Prudence, Prud'homes

Progression de la CGT et de Solidaires, recul de la CFDT et de FO. Les prud'homales d'hier ont surtout été marquées, Erik Izraelewicz, par une très faible participation ?

Oui, un bide, un échec total, ces élections prud'homales ! Une claque pour tout le monde, les syndicats, le gouvernement, la démocratie sociale aussi.

19 millions de salariés étaient appelés, hier, à choisir leurs représentants dans les conseils des prud'hommes, ces juges du travail. Eh bien, à peine un salarié du privé sur quatre a voté. Une abstention record ! On n'avait jamais vu cela. En 79, deux salariés sur trois avaient voté. En 2002, un sur trois.

Alors, bien sûr, il y a eu beaucoup de problèmes d'organisation. Rares étaient les salariés qui ont pu voter dans leur entreprise. A Paris, on pouvait voter par Internet - mais jusqu'au 27 novembre seulement pour un scrutin annoncé pour le 3 décembre. Tout cela n'explique par cette abstention record.

Le chômage, les licenciements, le pouvoir d'achat, tout cela aurait pu contribuer à mobiliser les salariés ?

Oui, les salariés avaient, et c'est rare, l'occasion d'exprimer leurs inquiétudes, leur mécontentement. Les syndicats n'ont pas manqué de le marteler. Ils n'ont pas saisi l'occasion. Les plus revendicatifs, la CGT et Solidaires en particulier, en ont quand même un peu bénéficié - aux dépens des plus modérés, des plus ambigus aussi parfois, la CFDT et FO notamment qui reculent.

Cela étant, le résultat n'est bon pour personne. Même pas pour la CGT. Bernard Thibault, le patron de la CGT, se réjouit ce matin de la bonne performance de son organisation : 34% des voix, 1,7 point de plus qu'en 2002. La CGT a quand même, au total, réuni moins d'électeurs cette fois-ci qu'il y a six ans !

Les salariés ont donc boudé ces élections. Après l'échec des dernières grandes mobilisations syndicales, c'est une nouvelle illustration du divorce qui existe, qui s'aggrave même entre les syndicats et les salariés.

Un échec pour le gouvernement aussi ?

Oui, d'abord, c'est lui qui avait en charge l'organisation de ces élections - sur le plan logistique. Xavier Bertrand, le ministre, avait insisté sur l'importance qu'il accordait à ce vote. Il devait être l'un des éléments permettant d'apprécier la représentativité des syndicats. Le gouvernement souhaitait à cette occasion une clarification du paysage syndical, une simplification, des syndicats moins nombreux mais plus forts. Eh bien, là aussi, c'est raté. L'émiettement, la division, la radicalisation se poursuivent. Le gouvernement n'a toujours pas, en face de lui, du côté des salariés du privé, de véritables forces de proposition représentatives.

Une élection boudée, il n'y a pas de quoi s'inquiéter quand même ?

Si, il y a de quoi s'inquiéter. Si les salariés ne se retrouvent pas dans leurs syndicats, le risque, c'est qu'ils aillent chercher ailleurs leur salut : dans la désespérance ou dans la radicalisation. Il n'est pas sûr que ce soit préférable, ni pour les syndicats actuels, ni pour le gouvernement, ni pour l'économie dans son ensemble.

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