autrement dit, en termes de production, le marché chinois est de loin déjà le premier marché mondial (à titre de comparaison, les États-Unis devraient produire 5,7 millions d'unités en 2010) et un gouffre devrait se créer avec les autres pays dans les années à venir. Entre 2009 et 2016, la Chine contribuera à hauteur de 28% à la croissance mondiale du secteur, contre 15% par exemple pour les États-Unis et 11% pour l'Union européenne.

Comment expliquer ce phénomène ? Cela tient tout d'abord à une volonté politique forte. Les autorités chinoises ont engagé, depuis 2001, un programme sans précédent d'expansion des infrastructures autoroutières et du réseau secondaire. Entre 2001 et 2005, la Chine a dépensé plus d'argent pour les routes, le rail et les autres infrastructures clés que durant les cinquante dernières années.

Pour favoriser un développement cohérent du marché automobile et offrir un début de réponse aux questions environnementales actuelles, elles ont réduit de 10% à 5% en 2009 les taxes sur les véhicules de cylindrée inférieure à 1,6 litre, permettant ainsi le développement d'un parc moins consommateur de carburant.

Cette même année, 5 milliards de yuans, soit 500 millions d'euros, d'aides ont été attribuées aux habitants des campagnes pour troquer leurs trois-roues et autres véhicules lents contre des petits véhicules de moins de 1,3 litre. Des aides ont aussi été octroyées pour améliorer le système existant de crédit à la consommation.

Les constructeurs étrangers ont vite fait leurs comptes. Comment négliger un marché au potentiel si gigantesque ? On compte en moyenne 30 voitures pour 1.000 habitants en Chine contre 600 en Europe. Une véritable perspective de croissance, quand les marchés matures occidentaux sont essentiellement dédiés au renouvellement.

Et contrairement au marché indien, qui repose essentiellement sur les petites voitures, le mix produit occidental est plus proche du niveau d'exigence des consommateurs chinois qui apprécient notamment les grosses berlines. Du coup, tous cherchent à s'y faire une place au soleil. Le temps des délocalisations est révolu. Le but n'est plus de faire des économies sur la main-d'oeuvre. Nous sommes entrés dans une phase de localisation des constructeurs automobiles ou des équipementiers au plus près du consommateur final, porteur de croissance, et chinois en l'occurrence. Les constructeurs internationaux sont massivement implantés en Chine. Avec 59% de ce marché en 2009, les sept constructeurs étrangers les plus présents y ont produit près de 6,5 millions de véhicules. Et à l'horizon 2016, bien qu'ils perdent cinq points au bénéfice de plus petits acteurs, en majorité chinois, ils produiront plus de 11 millions de véhicules en Chine, soit une croissance de plus de 75% sur la période ! Les constructeurs étrangers devraient donc garder la main pour un bon moment encore.

Reste que cet eldorado est étroitement surveillé par les autorités publiques chinoises. L'entrée sur ce marché passe ainsi nécessairement par un partenariat avec un constructeur chinois, leur nombre étant limité à deux au maximum par constructeur international. Et les constructeurs automobiles chinois ont eux aussi profité de l'impulsion de l'État. Un fonds de 10 milliards de yuans (1 milliard d'euros) a été levé en 2009 pour les soutenir dans leurs efforts de recherche de nouvelles technologies et de développement de moteurs à énergie alternative, comme l'électrique. Il offre des aides substantielles à l'achat de véhicules de ce type pour soutenir l'essor de ce nouveau marché, encore aujourd'hui limité. Jusqu'à l'émergence d'un leader chinois de l'automobile ? Nous en sommes loin pour l'instant, mais tout va si vite en Chine.

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