Euro : quand saint-bernard fatigue

Par François Lenglet, directeur de la rédaction de La Tribune.
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Même les saint-bernard, ces infatigables quadrupèdes au regard de Droopy qui secourent les promeneurs égarés dans la montagne, peuvent connaître un coup de déprime. Dans la finance, ce rôle du sauveur en dernier ressort est tenu par un couple : Ben Bernanke et Angela Merkel.

Le patron de la Réserve fédérale tient à bout de bras les finances américaines, tandis que la chancelière allemande garantit celles de la zone euro. Or, l'un et l'autre commencent à fatiguer. Aux Etats-Unis, malgré les injections massives d'argent créé par la banque centrale, les taux d'intérêt commencent à remonter et l'immobilier poursuit sa chute. En Europe, les plans d'aide aux pays effondrés ne parviennent pas à restaurer la confiance. En mai, la centaine de milliards dépensés pour sauver la Grèce avait ramené le calme pour six mois. En novembre, la centaine de milliards annoncée pour remettre à flot l'Irlande n'a apaisé les marchés que quelques heures... Les armes anticrise s'émoussent. Ou plutôt, elles se dévaluent.

En Europe, si l'on s'en tient à ce que suggère le bon sens, ce qui est rarement une mauvaise idée, les PIGS, Portugal, Irlande, Grèce et Espagne, ne pourront pas survivre longtemps en pratiquant une violente austérité tout en conservant une monnaie beaucoup trop forte pour leur compétitivité dégradée. Sauf à demander de nouvelles aides garanties par l'Allemagne. Ce qui serait idiot : on ne ferait que créer de nouvelles dettes, alors que le problème initial réside justement dans leur accumulation. Idiot et dangereux, car à force de charger les sauveteurs, on peut les mettre sur le flanc et replonger le monde entier dans la crise financière. Les PIGS se trouveront donc bientôt face à une alternative : soit faire défaut, en répudiant une partie de leurs engagements pour alléger leur dette, soit sortir de l'euro, pour retrouver la croissance. Deux solutions désagréables, soit pour les créanciers, soit pour les pays voisins, mais moins qu'une nouvelle explosion mondiale. Avis aux alpinistes aventureux : en cas de pépin, ne comptez plus sur les saint-bernard, ils sont surchargés.

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