Loi Macron : Bercy… pour ce moment !

La loi Macron vue par Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune.
Le projet de loi Macron nous promet un débat à couteaux tirés, quand le texte arrivera devant le Parlement, à partir du 22 janvier prochain

La loi Macron « pour l'activité et l'égalité des chances économiques » fait beaucoup de bruit et c'est tant mieux car c'est exactement le but recherché. Faire passer si possible bruyamment, le message, à Bruxelles, aux marchés, aux Français, que la France se réforme enfin ! Même si c'est à petits pas et à petites touches... Il suffit de voir combien ce texte provoque de hurlements, à gauche, qui trouve que c'est trop, à droite, qui trouve que ce n'est pas assez, ou bien chez les professionnels concernés qui crient au crime contre les professions réglementés, pour trouver immédiatement cet Emmanuel Macron bien sympathique.

Voilà un homme qui, propulsé à la tête d'un ministère de l'économie, cherche, en desserrant un écrou ici, en faisant tourner un levier là, à libérer l'économie, à stimuler l'investissement et à développer l'emploi. Non mais rendez-vous compte, mais quel scandale ! Le travail le dimanche, « une régression sociale » que combattra Martine Aubry, « au plan national comme dans (sa) ville »... Passer de 5 à 12 dimanche travaillés par an dans les zones touristiques, sur proposition du maire, avec une compensation salariale obligatoire, Macron lui, y voit « une avancée sociale ». Il est soutenu sur ce point par 6 Français sur 10. Mais la vérité oblige à souligner qu'ils sont tout aussi nombreux à ne pas vouloir travailler le dimanche !

La France à l'heure de la réforme..

Alors donc, il faut le faire taire, ce « banquier », entend-on dans les rangs de la gauche frondeuse, qui a déjà préparé son contre-projet. Quoi Macron, c'est tout ce dont il est capable, le jeune prodige de la finance, se plaint-on à droite. Et voilà l'UMP qui brocarde la mollesse de la loi concoctée par le zélé rapporteur de la commission Attali commanditée par Nicolas Sarkozy, dont les propositions ont été vigoureusement et systématiquement enterrées par la droite au pouvoir à l'époque. Pour la droite, le changement, ce n'est pas maintenant !

Tout cela nous promet un débat à couteaux tirés, quand le texte arrivera devant le Parlement, à partir du 22 janvier prochain, avec une belle bataille d'amendements sur la centaine d'articles que compte le texte. Travail du dimanche assoupli, lutte contre la rente indue de certaines professions réglementées (notaires, professions du droit), justice prud'homale professionnalisée, transport par autocar pour concurrencer le train... Pendant quelques mois, la France vivra à l'heure de la réforme, de la micro-réforme, certes, mais de la réforme quand même.

...ou d'une illusion de réforme ?

La gauche menacera de ne pas accorder de majorité à ce texte « libéral », et obtiendra quelques aménagements visibles. Pour éviter de « changer de société » comme le dénonce la maire de Lille, pour contourner l'opposition de celle de Paris, on transigera à 6 ou 7 dimanches, peut-être 8, au lieu de 12 et on encadrera la mesure pour la rendre la moins efficace possible, afin de démontrer que cela ne marche pas, que ce que l'on consomme le dimanche, on ne le consommera pas le mercredi. Et tant pis pour les touristes chinois.

A droite, au contraire, on jouera la surenchère, en réclamant des mesures plus radicales, par exemple la fin des 35 heures auxquelles, lorsqu'elle a été au responsabilités, de 2002 à 2012, elle n'a surtout pas voulu toucher. Les professions du droit, qui manifestaient encore cette semaine leur opposition au texte, pèseront, en coulisse, pour déshabiller encore un peu plus un texte déjà très en-deçà de ce qui serait nécessaire pour ouvrir ces métiers à la concurrence.

Bref, au cours de l'hiver et jusqu'au printemps, la France vivra un moment de grâce, pendant lequel tout ce bruit politico-médiatique créera l'illusion d'un instant de réformes. Le gentil gouvernement Valls dira à Mr Bruxelles : « vous voyez bien que j'essaie de réformer ». Mr Bruxelles répondra alors : « c'est bien Mme la France, de faire des efforts. Tenez bon, et pour vous aider, on ne va trop vous embêter avec vos déficits ». Finalement, tout ce bruit et cette fureur arrangeront bien François Hollande, qui passera pour un président courageux, entravé par un pays décidément réfractaire aux réformes. Et puis fragile, si fragile. Il ne faut trop le bousculer, il pourrait se réveiller, le mort... Et à la fin, une fois le texte ou ce qu'il en restera adopté, on pourra remercier Emmanuel Macron : « Bercy pour ce moment ». Et bon dimanche !

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Commentaires 25
à écrit le 11/12/2014 à 14:24
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Il a accouche d'une toute petite souris et on en fait tout un fromage !

à écrit le 11/12/2014 à 12:26
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"Et voilà l'UMP qui brocarde la mollesse de la loi concoctée par le zélé rapporteur de la commission Attali commanditée par Nicolas Sarkozy, dont les propositions ont été vigoureusement et systématiquement enterrées par la droite au pouvoir à l'époqu...

à écrit le 11/12/2014 à 12:13
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Les pays en avance économiquement (Allemagne, Suisse) travaillent le dimanche et n'ont pas de notaires? C'est ça qui fait leur compétitivité?

à écrit le 11/12/2014 à 10:58
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Donc, conclusion : Construction d'une usine à gaz pour des miettes, tant de dépenses pour si peu ? Combien de "rapporteurs" etc ont étaient rémunérés pour ça ? Objectivement, la rémunération (x avantages inclus) de nos élus sont supérieur aux prof...

à écrit le 11/12/2014 à 10:42
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Il faudrait que les français aient un sursaut et cessent de critiquer toutes les réformes. Le gouvernement actuel essaye de faire ce que les précédents n’ont jamais accomplis. Reconnaissons-le. Si on soutenait ces réformes, on n’arriverait pas à ce ...

le 11/12/2014 à 11:11
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réformes ? Quelles réformes faites réellement pour simplifier la vie des Français et augmenter leur pouvoir d'achat ? A part du bricolage, rien

le 11/12/2014 à 23:28
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Si vous lisez bien mes propos, vous comprendrez que les réformes dont je parle se terminent en demi-mesure parce qu’elles n’ont pas le soutien nécessaire. Le gouvernement est contraint d’arriver à des compromis qui font que les réformes sont vidées d...

à écrit le 11/12/2014 à 9:59
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Du vent, du " pipo " ! A quand de véritables personnalités politiques et partant une politique digne de ce nom ?

à écrit le 11/12/2014 à 9:30
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il a une drôle tête ce faux premier de la classe.

à écrit le 11/12/2014 à 9:16
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Bonne analyse Prises une par une, on se dit que ces petites mesurettes "vont dans le bon sens" selon l'expression à la mode. Mais franchement, tout ça pour ça... Du Hollande pur sucre: changer quelques bricoles à la marge pour surtout éviter de fair...

à écrit le 11/12/2014 à 8:37
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C'est la loi micro Quelques bricolages Sur le fond ça changera rien 2 ans et demi de Hollande et on. Accouche de ca ?? Les français parleront aux printemps Et les socialos vont encore plongé L'UMP n'est pas meilleur évidemment

le 11/12/2014 à 8:43
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vous avez l’œil, et il y a bien une faute de frappe dans le titre. Il fallait lire :"la loi MICRON"

à écrit le 11/12/2014 à 8:06
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Que de vent ....... Si déjà l état arrêtait de demander aux entreprise de remplir statistiques et déclarations (dares, etc...,etc....) et faire de la vrai valeur ajoutée à ses fonctionnaires (mission d accompagnement à l expension, plutôt que mission...

à écrit le 11/12/2014 à 5:17
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Pour une fois qu'une loi avance courageusement pour moderniser - même un peu - la France (mais excusez du peu parcs que c'est plus que Chirac et Sarko réunis en 10 ans d'incurie) on va la retoquer au prétexte que too small too late? Non, c'est vr...

le 11/12/2014 à 9:27
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vous devez en croquer avec votre parti de bobos de gauche dit 13 %

le 11/12/2014 à 10:05
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En quoi cette loi avance - t - elle ? On va créer des millions d'emplois en "bousculant les professions reglementées " Il n'y aura de mesures bonnes que celles qui favoriseront l'nvestissement ... industriel ( désolé c 'est encore un gros mot dansc...

à écrit le 11/12/2014 à 4:18
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texte captant bien l esprit de ce qui se déroule . une mascarade de plus au pays de la politique politicienne . pauvre pays , comment un pays si brillant peut il avoir une classe politique aussi médiocre? comment est ce possible ? d ou ca vient ?

le 11/12/2014 à 9:00
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cette médiocrité vient de l'énarquie infantilisante à souhait.

le 11/12/2014 à 10:27
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Le problème de la médiocrité de la classe politique est que personne d’autres ne se présente aux élections. Qu’attendez-vous pour être candidat ? Et que la droite critique ce que fait la gauche alors que lorsqu’elle était au pouvoir elle n’a jamais ...

à écrit le 11/12/2014 à 1:05
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Tres bon article Vous oubliez juste de dire qu'au printemps il y aura des élections Et je vous promets que la gauche Va prendre encre une bonne raclée Les français voient tres bien que ce petit bricolage n'est pas à la hauteur de la situation ...

à écrit le 10/12/2014 à 23:07
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C'est une sorte de macronéconomie du songe d'été d'Athalie d'après un certain Racine revu par Attali puis Montebourde.

à écrit le 10/12/2014 à 21:04
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J'en viendrai meme à virer la mienne (de droite) avec ce jeune homme. S'il pouvait seulement faire ce qu'il dit qu'il fera... Les éléphants du PS (Aubry et consorts) peuvent aller rejoindre Melenchon: la France créve de leur immobilisme et entetement...

le 11/12/2014 à 9:28
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vous devriez d'abord vous remettre en cause, ça nous fera un peu d'air frais.

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