Les fonds de LBO ne savent que faire de leur trop-plein d'argent

Plus de 200 milliards de dollars doivent impérativement être investis d'ici fin 2013.
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Avoir beaucoup d'argent n'est pas forcément un avantage. Aussi scandaleuse soit-elle en ces temps de difficultés économiques, cette affirmation n'en est pas moins vraie pour les fonds de private equity. Le cabinet Preqin estime à 937 milliards de dollars les capitaux levés mais non encore investis (« dry powder ») par ces fonds, à l'échelle mondiale. Or, sur cette somme, pas moins de 204 milliards doivent être investis d'ici deux ans au plus tard. Pour la bonne raison que ces 204 milliards ont été levés en 2008, et que les fonds disposent de cinq ans au maximum pour investir l'argent confié par leurs actionnaires et le leur retourner avec une sympathique plus-value.

Pourquoi les fonds de capital-investissement se retrouvent-ils avec tant d'argent sur les bras ? D'abord, les années 2006 à 2008 avaient été excellentes sur le front des levées de fonds, avant que la faillite de Lehman, en septembre 2008, ne bouleverse la donne. Au cours de la seule année 2008, les fonds de private equity avaient levé le montant record de 679 milliards de dollars. Mais ensuite, la crise financière déclenchée par la faillite de Lehman avait privé les fonds des crédits bancaires nécessaires au financement de leurs LBO (« Leveraged buy-out » pour acquisition utilisant l'effet de levier de l'endettement). Enfin, la récession économique de 2009 avait conduit les fonds à attendre des jours meilleurs pour procéder à des deals. Conséquence, les capitaux engagés (investis) par les fonds de LBO étaient tombés à 107 milliards de dollars en 2009, leur plus bas niveau en quatre ans.

« Pression considérable »

La reprise économique de 2010 avait incité les fonds à plus d'audace mais l'embellie fut de courte durée. Aujourd'hui empêtrées dans la crise de la zone euro, les banques font couler goutte à goutte le robinet des prêts, comme à l'automne 2008, empêchant de nouveau les fonds de jouer sur le levier de l'endettement dans le cadre de leurs projets de LBO. De plus, la volatilité extrême de la Bourse rendant les valorisations difficiles, les vendeurs potentiels sont peu enclins à céder leurs actifs, ce qui restreint encore les possibilités d'acquisitions pour les fonds.

Ces derniers « vont subir une pression considérable pour investir », insiste Preqin. Faute de quoi, ils devront tenter de négocier auprès de leurs actionnaires une prolongation de leur période d'investissement. Si les actionnaires refusent, les fonds n'auront d'autre choix que de leur rendre leur argent. Une vingtaine de sociétés de capital-rique avaient ainsi rendu des millions de dollars à leurs souscripteurs en 2002, l'éclatement de la bulle Internet ne leur permettant plus d'acquérir des cibles de choix.

 

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