La septième vie de François Fillon

Par François Lenglet directeur de la rédaction.
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Les briscards de la République le disent toujours avec un éclair dans les yeux, témoignant des combats qu'ils ont gagnés alors qu'on les donnait pour morts : en politique, rien n'est jamais perdu. La résurrection de François Fillon est une nouvelle illustration de ce qu'on pourrait appeler la loi de Lazare. Quelques mots prononcés - «lève toi et marche !» - suffisent à donner une nouvelle vie. Septième gouvernement formé, septième vie pour l'étrange François Fillon qui, de «collaborateur», comme l'avait imprudemment qualifié Nicolas Sarkozy au début de leur mariage, est devenu une sorte d'hyper Premier ministre. Indéboulonnable.

Non pas qu'il s'occupe de tout et de rien. Pour cela, il y a le Président de la République. Dans le souci d'économie qui le caractérise, Fillon fait ce que ne fait pas Nicolas Sarkozy : rigueur, constance, sérieux à la limite de l'ennuyeux. Il a l'estime de la majorité parlementaire et d'une bonne part de l'électorat de droite, parce qu'il rassure - là encore, la complémentarité avec Nicolas Sarkozy joue à plein. C'est pour cela qu'il a, contre toute attente, retourné le rapport de forces en sa faveur. Si Hegel avait fait de l'analyse politique, il aurait pu le dire ainsi : le collaborateur est devenu le patron du patron.

La bonne nouvelle, c'est que nous allons échapper au «tournant social» que les centristes et Jean-Louis Borloo appelaient de leurs voeux - en général, les tournants sociaux coûtent assez cher au contribuable, sans pour autant créer d'emplois. Sarkozy a estimé qu'il était encore un peu tôt pour faire chatoyer la verroterie devant les électeurs. Après tout, d'ici mai 2012, il a encore largement le temps de se contredire. D'ici là, ligne droite, et qui mieux qu'un pilote de course comme Fillon peut conduire la voiture ? Une chose est sûre, il n'y aura pas de remaniement dans la politique économique et budgétaire, qui est bornée par un chiffre effrayant, rappelé récemment par le FMI : en 2011, la France va devoir emprunter 570 milliards de dollars sur les marchés, soit 22% de son PIB annuel. Bonne route, Monsieur Fillon.

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