Dépendance : comme la financer ?

Un million de personnes âgées sont dépendantes aujourd'hui : elles seront 1,2 million en 2040. Avec une retraite et des allocations personnalisées d'autonomie (APA) insuffisantes pour faire face aux dépenses. Le ministre du Travail a ouvert une concertation et souhaite la mise en place d'un cinquième risque de protection sociale couvrant la perte d'autonomie. "J'aimerais partager l'expérience d'aidants familiaux. Je "débute" dans ce rôle depuis un mois auprès de ma mère. Cela prend un temps considérable et surtout ne permet plus d'avoir un jour entier à soi, encore moins un week-end, même avec une aide payante, pour le moment six heures par semaine. Je suis effrayée par cet avenir, qui me fera passer de la vieillesse de ma mère à la mienne. Je le fais pourtant bien volontiers. Mais comment trouver le rythme, la force ?" Ce message, publié par une femme de 58 ans sur le forum d'Agevillage.com, magazine Internet à destination des aidants et des personnes âgées, reflète le désarroi des familles confrontées à la perte d'autonomie d'un proche. "Lorsqu'ils nous consultent pour la première fois, témoigne Annie de Vivie, fondatrice et PDG d'Agevillage, les gens sont le plus souvent dans l'urgence. Leur parent a fait une chute ou leur état nécessite de plus en plus de présence et ils se retrouvent coincés. Alors ils cherchent de l'aide et, bien souvent, ils tombent de l'armoire devant le temps, l'énergie et les moyens financiers requis pour faire face à la situation." Le coût de la dépendance est en effet élevé. Selon le rapport Gisserot de mars 2007, l'allocation personnalisée d'autonomie bénéficie à 971.000 personnes, pour un montant mensuel moyen d'environ 600 euros pour les personnes qui vivent chez elles et de 400 euros pour les quelque 600.000 résidents en maison de retraite. Mais le "reste à charge" pour les intéressés après versement de l'APA représente entre 1.000 et 1.500 euros par mois, alors que le niveau moyen de retraite se situe autour de 1.200 euros. Des chiffres qui ne constituent que des moyennes et ne tiennent pas compte des disparités géographiques. Ainsi, souligne Annie de Vivie, "à Paris, le reste à charge est plus proche de 3.000 euros. Et la mise est aussi plus élevée en cas de maintien à domicile, la présence permanente d'une garde-malade nécessitant l'embauche de plusieurs personnes". Avec une croissance prévisible de 1 % par an en moyenne du nombre de personnes dépendantes d'ici à 2040, la mise en place du "cinquième risque" de protection sociale pour une prise en charge par la collectivité de la dépendance apparaît comme une nécessité. Reste à en définir les modalités. L'effort d'épargne ajouté à la solidarité nationale Plusieurs pistes sont à l'étude. Le gouvernement envisage la mise en place d'un risque mixte comprenant un premier socle de financement par la solidarité nationale, sur lequel viendrait s'articuler un second étage alimenté par l'effort d'épargne des Français. Cet axe va dans le sens des préconisations de la FFSA, qui suggère la mise en place de mécanismes incitatifs encourageant la souscription de contrats d'assurance dépendance. Une telle architecture suppose une définition homogène des modalités d'appréciation de l'entrée en dépendance. Mais, pour François Lusson, actuaire associé du cabinet Winter et compagnie, "il est difficile de demander aux assureurs d'intervenir en complément d'une garantie de base qui serait appelée à changer dans le temps. Si l'État modifie la définition initiale en fonction de l'évolution du risque ou de son coût pour la nation, comment les assureurs pourront-ils maintenir l'équilibre de leurs contrats ? En outre, il semble illusoire, notamment pour les affections neuropsychologiques, de trouver une définition universelle appliquée de façon stable dans le temps et identique par tous les médecins. Il serait plus simple et plus prudent pour les assurés et les assureurs de déconnecter les produits complémentaires de la définition de la dépendance par l'État." Car la conscience du problème comme l'intérêt pour une couverture sont là. Selon le baromètre 2008 de l'épargne salariale, publié cette semaine, 23 % des entreprises et près de 4 salariés sur 10 se disent intéressés par une prestation dépendance.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.