Valeurs refuges : les actifs qui profitent des incertitudes

En pleine tempête, les investisseurs ont acheté à tour de bras dette américaine, or, yen, franc suisse et couronne norvégienne.
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En anglais, on les appelle les « safe havens » : des havres de tranquillité durant la tempête, où les actifs trouvent refuge comme des navires en détresse. L'or, certaines monnaies et, paradoxalement, les bons du Trésor américains, qui ont pourtant provoqué le cyclone, étaient très recherchés lundi. C'est bien la note concernant les emprunts d'État américains qui a provoqué cette nouvelle crise ; et c'est pourtant des emprunts d'État américains que les investisseurs achetaient à tour de bras, lundi. Le rendement des titres à 2 ans a atteint un plus-bas historique, à 0,228 %. Un recul qui exprime la confiance pérenne des investisseurs envers la dette américaine, qui reste une valeur refuge. Malgré son rendement annuel quasi nul, la dette du pays du dollar reste un actif de choix pour les gérants de fonds. À titre d'exemple, les taux à 2 ans français offrent une rémunération de 1,21 %, tandis que le taux à 2 ans grec plane autour des 33,8 % !

Ce témoignage de l'aversion au risque, qui provoque un phénomène de vases communicants des actifs risqués (les actions) aux moins risqués (les obligations), a aussi dopé l'once d'or. Le métal, qui ne présente aucun rendement, a touché un nouveau pic historique, à 1.715,17 dollars l'once sur le marché au comptant. Alors que Goldman Sachs voit déjà l'once à 1.800 dollars et UBS à 2.000, le métal jaune continue d'attirer toutes sortes d'acquéreurs, particuliers et États. Selon les statistiques diffusées par le marché de l'or américain, le Comex, les achats d'or depuis un mois ont été supérieurs à ceux des six derniers mois.

« Le plus grand risque de la dégradation de la note américaine, ce n'est pas un ralentissement de l'économie américaine, c'est surtout la progression de l'incertitude économique au niveau mondial », assurent les experts matières premières de Standard Bank. Contrairement à l'or, les autres matières premières ont d'ailleurs souffert, baissant dans un bel ensemble lundi. L'indice CRB, qui reflète un panier de matières premières, chutait de plus de 2 %. Si l'or parvient à jouer, en temps de crise, son statut de monnaie ultime, il n'en est pas de même pour les autres matières premières. Pétrole, étain, cuivre ou blé peuvent au contraire voir leur demande chuter. Les ressources ont également souffert du regain du dollar par rapport aux autres monnaies, qui renchérit le coût des matériaux pour les non-américains, et donc les principaux acheteurs de matières premières comme la Chine. Enfin les monnaies refuges ont également joué à plein : le franc suisse et le yen ont tous deux grimpé contre l'euro et le dollar. Le thème du refuge a aussi provoqué un repli vers la couronne norvégienne, qui s'est raffermie face à l'euro, tout comme la couronne suédoise.

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