Energie : ce qu'il est urgent de faire d'ici à 2050

Par Karen Ward, "senior global economist" chez HSBC.
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Avec un prix du pétrole supérieur à 100 dollars et les incertitudes sur le nucléaire consécutives au séisme japonais, le monde est d'ores et déjà confronté à de multiples tensions sur ses ressources énergétiques. Et la situation ne va pas s'améliorer, loin de là, au cours des quarante années à venir, comme le montre l'étude prospective réalisée par HSBC. La montée des marchés émergents va provoquer une progression rapide de la demande d'énergie, alors que les ressources décroissent, à un rythme inquiétant. En outre, la croissance économique pourrait être contrainte par la réduction des émissions de carbone.

L'ampleur du problème, évidemment global, peut être résumée en un chiffre, particulièrement frappant. Si les évolutions de l'économie, de la consommation, se poursuivent sur la tendance actuelle, il faut s'attendre à ce que le monde compte 1 milliard de voitures supplémentaires en circulation, en 2050, en raison de la croissance exponentielle des marchés chinois et indien. Le nombre total de voitures en circulation sur la planète ferait donc plus que doubler, atteignant 1,7 milliard, contre 700 millions aujourd'hui.

Une telle croissance du parc automobile est insoutenable : si elle se confirmait, elle provoquerait des tensions immenses sur le marché pétrolier et accélérerait le processus de réchauffement climatique. Des solutions alternatives doivent donc être trouvées, et nous pensons que les gouvernements comme l'industrie doivent y réfléchir dès maintenant. Au-delà du cas des voitures en circulation, une plus grande efficacité énergétique, le développement des énergies nouvelles et des systèmes de capture du carbone devraient, à notre avis, jouer un rôle. Ainsi que le nucléaire, malgré la catastrophe japonaise. Le monde ne peut s'offrir le luxe de tourner le dos à cette importante source d'électricité.

Commençons par la question de l'efficacité. C'est là, probablement, la piste la plus prometteuse pour réduire notre dépendance énergétique. Le secteur des transports est l'un des rares où le choix de consommer moins d'énergie revient à réaliser, assez vite, des économies. Quelles que soient les options choisies, il faudra se tourner vers les moteurs électriques, plus efficaces que les thermiques. Le problème, c'est que trop peu d'Etats encouragent la voiture électrique...

S'agissant de l'industrie, des progrès sont également possibles, concernant la production d'électricité. Les nouvelles centrales électriques installées actuellement dans les pays émergents sont 8 à 10% plus efficaces que celles présentes à l'Ouest.

Quant aux bâtiments, ils comptent pour 38% de la consommation d'énergie. De grands progrès peuvent être faits dans ce domaine, car beaucoup d'entre eux sont énergétivores. Il est possible d'aller vers des maisons à énergie zéro (utilisation du soleil et aucun recours à des sources externes d'énergie). Du reste, c'est ce que prévoit une directive européenne, prévoyant que les constructions, après 2020, répondent quasiment à cette norme. Les énergies renouvelables présentent l'intérêt d'être inépuisables, répondent au problème de sécurité énergétique, et préservent l'environnement. L'éolien, le solaire, les carburants bio, bien sûr le nucléaire sont des pistes à suivre, avec le plus... d'énergie.

Quant à la part que prendront encore les énergies fossiles, en 2050, elle dépendra de l'épuisement des ressources et du développement de la capture du carbone. Mettre en oeuvre cette technologie nouvelle pour une centrale électrique moderne permet de réduire les émissions de CO2 de 80 à 90% ! Les Etats doivent donc encourager fortement les efforts pour une plus grande efficacité énergétique ainsi que la recherche d'alternatives. Il existe des exemples de gains élevés en efficacité énergétique qui n'ont pas entraîné un coup de frein à la croissance de l'économie. Ainsi, à la fin des années 1970, le Danemark, qui dépendait entièrement des énergies fossiles est parvenu à geler sa consommation énergétique, sans entamer son expansion : le PIB a doublé depuis cette époque, avec une consommation d'énergie en très faible hausse.

L'ère actuelle de carburants à bas prix a été l'origine d'une faiblesse coupable de l'innovation. Cela ne peut durer. Même si les Etats sont peu enclins à peu investir, en cette période de disette budgétaire et de déficits massifs, les gouvernements doivent impérativement adopter une vision de long terme, se projeter sur les quarante années à venir, et procéder aux investissements nécessaires. Les chocs à répétition - pétrole... - provenant d'un système à bout de souffle inciteront sans doute les politiques à aller dans la bonne direction...

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