Le Cameroun compte sur la CAN féminine qu'il accueille pour stimuler son économie

Pour accueillir la Coupe d'Afrique [féminine de football] des Nations (CAN), le Cameroun a relevé le défi et s'est lancé dans un vaste chantier de construction ou de rénovation de stades et d'équipements sportifs, doublé d'un gigantesque programme de remise à niveau des infrastructures routières et hôtelières... Si l'amour du football est ici très fort, on n'en est pas moins pragmatique, et l'on espère que la compétition stimulera l'économie du pays.
Le Palais des Sports de Yaoundé se met en scène pour l'ouverture de la CAN.

Quand on connaît l'engouement de l'Afrique - et du Cameroun en particulier - pour le football, on se dit que la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) qui s'ouvre par un gigantesque concert ce 18 novembre (avec Charlotte Dipanda et Richard Kings) au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, en prélude au match d'ouverture Cameroun-Egypte du lendemain, va constituer un formidable événement. Même si ce sont les filles qui jouent et disputent cette année la CAN.

Quarante-quatre ans que le Cameroun attend la CAN !

Emmenées par leur capitaine Christine Mani, les « Lionnes indomptables » du Cameroun veulent créer la surprise, ramener la Coupe et donner l'exemple aux garçons, héritiers des Roger Milla et autres Samuel Eto'o, qui sont de véritables légendes en Afrique.

« Réussir à organiser la CAN, c'est pour nous la concrétisation d'un rêve car le Cameroun n'a pas organisé cette compétition depuis 44 ans ! », souligne ainsi le ministre des Sports et de l'Éducation physique, Pierre Bidoung Mkpatt, relayé par le Premier ministre Philémon Yang lui-même, qui n'a cessé au fil des mois, de superviser les différents chantiers. Que ce soit celui du complexe multisport d'Olembé (à Yaoundé) avec un stade de 60 000 places pour un montant de 139 milliards de francs CFA (soit 211 millions d'euros) comme dans la cité balnéaire de Limbé (près de Douala), où un stade de 20 000 places vient tout juste d'être achevé et homologué par la Confédération africaine de football.

« Nous serons prêts », affirmaient il y a peu les responsables, bien conscients que le pays s'était lancé dans un vaste chantier de construction ou de rénovation de stades et d'équipements sportifs, doublé d'un gigantesque programme de remise à niveau des infrastructures routières et hôtelières... pour accueillir ces huit équipes de la phase finale de la compétition et - bien sûr - tous leurs supporters africains.

Un véritable challenge qui doit aussi relancer et donner un coup de fouet à l'économie du pays dans de nombreux secteurs trop délaissés depuis plusieurs années. Et dont les autorités camerounaises escomptent d'importantes retombées économiques pour de nombreux métiers dans les transports, l'hôtellerie, la restauration, le tourisme, etc.

Une aubaine pour le BTP et pour les produits dérivés

Faisant suite au Forum international « Investir au Cameroun », s'étant déroulé au mois de mai à Yaoundé, ce grand pays d'Afrique centrale de 23 millions d'habitants semble s'être lancé à corps perdu dans cette nouvelle aventure qui mobilise toutes les énergies et semble démultiplier les ardeurs et les initiatives. Car celles-ci vont aussi bien du petit commerçant de proximité aux grandes groupes qui voient tout le profit qu'ils peuvent retirer de quinze jours de compétition qui vont se dérouler aux quatre coins du pays et soulever l'enthousiasme et les passions.

Et pour peu que les « Lionnes » - qui ont été trois fois finalistes et vice-championnes d'Afrique en 1991, 2004 et 2014 où la victoire leur a échappé de peu face au Nigeria - se qualifient à nouveau pour la finale et décrochent cette fois-ci la Coupe, c'est tout un pays qui va éclater de joie et chavirer dans l'euphorie !

Économiquement, tout cela a bien sûr un coût encore difficile à chiffrer avec précision, même si l'organisation proprement dite de la compétition a été limitée à 5 milliards de francs CFA « en raison de la situation économique difficile du pays ». Le budget prévu constitue néanmoins une bouffée d'oxygène pour nombre d'entreprises des BTP chargée de la construction  des insfrastructures.

Le foot draine une véritable manne financière qui est encore bien difficile à évaluer car quinze jours de compétition, de matches et de fêtes, ce sont des dizaines de milliers de supporters qui vont s'arracher tee-shirts et maillots, casquettes et écharpes aux couleurs des différentes équipes... Sans parler de Lili la Mascotte - conçue par un jeune artiste de 28 ans, Franck Martial Wamba, qui a remporté le concours - et de tous les produits dérivés.

Depuis plusieurs semaines, s'écoulent ainsi des milliers de CD avec l'hymne officiel de la CAN imaginé par Romeo Dika, qui est à la fois chanteur et producteur, et interprété par deux artistes de renom : Charlotte Dipanda en français et Richard Kings en anglais, puisque le Cameroun a la particularité d'être un pays réellement bilingue.

Une première marche vers l'objectif émergence à l'Horizon 2030

« Grâce à un tel événement et à la ferveur populaire qui l'accompagne, la vie économique peut connaître une véritable reprise qui sera profitable à tous. C'est pourquoi chaque détail compte dans l'organisation », observe Chantal Manda, directrice adjointe de la CAN 2016 qui, jusqu'au bout, aura fait le maximum pour que tout puisse se dérouler dans les meilleures conditions.

Un véritable challenge qui - dans l'esprit des autorités - constitue en quelque sorte la première marche sur la route de l'émergence fixée à l'horizon 2030 tant il est vrai qu'il n'y a rien de tel que le sport pour galvaniser un pays, lui redonner le moral et décupler ses forces.

« C'est une manière de faire oublier les massacres de Boko Haram »

« Nous le vivons ainsi », reconnaît Evelyne Owona, la présentatrice vedette de la Télévision nationale, en parlant d'un « formidable coup d'accélérateur » pour le pays qui doit bien entendu organiser tout cela dans les meilleurs conditions d'accueil, de transport et de sécurité. Une exigence incontournable. « C'est une manière aussi, ajoute-t-elle, de tourner le page et de faire oublier - si possible - les massacres de Boko Haram », l'organisation islamiste qui mène une véritable guerre au Nigeria voisin et est encore active dans l'extrême Nord du pays.

« Notre objectif et notre ambition sont bien entendu de donner une nouvelle image du pays pour attirer touristes et investisseurs, assure le ministre du Tourisme, Maïgari Bello Bouba. Notre pays est prêt pour ce premier rendez-vous, mais nous allons continuer à améliorer notre offre pour mieux nous préparer dans la perspective de la CAN 2019 », pour laquelle cinq villes ont été choisies et deux autres stades seront construits à Bafoussam et à Garoua. Car cette CAN féminine ne constitue qu'une première étape.

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