Je ne voudrais pas être ministre des comptes

Lourde semaine pour Eric Woerth. Le ministre des comptes présente mercredi le budget 2010 pour l'Etat, jeudi, celui pour la Sécu. François Fillon a levé le voile, hier. La dette de l'Etat va continuer à augmenter. Difficile semaine pour Eric Woerth...

Oui, rappelez vous, la dette publique, il n'y a pas si longtemps, c'était l'HORREUR.

Un rapport, le fameux rapport Pébereau, en 2005, avait fait l'unanimité. La dette publique, c'était faire payer à nos enfants, voire nos petits-enfants nos dépenses d'aujourd'hui. C'était immoral donc.

C'était ensuite plomber les comptes de l'Etat, ses marges de manœuvre aussi. On dépensait plus déjà, en 2005, pour rembourser la dette que pour nos écoles ou notre armée. C'était enfin, en détournant l'épargne au profit du seul Etat, le meilleur moyen pour asphyxier l'économie. Laisser déraper la dette, c'était sortir des clous européens, c'était une gestion malsaine de nos affaires, c'était un frein à la croissance.

Eh bien, aujourd'hui, la dette publique, plus personne ne s'en inquiète. Avec l'accumulation des déficits, elle explose. A l'époque du rapport Pébereau, un Français, à la naissance, devait déjà rembourser 18.000 euros. On est en train de passer à 25.000...

C'est la crise. Le déficit, c'est le prix de la relance, la dette sa conséquence naturelle...

Oui, bien sûr. En ce moment, face à la crise, tous les pays pratiquent massivement le déficit. Ils dépensent de l'argent qu'ils n'ont pas. Tous acceptent une augmentation de leur dette. Dans ce domaine, la France était un mauvais élève. Elle a été rejointe par la plupart des autres pays.

Cela étant, la situation de nos finances publiques devient quand même vraiment préoccupante.

Regardez, c'est stupéfiant : en 2009, l'Etat n'a pu financer, avec ses recettes de l'année, que la moitié de ses dépenses. Le reste, il a dû les financer à crédit. On n'a jamais vu cela. La dette, qui représentait 60% du Pib à l'époque du rapport Pébereau s'envole gaiement vers les 80% !


Pour l'an prochain, François Fillon annonce quand même une réduction du déficit ?

Oui, du déficit de l'Etat. Il veut le ramener de 140 à 115 milliards. Ok. Un bel effort. Rappelons quand même qu'il avait prévu, pour 2009, un déficit de 50 milliards, il sera de 140 ! Et puis surtout, n'oublions pas le « grand emprunt ». C'est quoi le grand emprunt ? C'est bien sûr plein de bonnes idées, d'investissements porteurs d'avenir. C'est surtout un nouvel alourdissement de la dette publique. En fait, le grand emprunt, c'est ce que l'on appelait autrefois de la débudgétisation : pour réduire le déficit affiché, on sort du budget certaines dépenses. Ca présente mieux, ça alourdit quand même au bout de course la dette.

« Quand il y a le feu à la maison, on ne regarde pas la facture d'eau », disait hier Patrick Devedjan, le ministre de la relance. Le problème, c'est que la facture, sauf à attendre qu'elle brûle avec le reste, on finit toujours, tôt ou tard, par devoir la payer.

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