Paysans et soldats, même combat !

OPINION. Alors que se développe enfin une prise de conscience stratégique de l’Europe, il est plus que jamais nécessaire de consolider notre politique agricole commune car ce secteur est enjeu majeur de souveraineté pour l’Europe et de stabilité pour le monde. Par Thomas Gassilloud, député du Rhône, rapporteur pour avis du budget de l'armée de Terre, et Jean-Baptiste Moreau, député de la Creuse, rapporteur du projet de loi Agriculture et Alimentation (*).
Photo d'illustration : soldat américain patrouillant dans un champ de blé au sud de Kandahar (Afghanistan), en juin 2010.
Photo d'illustration : soldat américain patrouillant dans un champ de blé au sud de Kandahar (Afghanistan), en juin 2010. (Crédits : Reuters)

Dimanche 3 mars s'est achevée la 55e édition du Salon de l'Agriculture. Alors que l'Europe prend conscience de la nécessité d'une autonomie stratégique sur le plan militaire, le débat sur la future réforme de la politique agricole commune (PAC) est lancé. Et, financer la montée en puissance de la défense européenne aux dépens du soutien communautaire à l'agriculture, semble être pour certains un choix de raison. Ce n'est pas le nôtre.

Il est donc nécessaire de rappeler le sens stratégique profond du soutien à l'agriculture, celui de la sécurisation de nos approvisionnements alimentaires, une sécurisation d'autant plus nécessaire dans un monde aux tensions géopolitiques croissantes.

C'est pourquoi nous saluons les propos du président de la République qui, en ouverture du salon, a annoncé l'ambition d'une Europe agricole forte comme "un patriote de l'agriculture qui croit à la force de nos terroirs" et qui ajoute :

"Pour se libérer de la dépendance à d'autres puissances, une seule solution : l'Europe agricole."

L'enjeu de souveraineté est ainsi clairement posé.

La faim, facteur de migrations et de guerres

Par ailleurs, le travail de la terre est facteur de paix partout dans le monde. Inversement, la faim pousse l'homme sur les voies migratoires ou sur les sentiers de la guerre, comme en Syrie ou au Sahel. Ainsi, les cartes des pénuries alimentaires et des conflits souvent se superposent et, sans structures agricoles solides, la force se trouve alors bien en peine pour stabiliser les territoires dans le temps long. Le dérèglement climatique, la concurrence croissante de l'accès à l'eau et la pression démographique grandissante ne feront qu'accentuer ces désordres. C'est pourquoi, toutes les grandes puissances militaires intègrent explicitement l'objectif de sécurité alimentaire dans l'effort de défense.

Au-delà des considérations économiques, de santé publique ou d'aménagement du territoire, l'agriculture est donc un enjeu majeur de souveraineté pour l'Europe et de stabilité pour le monde. Au moment où se développe enfin une prise de conscience stratégique de l'Europe, il est donc plus que jamais nécessaire de consolider notre politique agricole commune, en rappelant sans cesse : "Paysans et soldats, même combat !"

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(*) LES AUTEURS

Thomas GASSILLOUD est député du Rhône, membre de la commission de la défense nationale et des forces armées, et rapporteur pour avis du budget de l'armée de Terre.

Jean-Baptiste MOREAU est député de la Creuse, membre de la commission des affaires économiques, et rapporteur du projet de loi Agriculture et Alimentation.

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Commentaires 4
à écrit le 06/03/2019 à 11:02
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Le seul thème qui préoccupe de nous jours, c'est "sécurité". Sécurité alimentaire, sécurité nationale, sécurité environnement ale, sécurité individuelle, sanitaire... sécurité... sécurité...mais qui, qu'est ce qui a rendu le Monde tellement insecure...

à écrit le 05/03/2019 à 20:46
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Rien de mieux que de se construire des ennemies pour imposer ses utopies! Avez vous remarqué que "l'armée de métier" est né quand on a commencé a abandonner notre souveraineté a cet administration hors sol qu'est l'UE de Bruxelles?

à écrit le 05/03/2019 à 18:56
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Ils ont raison militaires et agriculteurs même combat face aux dangers ,les uns par les conflits armés et les autres par le glysophate .

à écrit le 05/03/2019 à 16:19
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Avec BAYER qui a racheté MONSANTO générant une multinationale endettée de 60 milliards d'euros avec des milliers de procès la menaçant aux états unis, elle est plutôt particulièrement inquiétante la futur politique agricole commune. Tant que cett...

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