"Les prix des transactions sur les vignobles se tiennent"

La vigne est-elle à son tour touchée par la crise ? Ce n'est pas l'impression que nous avons chez UBS. Le Wine Banking reste un marché ultra-dynamique, une niche anti-crise. Pour deux raisons : le souci chez certains exploitants et propriétaires de préparer leur succession. Et puis, le vignoble attire encore les nouvelles fortunes, qui investissent dans un domaine pour réaliser un rêve dans le cadre d'une diversification patrimoniale. Mais plus seulement. Ayant fait le tour des divers placements financiers à leur portée, elles constatent que leurs rendements sont peu attractifs. A cela s'ajoute leur aversion grandissante pour le risque, y compris pour la pierre. Quant à l'art contemporain, beaucoup de clients pratiquent l'adage de Warren Buffet : je n'investis que dans ce que je comprends. Le foncier viticole fait office de valeur refuge en ces temps de marasme. A condition toutefois d'être patient. Que voulez-vous dire ? Les rendements ne deviennent intéressants qu'à très long terme. Les plus values de cession foncières ne sont exonérées d'impôts que si la vente n'intervient qu'après quinze ans de détention. Ce qui suppose de dégager assez de liquidités pour que l'exploitation ou la commercialisation du vin soient viables. Avant de se lancer, il faut bien calculer le point mort pour qu'un vignoble soit rentable. A titre d'exemple, il est compris entre six et sept hectares en Bourgogne, jamais en dessous de cinq, sauf pour les appellations exceptionnelles. Hors le vin, point de salut ? Nous voyons passer des dossiers d'acquisition, de cession ou de transmission toutes les semaines. Le rythme des opérations demeure élevé et constant. Globalement, les prix des transactions se tiennent. Donc, la hausse continue ? Il faut distinguer les niveaux de transaction et les terroirs. La demande augmente fortement dans toute l'Europe pour les petits vignobles valorisés moins de 10 millions d'euros. Certains pourraient se révéler de très belles pépites. La tranche suivante, comprise entre 10 et 50 millions ne souffre pas trop d'une chute des prix, même si les délais des transactions se sont allongés. Quant aux Premium, ou très grands crus, ils ne connaissent pas la crise, compte tenu du caractère unique des domaines concernés. Qu'en est-il des terroirs ? Le panorama est très contrasté selon les régions : si le Languedoc gémit, à l'exception des meilleures appellation contrôlées, la Bourgogne sourit, et la Champagne est d'humeur égale. La situation pourrait évoluer en fonction des ventes de primeurs à Bordeaux, qui aura valeur d'heure de vérité pour les prix de tous les crus. Il serait regrettable que les cours du millésime2008 baissent, ce qui serait fondamentalement injustifié compte tenu de sa qualité exceptionnelle. Seule la pression financière sur les différents intervenants de la filière pourrait se traduire par une chute des cours. Mais les prix des terres devraient se maintenir du fait de poursuite de la recomposition du paysage. Qui pourrait même s'accélérer. On constate en effet un intérêt accru des négociants pour la vigne : tous sont à la manœuvre pour finaliser des transactions qui leur permettront de réaliser une diversification patrimoniale intéressante et de lisser leurs résultats sur le très long terme. Dans l'autre sens, on observe le même mouvement des vignerons vers le négoce et la commercialisation directe, pour maîtriser leur destin commercial. Ou atteindre une taille critique.
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