Après Alstom, l'Etat doit aller plus loin !

Lettre ouverte aux ministres qui nous gouvernent. Par Pierre Bentata, chercheur en économie à l'Université Panthéon Assas

Mesdames, Messieurs du Gouvernement,

 Je tiens à vous faire part de mon soutien le plus total dans votre entreprise pour sauver Alstom et en ma qualité d'économiste je dois avouer que vous m'avez surpris par la finesse de votre analyse de la situation. En effet, Alstom va mal. Ne trouvant suffisamment de débouchés, des emplois sont menacés de délocalisation sinon de destruction. Et il va sans dire que c'est la faute du marché et de la terrible concurrence...

Or, quand le marché fait défaut et ne sait servir l'intérêt des entreprises, l'Etat est légitime pour intervenir et consommer ce que les consommateurs, trop satisfaits par l'offre actuelle, ne veulent pas acheter en surplus. Alstom doit produire plus de trains, c'est donc à l'Etat de les acheter ! Votre logique est imparable et le modeste économiste que je suis ne peut que s'en féliciter. Pour autant, il me semble que l'on pourrait aller plus loin pour mettre à profit votre stratégie sans faille.

Étendre l'intervention de l'État

Beaucoup d'entreprises voudraient produire plus et embaucher davantage. Nombre d'entreprises sont aujourd'hui en difficulté. L'intervention de l'Etat doit donc s'étendre. Achetez de l'acier car le secteur et moribond. Achetez des vêtements français pour sauver l'industrie textile du piège de la concurrence internationale. Achetez des voitures, peu importe leur qualité, car toute demande supplémentaire sauvera des emplois.

Et n'ayez pas peur. Osez mettre à exécution votre stratégie dans sa cohérence absolue. Sauvez toutes les industries en danger, sans prêter l'oreille aux attentes des consommateurs. Après tout, c'est de leur faute si les trains ne se vendent pas ; qu'ils voyagent davantage et les problèmes disparaîtront. Étant responsables de la situation, ils n'ont pas voix au chapitre.

Sauver tous les secteurs

Que l'on sauve donc tous les secteurs même ceux qui n'ont pas de valeur aux yeux des consommateurs égoïstes. Il en va de l'intérêt de la nation ! A bien y regarder, les consommateurs n'accordent de la valeur qu'aux biens qu'ils jugent utiles et ils provoquent la faillite des industries qu'ils jugent inutiles. Tout le problème est là. Or, comme vous le démontrez, une entreprise peut créer de la valeur en produisant des biens inutiles si l'Etat les achète. Achetez donc !

Achetez davantage de nourriture, les agriculteurs seront sauvés. Et des taxis, et des hôtels, même des minitels ! Et s'il advient que ces achats demeurent insuffisants pour sauver l'industrie française, achetez les entreprises elles-mêmes afin de les soustraire au jugement indigne des consommateurs. De cette manière, nous aurons de l'emploi et des biens en abondance. Et ces emplois inutiles et ces biens sans valeur pourront toujours servir faire de l'Elysée un Eden de l'abondance et de la gratuité des produits oubliés de chacun car inutiles à tous. Le tableau est enchanteur. Des trains roulant au pas, régulés par des minitels en acier. Et pour unique prix, une légère hausse des taxes, nécessaires aux achats publics, mais ce n'est rien. Les consommateurs comprendront bientôt leur erreur et plébisciteront votre sagacité.

Continuez, le chemin que vous tracez nous promet un avenir radieux.

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Commentaires 3
à écrit le 06/10/2016 à 22:05
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Bravo!

à écrit le 05/10/2016 à 16:46
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L'Etat achète des TGV qui roulent à 335 Km/h pour les faire circuler sur des lignes normales à 200 Km/h... Quelle aberration, quel état de faillite chez les socialistes...

à écrit le 05/10/2016 à 14:25
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Pour les taxis, certains s'y sont déjà essayés. Mais on peut aussi anticiper: les tgv sur les lignes qui seront peut-être un jour à grande vitesse, les motrices du Lyon -Turin pour la construction duquel Europe, états (france -italie) et surtaxés des...

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