Patriotisme transalpin

Par Pierre-Angel Gay, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.
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Le patriotisme économique n'est pas une exception hexagonale. Rome vit à l'heure de la défense de l'italianité. Quand il ne s'agit pas, tout simplement, d'une forte fièvre antifrançaise. Le ministre transalpin de l'Économie, Giulio Tremonti, a promis ce week-end, un projet de loi protégeant de toute offensive étrangère les entreprises stratégiques du pays.

A l'origine de ce brusque prurit, l'offensive du mayennais Lactalis sur Parmalat, groupe laitier devenu mondialement célèbre en 2003, après sa faillite frauduleuse. Vue de Paris, l'affaire paraît d'autant plus incompréhensible qu'au même moment, l'américain General Mills prend 51% de Yoplait dans l'indifférence générale. Le coup de sang de Giulio Tremonti n'est, il est vrai, pas sans raison. Les sociétés françaises ont pris l'habitude de faire leurs emplettes en Italie depuis qu'en 2007, BNP Paribas et Crédit Agricole se sont emparés de leurs homologues BNL et Cariparma-FriulAdria. Ces derniers temps, encore, Bernard Arnault s'offrait le joaillier Bulgari, EDF et Groupama faisaient le siège de l'électricien Edison et de l'assureur FonSai. Pour ne rien dire de Vincent Bolloré, vice-président de Generali et qui a transformé Mediobanca en poste d'observation pour ses futures campagnes d'Italie...

De quoi crier à "l'invasion", comme le fait désormais la presse transalpine. De quoi, aussi, tirer deux enseignements. D'essence familiale, le capitalisme transalpin, après celui d'autres pays européens comme la Belgique ou la Suède, est rattrapé par le Marché unique et la mondialisation. Faute d'avoir, à peu d'exceptions près, donné naissance à des entreprises de taille suffisante, il se fait lentement absorber par plus puissant que lui. Et, plutôt que d'accepter une consolidation à l'échelle européenne, il privilégie les solutions nationales. L'Italie se réveille moins européenne qu'elle ne le croyait.

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