Comprendre les mécanismes de l’économie du partage

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, comprendre les mécanismes de l’économie du partage
Xerfi Canal présente l'analyse d'Aurélien Duthoit, directeur des synthèses, Precepta

Quelles sont les frontières exactes de l'économie du partage ? La confusion et le chevauchement des expressions telles que économie collaborative, économie du partage, consommation collaborative et parfois même économie circulaire sont déjà révélateurs de la difficulté à appréhender l'ampleur du phénomène.

Les succès des sites de partage de voiture, de logement, d'outillage et même de temps libre ou de compétences montrent toutefois que ces pratiques connaissent un réel essor. Voyons quelques-uns des ressorts économiques qui déterminent le potentiel des offres basées sur le partage.

Exploitation des actifs sous-exploités pour un prix accessible

Premier critère, la possibilité de tirer un rendement maximal d'actifs considérés comme sous-exploités, qu'il s'agisse d'une voiture, d'un appartement ou de vêtements remisés au grenier. Toutes les études montrent que c'est bien la satisfaction d'un intérêt personnel, comprenez la possibilité de rentabiliser un actif ou d'en bénéficier de l'usage à moindre coût, qui est le premier moteur des adaptes des pratiques de partage. Le rôle de la technologie a été décisif dans l'alimentation de cet intérêt, car elle a permis d'améliorer grandement l'information disponible sur l'offre existante et la demande potentielle. Pour le dire un mot, l'amélioration de l'information a créé des marchés.

Deuxième critère, l'abaissement du ticket permettant l'accès au service ou au produit. Les biens d'occasions sont meilleur marché, le co-voiturage est souvent la solution la moins coûteuse pour des trajets d'une certaine distance et dormir chez l'habitant permet d'accéder à des solutions d'hébergement soit bien plus chères, soient tout simplement sans équivalent dans l'hôtellerie traditionnelle. Plus l'accès conventionnel au service et au produit implique une forte mise de fonds initiale, plus le modèle du partage peut représenter une alternative crédible.

Le coût et la fréquence

Troisième critère, la réduction des coûts de transaction liés au service ou au produit. Largement permise par la technologie, elle joue un rôle parfois très important dans l'essor des pratiques de partage. Pensez par exemple aux services de partage d'espaces de bureaux qui connaissent une popularité croissante dans les zones où le marché immobilier est tendu. Entre un bail contraignant et des mensualités élevées ou un simple contrat permettant de partager temporairement un espace libre, la question est vite tranchée pour une start-up.

Dernier critère enfin, la fréquence de l'utilisation du produit ou du service en question. Si elle élevée, alors il est plus probable qu'un achat ou un contrat de service classique offrirait un meilleur rendement et une solution plus adaptée à une utilisation intensive et exigeante. Ceci suppose toutefois de disposer des moyens financiers permettant l'accès au modèle classique basé sur la propriété.

Disruption des acteurs en place

A bien considérer ces critères, on comprend que le potentiel de l'économie du partage est très vaste et qu'il s'agit d'un facteur majeur de déstabilisation de très nombreux marchés. Pas étonnant alors qu'Ikea tente de s'immiscer sur le marché de seconde main de ses meubles, que les constructeurs automobiles parlent de plus en plus solutions de mobilité plutôt que véhicule... et que bien des acteurs en place jouent de toute leur influence pour en ralentir la progression.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaire 1
à écrit le 27/08/2015 à 10:39
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On utilise de "grand mot" pour dire "par l'intermédiaire de petites annonces"!

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