Les politiques doivent punir les marchés

Par Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.
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Le vent serait-il en train de tourner favorablement pour la crise de la dette en Europe ? Ce jeudi, le Parlement allemand devrait avaliser l'accord européen du 21 juillet destiné à sauver la Grèce. Ce vote débloquera très rapidement, d'ici à la mi-octobre, celui des autres pays encore réticents. Ce simple espoir a déjà provoqué un retournement à la hausse du cours des banques...

Mais à Paris et à Bruxelles, on semble convaincu de la nécessité d'aller encore plus loin que l'accord de juillet. L'idée serait de doper le Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour en faire un véritable Fonds monétaire européen, assez gros pour couvrir, au-delà de la Grèce, du Portugal et de l'Irlande, les dettes italienne et espagnole. On envisage donc d'autoriser ce fonds à recourir à l'effet de levier en empruntant, auprès du FMI ou de la BCE, de façon à démultiplier sa force de frappe, à l'image du Tarp mis en place par les Etats-Unis lors de la crise des subprimes. Mais cette idée peu orthodoxe de transformer le FESF en banque ayant accès au guichet de la BCE hérisse le poil du gouvernement allemand.

Celui-ci, comme le révèle La Tribune, travaille en secret sur une autre hypothèse, consistant à "cantonner" la dette grecque dans un fonds de défaisance, avec pour contrepartie des actifs grecs. En fixant un horizon long (2025), on couperait court aux attaques spéculatives rendues inopérantes. L'un des avantages de ce scénario allemand est qu'il permettrait, sans menacer le triple A des pays vertueux, de  punir  les marchés. En septembre 1992, George Soros, le financier américano-hongrois patron du "hedge fund" Quantum, avait gagné une fortune en pariant contre la livre sterling. Un an plus tard, son attaque contre le franc avait été déjouée et il avait tout reperdu ! A l'image de la crise du SME de 1993, il est crucial que, dans la fenêtre de tir qui s'ouvre d'ici au G20 de novembre, les politiques fassent assez mal aux spéculateurs pour que ceux-ci y regardent à deux fois avant de reprendre l'Europe pour cible... 

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Commentaires 2
à écrit le 28/09/2011 à 18:15
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Le probleme de cette brillante analyse est que Mabille semble ignorer la cause du probleme. La cause etant que la Grece est en faillite. Et blamer les marches et les speculateurs est puerile.Et les autres PIGS sont dans la meme situation. Les politi...

à écrit le 28/09/2011 à 16:42
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Il faut prendre les marchés à contre pied en détruisant les positions spéculatives par des solutions qui vident les positions de leur sens. Les marchés de futurs sont fragiles, les déstabiliser est possible, et avec des effets de levier cela ne coùte...

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