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L'éditorial de François Roche conseiller éditorial de La Tribune
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En rétrogradant les États-Unis sur la deuxième marche du podium de la notation financière mondiale, les analystes de Standard & Poor's sanctionnent en réalité le processus démocratique américain. La façon dont les négociations se sont déroulées entre le Congrès et la Maison-Blanche sur la question du plafond de la dette publique des États-Unis n'a pas eu l'heur de leur convenir : trop long, trop compliqué, trop aléatoire, trop incertain... Cela vaut bien de provoquer une tempête planétaire. Jamais une agence de notation ne s'est impliquée aussi profondément dans le débat budgétaire et fiscal américain, à tel point que certains parlementaires commencent à s'en émouvoir publiquement. Les dirigeants de Standard & Poor's revendiquent un rôle d'analyse de la politique économique. Rien de plus normal lorsque l'on note de la dette publique. Ce qui est contestable, en revanche, c'est le fait de porter un jugement sur le fonctionnement de la démocratie américaine suffisamment négatif pour anticiper que les décisions prises sur la réduction de la dette publique entre la Maison-Blanche et le Congrès ne seront pas mises en oeuvre. Obama ne pouvait guère éviter le piège : pour éviter le défaut, il a négocié jusqu'au bout avec les républicains. Il a ainsi donné l'image d'un président hésitant et manquant d'autorité. On aurait aimé que les experts de Standard & Poor's intègrent dans leurs raisonnements, que le temps de la démocratie n'est pas celui des hedge funds et des marchés. Mais que c'est un temps qu'il faut protéger absolument. Et le raisonnement vaut aussi pour l'Union européenne. L'attitude de S&P, qui revient à noter, de façon totalement illégitime, le président de l'exécutif et les représentants du peuple d'une grande démocratie, porte en elle-même les dangers d'arrogance pour ceux qui notent et d'incompréhension des opinions publiques. Les États démocratiques n'ont pas que des défauts. Ils sont lents, parfois divisés, souvent versatiles, mais c'est ce que l'on a trouvé de mieux pour faire vivre et prospérer le monde. Petit détail amusant puisque nous sommes sur le chapitre de la gouvernance : parmi les pays AAA figurent le Liechtenstein, l'île de Man ou Guernesey... Apparemment, le paradis fiscal est mieux coté par les parangons de la rigueur budgétaire...

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