Comptes sur livret : les banques rappelées à l'ordre

C'est un rappel à l'ordre en bonne et due forme. Dans un courrier adressé à l'ensemble des banques françaises il y a une quinzaine de jours, Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, a fait part de sa préoccupation quant aux "conditions de concurrence sur les dépôts de la clientèle". Le souci du gouverneur concerne l'écart entre les taux d'intérêt proposés pour attirer l'épargne liquide non réglementée et ceux auxquels les banques se refinancent sur les marchés. Aujourd'hui, les épargnants peuvent trouver des comptes sur livret rémunérés de 4% à 7%. Certes, les plus alléchantes de ces offres sont généralement temporaires, mais elles n'en préoccupent pas moins Christian Noyer. Dans son courrier, il estime que la rémunération proposée aux clients est "déconnectée" des conditions de marché. En d'autres termes, les banques paient les liquidités de leurs clients sensiblement plus cher que celles qu'elles trouveraient sur le marché (1% de un mois à un an auprès de la Banque centrale européenne ou 1,9% à trois ans sur le marché). Elles le font parce que dans un contexte d'intense concurrence sur le marché de la banque de détail, où les positions en place sont bousculées par de nouveaux entrants, la guerre pour conquérir de nouveaux clients se fait à tout prix. Cela peut avoir deux types de répercussions que le gouverneur de la Banque de France, qui est aussi le régulateur bancaire, veut empêcher. D'une part, un coût de ressource élevé a pour effet de maintenir un coût des emplois élevés. C'est donc un frein à la baisse des taux des nouveaux crédits. Ce qui pèse sur la reprise de l'économie tant attendue aujourd'hui. D'autre part, le gouverneur estime aussi que le maintien de la rémunération de l'épargne à des conditions hors marché aurait des conséquences "défavorables sur les conditions d'exploitation des banques". C'est donc la rentabilité des établissements de crédit qui est mise en cause par cette politique. Cette mise en garde de la Banque de France a un air de déjà-vu: en juillet 1995, Jean-Claude Trichet, le gouverneur de l'époque, avait également envoyé aux établissements "un très ferme message de prudence et de rigueur" sur la production de crédit immobilier, dont il estimait qu'elle se faisait dans des conditions de vente à perte, toujours dans cette logique d'acquisition de parts de marché.
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