Restaurer notre compétitivité portuaire : un enjeu majeur

Par Thierry Mariani, secrétaire d'Etat chargé des transports.
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L'actualité a été marquée ces dernières semaines par une négociation difficile sur la pénibilité des métiers portuaires. A l'heure où l'ensemble du dispositif conventionnel est prêt à être signé, le transfert des outillages (grues et portiques) et des personnels de manutention vers les entreprises sera mené à son terme, ultime étape permettant de réussir l'indispensable réforme de nos ports.

La puissance maritime d'une nation se mesure notamment par l'activité de ses ports qui irriguent le commerce mondial et contribuent à sa croissance. Force est de constater que la France n'est pas la puissance portuaire qu'elle pourrait être, par sa géographie, par son économie et par son histoire. Il était donc urgent d'ajuster notre système portuaire aux défis de l'économie mondiale.

Le transport maritime traite les trois quarts des volumes d'échanges internationaux et il a particulièrement bénéficié de la vitalité du commerce mondial, qui a progressé deux fois plus vite que la production mondiale sur la dernière décennie.

En l'espace d'une décennie, nous avons ainsi assisté à une mutation majeure avec la conteneurisation croissante des marchandises et l'intégration verticale de la chaîne de transport autour de grandes compagnies maritimes. Or cette progression n'a pas profité à nos ports.

Un simple chiffre permet de prendre la mesure du retard de notre système portuaire : entre 1989 et 2006 les parts de trafic des ports français en Europe sont passées de 17,8% à 13,9%.

Les éléments de diagnostic, partagés, sont connus : l'obsolescence des missions et des statuts, des règles trop contraignantes et une gouvernance inadaptée aux nouveaux enjeux, l'absence d'unité de commandement dans les opérations de manutention portuaire, génératrice d'une productivité plus faible que les concurrents européens.

La perte de compétitivité des ports français tient également au fait qu'ils sont mal reliés à leur arrière-pays et donc au reste de l'Europe.

A l'instar du développement conséquent des ports du Nord-Ouest européen, l'amélioration de la desserte des ports français s'impose désormais, au même titre que la réforme des structures.

Pour répondre à ces deux urgences, le gouvernement a engagé dès 2008 une réforme courageuse et lancé un plan ambitieux d'investissement. Tout d'abord, la loi du 4 juillet 2008 portant réforme portuaire a créé le statut de grand port maritime (GPM) en lieu et place des anciens ports autonomes. L'action des autorités portuaires est recentrée sur des missions de stratégie et d'aménagement. Les outillages et la manutention sont ainsi transférés au secteur privé, afin d'améliorer la productivité des opérations de manutention, de développer l'investissement privé et de rétablir la confiance des principaux clients des ports, armateurs comme chargeurs. Une nouvelle gouvernance structurée autour de trois organes constitués d'un directoire, d'un conseil de surveillance et d'un conseil de développement est également mise en place pour mieux responsabiliser les équipes de direction tout en associant davantage les acteurs économiques. Enfin, pour éviter que les ports français ne se fassent concurrence, des conseils de coordination portuaires ont été mis en place par grande façade maritime.

Parallèlement, des projets stratégiques ont été élaborés par chaque port afin de mieux répondre aux besoins d'investissements et d'améliorer la qualité des liaisons avec leurs "hinterlands". Ces projets représentent, tous financements confondus, une enveloppe globale de près de 2,4 milliards d'euros. L'Etat a apporté un soutien complémentaire à hauteur de 174 millions d'euros, qui complète sur la période 2009-2013 l'enveloppe des crédits inscrits aux contrats de projets Etat-régions.

Les grands ports maritimes sont désormais devenus propriétaires de leurs voies ferrées et financent l'amélioration de leur réseau ferroviaire ainsi que leur interface avec le réseau ferré national. Les entreprises seront demain propriétaires de leur outillage et donc en mesure de répondre mieux et plus vite à la demande des chargeurs et des armateurs. Enfin, d'ici à 2013, les grands ports maritimes devront affecter plusieurs centaines de millions d'euros à l'amélioration de leur réseau ferroviaire et fluvial.

Toutes les conditions sont réunies pour restaurer notre compétitivité portuaire. L'objectif fixé par le président de la république dès juin 2007 sera ainsi tenu !

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