Pour un Grand Paris du stationnement

Par Yves Contassot, conseiller de Paris, président de la Saemes
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Les débats récents sur le métro express régional ou les aménagements des voies sur berges dans Paris l'ont montré : on ne peut plus considérer les déplacements ville par ville. Or, en matière de stationnement, il n'y a parfois même pas de cohérence au sein de chaque commune. Et encore moins à l'échelle francilienne. Il est pourtant admis que l'offre de stationnement constitue un facteur aggravant ou au contraire réducteur de la circulation automobile. Trouver facilement une place en fin de parcours est un encouragement à utiliser sa voiture. À l'inverse, la certitude de ne pouvoir se garer qu'avec moult difficultés poussera à utiliser les transports en commun. Aussi, toute mesure relative au stationnement à Paris va avoir une influence sur l'intensité d'usage de la voiture dans tout le coeur de l'agglomération. À cet égard, il serait temps qu'une approche globale et systémique soit enfin entreprise pour que la politique du stationnement repose sur une cohérence d'ensemble. Ce n'est pas simple, car les acteurs sont multiples, ils privilégient le chacun pour soi au détriment d'un jeu gagnant-gagnant collectif.

Des critères objectifs seraient nécessaires. Ainsi, le stationnement sur voirie est-il de fait quasiment gratuit, en raison du faible montant de l'amende pour non-paiement, qui ne permet pas de lui conférer un signal prix dissuasif. Il revient moins cher de payer une très éventuelle amende que d'acquitter sa place à chaque utilisation... Sa hausse annoncée sera insuffisante. C'est le statut pénal de l'amende qui limite la capacité à verbaliser les contrevenants. Seule la dépénalisation et le transfert aux collectivités locales de cette tâche redonneraient au paiement son attractivité. Constater que seuls 7 % des usagers paient leur stationnement et ne pas en tirer les conséquences, n'est plus acceptable. L'État repousse année après année cette évolution pourtant partagée unanimement par les élus locaux de toutes tendances.

En outre, la tarification ne saurait faire abstraction du prix de revient de l'espace occupé. Souvent, le prix du stationnement sur voirie ne repose sur aucun élément objectif. Le coût de la voirie (construction, nettoiement, réfection, signalisation, etc.) n'est pas pris en considération, contrairement à celui des parkings, qui doivent obligatoirement être amortis. Cette concurrence déloyale se traduit par un surencombrement de l'espace public, au détriment des parkings souterrains, très partiellement remplis, sauf là où il n'y a que peu de places en surface.

Quant au prix du stationnement résidentiel à Paris, il est caricatural. Il est au minimum cinq fois moins cher que le prix le plus bas qu'on puisse trouver dans un parking public. Conséquence : chacun préfère laisser sa voiture sur l'espace public plutôt que dans les ouvrages conçus pour cela, encombrant inutilement les rues. En ce qui concerne les deux roues motorisées, la politique menée est totalement incompréhensible pour la plupart des acteurs. Alors que le code de la route les assimile aux voitures, nous avons des situations particulièrement diverses. Ici ou là, le stationnement sur les trottoirs sera fortement verbalisé ou au contraire totalement toléré. Tel parking offrira de bas prix tandis que tel autre les fera payer au même prix que les voitures. Pourquoi le Préfet de police ne mène-t-il pas la même politique partout ? À l'heure du grand Paris, il n'est plus admissible de constater que le Stif s'occupe des transports en commun, que la Région élabore son PDU (plan de déplacements urbains) et que chaque commune détermine sa politique de stationnement. Il est urgent qu'une politique globale soit définie, au niveau de la métropole, par tous les acteurs.

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