Financement des PME : la Bourse... ou la vie

Par Bernard Cohen-Hadad, président de la Commission financement des entreprises de la CGPME.
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L'actualité souligne que nous vivons dans une économie de plus en plus mondialisée. Les patrons de PME, qui vivent l'économie et la concurrence internationale au quotidien, ne rêvent plus sur notre capacité d'inverser seuls le sens de l'économie du monde. Deux événements ont fait leur petit effet : le come-back, avec tambours, des banques françaises et l'annonce, avec trompettes, du mariage Nyse-Euronext et Deutsche Börse. Sur les banques, les sujets qui troublaient - le soutien du bout des lèvres au financement des PME - sont oubliés. Les banques sortent de la crise, elles communiquent sur leurs bons résultats. Partenaires privilégiées des PME, elles joueront le jeu du crédit mais ne seront jamais des investisseurs audacieux de long terme ni des partenaires intéressés à la prise de risques.

Les plus dynamiques de nos PME doivent donc diversifier leurs sources de financement et découvrir les vertus du marché financier. La Bourse est un moyen de trouver rapidement de l'argent frais. René Ricol en avait lancé l'idée. Elle avance lentement, le marché s'apprend, c'est aussi une culture.

Dans cet esprit, le probable mariage entre Nyse-Euronext et Deutsche Börse est une petite révolution qui va donner naissance à la plus grande plate-forme d'échanges de titres et de contrats. Au-delà des questions de gouvernance, c'est surtout la place que cette plate-forme mondiale réservera aux valeurs petites et moyennes en France qui préoccupe. En avril 2007, après la fusion Nyse et Euronext, des engagements étaient pris, notamment multiplication des entreprises moyennes cotées en France, information et accompagnement durable des PME... Les résultats sont-ils au rendez-vous, alors que les projecteurs semblent plus orientés sur Londres que sur Paris où le nombre d'entreprises cotées, en particulier de PME, stagne ?

Christine Lagarde a pris conscience des faiblesses du marché financier dans le financement des entreprises. Avec la place de Paris, elle a adopté plusieurs mesures, dont la possibilité pour les entreprises cotées d'évoluer dans les marchés, l'analyse financière pour les entreprises cotées ignorées par les intermédiaires, l'investissement de capitaux par la Caisse des dépôts, la création de l'Observatoire du financement des entreprises par le marché. Présidé par la Caisse, il a pour mission de faciliter l'accès des PME-ETI au marché, de poursuivre le dialogue entre les entreprises, les investisseurs, les intermédiaires et la plate-forme, d'effectuer des recherches sur le marché financier et d'établir un rapport annuel remis au ministre. La CGPME a choisi d'y participer parce qu'elle croit qu'il faut renforcer la présence des valeurs petites et moyennes dans notre économie, explorer toutes les voies qui conduisent à trouver des ressources longues pour les entreprises et garantir aux PME des prestations équitables et de qualité.

Les patrons de PME-PMI sont attentifs à ce qui encourage la diversification de leurs sources de financement et sensibles à ce qui peut étayer le développement de leur entreprise, en levant rapidement des fonds importants. Encore faut-il que, pour avoir la cote, ils y trouvent plus d'avantages et moins d'inconvénients. Ils attendent de la Bourse un marché ouvert à leur problématique, des prestations à un coût raisonnable, une garantie de visibilité qui soutienne réellement leurs entreprises moyennes dans la recherche de fonds et les accompagne dans leur développement...

Regardons ce que font nos partenaires allemands ou britanniques qui réussissent avec souplesse depuis longtemps. Acceptons de sortir des sentiers battus, pour défendre la spécificité des valeurs petites et moyennes en assurant la mise en place de mesures de "discrimination financière positive PME". Rééquilibrer, redimensionner et repositionner le marché favoriseront l'arrivée de nouveaux entrants. Nos acteurs publics sont conscients de ces enjeux. On attend maintenant qu'ils prennent des mesures concrètes pour renforcer cette voie dans un souci de sécurité, d'accessibilité et de liberté des échanges. Les PME souhaitent accéder au marché et y trouver leur place à condition que les règles soient adaptées. La probable fusion à laquelle on assiste doit garantir cette exigence incontournable.

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