La transformation, une obligation pour tous les acteurs économiques

OPINIONS. La transformation des entreprises privées et publiques était au cœur des échanges de la quatrième édition du EY-T Day sur le thème du « courage de transformer » qui s'est déroulée mardi 4 février au Ministère de l'Economie et des Finances.
(Crédits : DR)

« Nous sommes obsédés par le fait qu'il y ait un changement palpable et mesurable dans le quotidien des gens. Ce gouvernement a déjà transformé beaucoup de choses au niveau macroéconomique, comme le prouvent les bons chiffres de l'emploi. Mais la difficulté principale réside dans le délai entre le vote d'un projet de loi et ses effets sur la vie quotidienne des Français », a rappelé Agnès Pannier-Runacher, Secrétaire d'État auprès du Ministre de l'Économie chargée de l'industrie, du commerce et de l'artisanat. Responsable de la reconquête industrielle, elle « vend » la France à des investisseurs internationaux toujours circonspects malgré les efforts du gouvernement pour transformer le monde du travail.

Agnès Pannier-Runacher

Son défi : comment, d'ici 2030, prendre le virage de la transition écologique et numérique tout en étant en plein emploi. Le groupe de travail industrie du pacte productif piloté par la Secrétaire d'État accompagne les entreprises pour que leur « trajectoire carbone passe de la stratégie au plan d'action ». L'objectif étant de créer à l'échelle européenne un mécanisme d'inclusion carbone sans succomber aux sirènes du protectionnisme via une taxe carbone.

Autre sujet : réduire la complexité administrative. Il faut par exemple deux fois plus de temps pour installer un site industriel en France qu'en Suède, un pays déjà très exigeant côté normes environnementales. Le temps pour obtenir les autorisations a été ramené à moins de dix mois et moins de trois mois pour décrocher un permis de construire sur un terrain de plus de 50 hectares.

La Secrétaire d'Etat présente mercredi un projet de loi qui devrait être adopté avant l'été pour accélérer encore ces démarches « sans rien changer au droit de l'environnement, de l'archéologie préventive ou de l'urbanisme ».

VIDEO DE L'ENTRETIEN AVEC AGNES PANNIER-RUNACHER

Air France : le « flight shame », même pas peur

Ben Smith, président du groupe Air France KLM, a dû montrer un vrai courage pour transformer une compagnie régulièrement secouée par des conflits sociaux et soumise comme ses concurrents aux événements imprévus, le dernier en date étant la crise du coronavirus venu de Chine.

Sa priorité numéro un quand il est arrivé il y a deux ans : rétablir la confiance, le respect et la transparence dans ses rapports avec les salariés d'Air France. Concernant le coronavirus, Ben Smith a rappelé que son groupe ne tire que 7,5% de ses revenus de son activité avec l'Asie et « qu'il est encore trop tôt pour évaluer l'impact économique du virus ». Il est plus inquiet d'une éventuelle augmentation du prix du fuel dans les mois à venir. Parmi les projets de transformation dans les tuyaux, le patron de la compagnie nationale met en avant la personnalisation des services grâce aux données recueillies auprès des 100 millions de clients du groupe et aux logiciels prédictifs.

ben smith

La transformation s'opère également au niveau de la réorganisation des vols et des destinations avec la fermeture de lignes régionales (Paris Strasbourg ou Bruxelles Amsterdam) et l'arrêt des marques Joon et Hop, ne conservant que Transavia sur le marché du low cost. L'investissement majeur du groupe concerne l'acquisition de nouveaux appareils moins gourmands en carburant. En 2019, Air France KLM a ainsi acheté ou commandé 60 nouveaux Airbus qui consomment 20 à 25 % de fuel en moins. Par ailleurs, Ben Smith ne semble pas effrayé par la récente tendance du « flight shame » (honte de voler, en français) liée à la pollution générée par le transport aérien :

« Nous employons 85.000 personnes et nous avons une responsabilité vis-à-vis de ces salariés et de leurs familles pour réduire nos émissions carbone. Nous voulons qu'ils sachent qu'ils travaillent dans une compagnie responsable. Par ailleurs, nous n'enregistrons aucune baisse de la demande mais plutôt une hausse significative ».

VIDEO DE L'ENTRETIEN AVEC BEN SMITH - Air France-KLM (EN)

Thales accélére le changement

Thales travaille beaucoup pour l'industrie aéronautique. La société dirigée par Patrice Caine est elle aussi engagée dans de nombreuses transformations du fait de sa nature très technologique.

« Chez nous, la transformation numérique a été précédée par la révolution il y a vingt ans du passage de l'analogique au numérique », a rappelé le président de Thales.

caine

Depuis cinq ans, le groupe a accéléré sa transformation sur quatre technologies : l'IoT, le big data, l'IA et la cybersécurité. Après avoir observé d'autres acteurs de son secteur, Patrice Caine a choisi de ne pas céder aux effets de mode :

« La première chose que j'ai décidée, c'est de ne pas nommer un CDO (chief digital officer), mais plutôt de créer un bureau chargé de ce sujet. Et nous sommes partis d'une feuille blanche ».

Thales a mis en place trois « digital factories » à Paris, Montréal pour l'Amérique du Nord, et à Singapour pour l'Asie. Celles-ci ont accouché d'une plateforme numérique interne, d'un usage des MVP (Minimum Viable Products, stratégies de développement de produit plus rapides), d'une académie digitale et d'incubateurs internes et externes dont l'un à Station F.

Concrètement, le passage aux MVP a produit une marketplace pour les pièces de rechange d'avions et une autre pour mettre en relation les pilotes de drones et les entreprises. L'informatique quantique, nouvelle frontière de la tech, est évidemment un sujet abordé par Thales. Dans ce monde de l'infiniment petit « totalement déroutant » selon Patrice Caine, Thales s'est concentrée sur deux usages : le quantum sensing (pour les capteurs) et le quantum communication (pour les réseaux de communication).

« On va pouvoir améliorer les performances d'un facteur cent, mille jusqu'à un million d'ici trois à cinq ans ! », s'enthousiasme le président du groupe technologique.

VIDEO DE L'ENTRETIEN AVEC PATRICE CAINE - Thales

Le secteur public n'échappe pas à la transformation

Mais il n'y a pas que le privé qui se transforme. La direction du Trésor, bras armé du Ministère de l'Économie, a également entamé sa mutation. « La façon de travailler au sein de l'administration a fondamentalement changé », estime Odile Renaud-Basso, directrice générale du Trésor, prenant l'exemple du projet Libra (la cryptomonnaie de Facebook), qui peut potentiellement bouleverser l'univers monétaire :

« Nous avons dû réagir en travaillant collectivement avec les experts, les banques centrales, etc. ».

La transition écologique est elle traitée de manière matricielle en interne comme avec les parties prenantes extérieures. La communication de l'administration évolue également, via l'utilisation des médias sociaux, comme cela a été le cas durant le Grand Débat. À l'échelon régional, le changement c'est aussi maintenant.

La région Île de France (10.000 salariés) a d'abord déménagé son siège du très chic 7e arrondissement vers Saint-Denis « pour se rapprocher des attentes des citoyens » selon Bernard Giry, conseiller numérique, innovation et recherche auprès de la Présidente de la Région.

Celle-ci a aussi généralisé le télétravail : 80% des agents l'utilisent une à deux fois par semaine. Ce qui a engendré une deuxième étape vers une « smart region » avec la plateforme Île-de-France Smart Services, un agrégateur de données publiques en open data et privées (50 partenaires). Dans un mois, la plateforme favorisera l'implantation rapide des entreprises qui répondront à une dizaine de critères. Eric Fourel, directeur EY en France, a conclu cette soirée en rappelant que le cabinet qu'il dirige était « très fier de participer à cette transformation plurielle, protéiforme et multi facettes. La transformation est partout. Et si le voyage n'est pas facile, il est indispensable ».

DEBAT SUR LA TRANSFORMATION DE L'ETAT

VIDEO DE L'ENTRETIEN AVEC VALERIE MASSON-DELMOTTE - CEA

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