Interview : Martin Schulz (PSE) remet Dany à sa place et dit "non" à Barroso

Alors qu'Angela Merkel et Nicolas Sarkozy viennent conjointement de manifester leur soutien à José Manuel Barroso, les socialistes européens ont appelé les Vingt-Sept à ne pas reconduire José Manuel Barroso dès le sommet des 17 et 18 juin. "Toute tentative qui précipiterait une décision ne pourrait conduire qu'au rejet par notre groupe", dit le PSE. Ce délai pourrait arranger tout ce petit monde qui préfère garder le Portugais sous pression jusqu'à la mise en oeuvre du traité de Lisbonne, et                      - accessoirement - les Allemands aimeraient attendre aussi leurs législatives de septembre pour savoir quel parti aura le siège allemand de la Commission.

Entretien avec le patron des socialistes au Parlement européen, Martin Schulz.

Daniel Cohn Bendit, sur la lancée de ses bons résultats en France, cherche à créer avec les Verts un front anti-Barroso au Parlement européen. Est-ce qu'il pourrait compter sur les socialistes ?

Daniel Cohn-Bendit, c'est quelqu'un qui est un peu gonflé. Les 50 députés du Parlement qu'il a, s'il a tous les députés derrière lui - chose dont je doute... représentent 7%. Si quelqu'un est capable de dire "non" à Barroso, c'est le groupe socialiste. On n'a pas besoin de Cohn-Bendit pour créer des majorités au Parlement européen contre Barroso. Moi je dis déjà depuis longtemps que le groupe socialiste ne soutient pas Monsieur Barroso.

Vous dites vraiment "non" à Barroso ou juste "pas tout de suite" ?

Il faut faire une distinction entre deux choses. D'abord il y a un aspect institutionnel : il faut que le Conseil respecte les droits du Parlement. Ca n'a rien à faire avec Monsieur Barroso. C'est une question de principe. Peut-être y a-t-il un autre candidat. Si je comprends bien, Merkel et Sarkozy ils n'aiment pas beaucoup Monsieur Barroso. Donc pour moi c'est d'abord une question institutionnelle.

Que Monsieur Barroso soit proposé c'est une question institutionnelle et politique. Et donc il y a deux raisons de dire non : une raison institutionnelle parce que le Parlement ne serait pas respecté et une raison politique : Barroso certainement ne représente en aucune manière la politique que nous souhaitons à la tête de la Commission.

Ce matin M. Sarkozy et Mme Merkel ont donné leur soutien à Barroso en échange d'un programme. Etes-vous d'accord avec ça : faut-il se battre avec un programme pour être président de la Commission européenne ?

D'abord il faut lire soigneusement : les deux ont dit "si le Parlement est d'accord". Merkel et Sarkozy savent mieux que lui qu'il faut avoir l'aval du Parlement pour négocier et débattre de tout cela au mois de juillet. Mais c'est impossible parce que le Parlement se constitue le 14 juillet et donc le Conseil ne peut pas agir le 18 juin. Donc il faut reporter cette décision.

Le programme de M. Barroso nous le connaissons : c'est le programme de radicalisme du marché des 5 dernières années. Au-delà c'est un primus interpares, et je ne parle pas comme Daniel Cohn-Bendit uniquement de M. Barroso, l'Europe n'est pas à réduire à ce Monsieur, je parle de Neelie Kroes par exemple, de Mc Creevy par exemple. Toute cette enceinte des radicaux du marché qui nous ont posé beaucoup de problèmes.

Donc non à Barroso, ça c'est clair pour nous et au-delà, on va discuter de l'ensemble des commissaires, du collège et du programme que ce collège va nous présenter pendant les hearings du Parlement . Ca veut dire, de nouveau, qu'on a besoin de temps, donc ma recommandation au Conseil c'est de ne pas prendre de décision au mois de juin.

Y.-A.N.

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