COP21 : des promesses... ou du vent ?

Les calculs officiels de réduction des émissions de carbone, sur la base des promesses des États, sont fantaisistes. Les promesses cumulées réduiraient les émissions de 33 giga tonnes par an. Il faudrait 100 fois plus... Par Bjorn Lomborg, directeur du Copenhagen Consensus Center et professeur adjoint au Copenhagen Business School. Bjorn Lomborg commente chaque jour l'actualité de la COP21 pour La Tribune

A l'heure actuelle, les négociateurs et les activistes tablent de plus en plus sérieusement sur la perspective de finaliser une entente sur la réduction des émissions de carbone ici, à Paris. Il ne fait aucun doute que s'ils réussissent, l'enthousiasme prévaudra autour du  « succès » dans les 7 jours qui suivront. Il cachera cependant une vérité plutôt dérangeante : même si ce sommet aboutirait à un succès, n'importe quel accord négocié à Paris ne sera pas en mesure de freiner substantiellement le réchauffement climatique.

 A travers une recherche validée par des pairs, je me suis récemment penché sur les promesses de réduction d'émission de carbone engagées avant la COP21 (leur soi-disant « Contributions prévues, déterminées au niveau national » ou CPDN) pour la période 2016-2030. Ces contributions serviront de base au traité (avec les hypothèses infondées sur ce qui pourrait se passer au-delà de ces dates - des hypothèses dont les politiciens peuvent parler facilement aujourd'hui mais qui ne peuvent simplement pas être pris au sérieux).

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Une réduction de la température de.... 0,05 degré

Les résultats de mes analyses sur ces contributions nationales ont montré qu'elles ne réduiront la hausse de la température globale de la planète que de 0.05°C (0.09°F) en 2100.

Et même si chaque pays tenait non seulement ses promesses de réduire ses émissions d'ici 2030 sans transférer ses quotas vers d'autres pays, mais aussi maintenir ces réductions d'émission jusqu'à la fin de ce siècle, cela ne réduirait  la hausse des températures moyennes que de 0.17°C à la fin de l'année 2100.

Un scénario optimiste

Et soyons clairs à ce propos, il s'agit d'un scénario incroyablement optimiste. Prenons en exemple le Protocole de Kyoto, signé en 1997, jamais ratifié par les États-Unis, et finalement abandonné par le Canada, la Russie et le Japon. Un traité finalement  miné.

La récession mondiale en 2008 est seule raison pour laquelle les objectifs de Kyoto ont été presque atteints. Par ailleurs, beaucoup d'émissions ont été juste échangées d'un pays à l'autre. L'Union Européenne, la zone la plus engagée dans cette politique pour le climat, a vu une augmentation de ses importations de produits en provenance de Chine. Des importations, qui, à seules, incorporent  la totalité des réductions d'émissions  de l'UE.

Bien sûr, beaucoup de déclarations ont lieu à la COP21, par exemple de la part de la secrétaire exécutive de la CCNUCC, Christiana Figueres, très active ici à Paris, qui a affirmé que : « Les CPDN ont la capacité de limiter la hausse prévue des températures autour de 2.7°C d'ici 2100 ».

Des estimations officielles fantaisistes

Cela ne correspond absolument pas à la la réalité. Tabler sur ces -2.7°C suppose essentiellement qu'en dépit d'un implication assez faible à Paris, les États s'engageraient dans des projets de réduction incroyablement ambitieux d'ici 2030 pour nous amener à ces- 2.7°C. C'est comme si on disait à la Grèce qu'il suffirait de faire un premier remboursement sur ces arriérés les plus urgents pour retrouver une voie facile vers le désendettement. Cela revient à passer complètement à côté de la réalité du nproblème

Selon les estimations de l'organisation de Figueres, les promesses de la COP21 réduiront globalement les émissions de CO₂ de 33 Gt. Pour limiter la hausse des températures à 2.7°C, il faudrait une réduction de CO₂ de 3000 Gt - soit 100 fois plus que les engagements de Paris (cf graphique ci dessous)

Des promesses coûteuses et intenables

Les négociateurs présents à Paris sont en train de s'attaquer au réchauffement climatique en adoptant la même approche qui a échoué durant ces 30 dernières années : en faisant des promesses individuellement coûteuses, qui auront un impact minimaliste même dans cent ans et auxquelles les gouvernements finiront par se soustraire.

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Le véritable objectif ici n'est pas de négocier un accord, mais de produire un impact substantiel sur la hausse des températures. Cette approche na fonctionné ni à Kyoto, ni à Copenhague, ni aux autres conférences ou réunions internationales sur le climat. Et malgré toutes les déclarations de succès, ce n'est pas ici à Paris que ça va marcher.

Traduit par Ninah Rahobisoa



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Commentaire 1
à écrit le 04/12/2015 à 9:58
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