Jacques Chirac  : une forte empreinte sur la Santé

En dépit d'un bilan contrasté, l'ancien Président de la République laissera une forte empreinte dans le domaine de la santé. Des raisons personnelles qu'on connait, un long compagnonnage avec beaucoup d'amis politiques médecins, les confidences de quelques grands patrons de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris durant les 18 ans passées à la mairie de Paris expliquent l'attention portée par l'ancien président aux questions de santé. Par Alexis Dussol, Fondateur et PDG d’ADEXSOL
(Crédits : Reuters)

Deux périodes peuvent être distinguées dans ce bilan. Elles correspondent à ses deux mandats à l'Elysée.

Le Plan Juppé : la seule vraie réforme de l'après 1958

En matière de santé, elle a été la seule vraie réforme de structure de la Ve république depuis les ordonnances de 1958. Nous vivons toujours sous le plan Juppé. Nouvelle gouvernance de la Sécurité Sociale, Ondam, Loi de Financement de la Sécurité Sociale, Agences Régionales de l'Hospitalisation qui deviendront des Agences Régionales de Santé, Agence nationale chargée de la qualité, tout cela date des ordonnances de 1996. Les manifestations monstres qui suivront à propos des régimes spéciaux de retraite ne doivent pas faire oublier l'ovation réservée à l'ancien Premier ministre lorsqu'il dévoila à la tribune de l'Assemblée nationale son « plan de réforme de la Sécurité sociale » le 15 novembre 1995.

On peut considérer que la dissolution de l'Assemblée nationale qui a suivi aura mis fin de manière prématurée au premier mandat de Jacques Chirac.

Le bilan contrasté du deuxième mandat

Le deuxième mandat portera les stigmates de cet échec. L'heure est la réconciliation avec la puissante Confédération des Syndicats médicaux qui était vent debout contre le plan Juppé et dont le président de l'époque se targuera d'avoir fait battre la droite aux législatives de 1997. Il faut surtout éviter de mettre à nouveau les Français dans la rue. Il n'y a plus de place pour les réformateurs ! L'inspiration est plus libérale qu'étatiste.

C'est Jean-François Mattei à la tête d'un ministère de plein exercice qui est à la manœuvre. Comme gage de réconciliation avec les médecins libéraux, le tarif de la consultation du médecin généraliste est relevé à 20 euros avec en contrepartie un engagement en faveur de la prescription en dénomination commune de 25% dès la première année. On a vu ce qu'il en a été puisqu'on était à peine à 14% douze ans plus tard! De même l'obligation de participer au service de garde entre 20 heures et 8 heures, prévue par le code de déontologie médicale, est supprimée. Le décret du 15 septembre 2003 stipule que "les médecins participent à la permanence des soins sur la base du volontariat". Ne cherchez pas ailleurs l'une des raisons principales de la crise actuelle des urgences.

Deux textes importants marquent ce quinquennat. Le plan hôpital 2007 dont l'histoire ne retiendra que l'ultra-libérale T2A qui est pour beaucoup dans le marasme hospitalier actuel. La loi du 13 aout 2004 relative à l'Assurance Maladie, dite loi Douste-Blazy qui a succédé à Jean-François Mattei après l'épisode de la canicule. Cette loi accueillie avec beaucoup de scepticisme créera, entre autres, le fantomatique DMP qui devait selon le ministre être généralisé en 2007 ! Nous savons tous ce qu'il en est advenu !

Tout cela ne fera pas, bien sûr, l'affaire des comptes de la Sécurité Sociale dont la branche maladie atteindra le déficit record de 11,6 milliards d'euros en 2004.

Finalement, c'est du côté de la santé publique que le bilan va s'équilibrer sans doute en raison de l'implication personnelle du président. Cancer, sida et handicap auront été ses trois priorités. Au premier rang de l'inventaire figurera le plan Cancer que beaucoup de pays nous envient. Nous en sommes au troisième plan. Ces plans "ont été notre boussole et ont su faire de la France un modèle de réflexion concertée, de coordination et de progrès dans la prise en charge de ces maladies", selon la ministre Agnès Buzyn. Coté sida, en 2006, est instauré une taxe sur les billets d'avion permettant de financer UNITAID, une organisation internationale qui facilite l'accès aux traitements contre le VIH dans les pays en voie de développement. Cette taxe Chirac a donné incontestablement un coup d'accélérateur à la riposte mondiale contre le sida, selon les organisations de lutte contre le sida.

C'est également sous sa présidence qu'une importante loi sur le handicap fut adoptée le 11 février 2005, un texte visant à améliorer l'accessibilité des lieux publics et des transports. La lutte contre le handicap était un engagement ancien du président Chirac qui, dès 1971, créa une fondation pour gérer des établissements accueillant des personnes handicapées en Corrèze.

Enfin ce bilan serait incomplet, si on ne mentionnait pas son action en faveur de la sécurité routière, la charte de l'environnement et son principe de précaution et l'opération Pièces jaunes pour la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France à travers son épouse Bernadette Chirac.

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Commentaire 1
à écrit le 03/10/2019 à 19:40
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Je vous rejoins, Chirac a fait beaucoup de conneries de première grandeur qui ont encore des conséquences palpables. C'est pourquoi je n'ai pas pu me joindre au concert surréaliste des admirateurs, dont une partie n'a pas vécu cette période et fon...

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