Bien-être animal : le Bœuf Éthique innove avec le premier abattoir mobile de France

Inspirée par les Suédois, une éleveuse bourguignonne a créé ce nouveau concept d’abattoir mobile, qui parcourt les routes de ferme en ferme, depuis quatre mois. C’est le dernier maillon de la chaine qui permet d’obtenir une viande tendre, tout en respectant le bien-être animal.
Émilie Jeannin.
Émilie Jeannin. (Crédits : Thomas Journot)

Révoltée par les méthodes des abattoirs industriels, Émilie Jeannin, éleveuse de charolais, n'imaginait pas reprendre la ferme de son père en 2016 dans les mêmes conditions. « Nous prenons soin de nos bêtes toute leur vie, en les nourrissant avec des produits de qualité, mais dès lors qu'ils partent à l'abattoir, nous n'avons plus aucune information », explique l'éleveuse. « Dans le schéma classique, une fois que l'animal est chargé dans le camion, il commence un long périple de 400 km debout, secoué, sans manger. Il est déchargé, puis rechargé avec d'autres animaux, d'autres odeurs. Ce qui provoque souvent des bagarres et, surtout, beaucoup de stress », poursuit-elle. Tout le travail de qualité des éleveurs peut être réduit à néant par cette situation tendue que vive les animaux dans les dernières heures de leur vie.

le boeuf ethique

L'innovation réside dans la conception de l'outil

« J'ai vu que c'était possible, alors je me suis lancée ! », explique Émilie Jeannin. De retour de Suède, où il existe un modèle similaire, l'éleveuse décide de s'embarquer dans l'aventure de l'entreprenariat. Un véritable combat qui durera près de quatre ans pour convaincre les investisseurs que son projet est viable. Lorsqu'en mars 2020, en plein confinement, la jeune femme lance un ultime appel au financement via les réseaux sociaux, six investisseurs privés se déclarent intéressés. Le projet démarre avec 602.000 euros. Puis, un financement participatif de 250.000 euros viendra compléter cet apport. Les banques suivront ensuite. Au total, il aura fallu investir 1,5 million d'euros pour concevoir et fabriquer l'abattoir mobile composé de trois poids lourds : un extensible servant d'abattoir, un frigorifique, une double-remorque emportant des bureaux et vestiaires dans l'une, les cuirs et les déchets dans l'autre. « L'innovation réside dans la conception de l'outil. Notre défi était de faire tenir un tas d'équipements techniques pour l'abattage - habituellement fixes et destinés à l'industrie - dans un camion de 18 mètres de long », indique Émilie Jeannin.

Boeuf Ethique

Prendre le temps de faire les bons gestes

« Nous avons imaginé un concept global. Le Bœuf Éthique achète les animaux vivants, les abat, puis les vend. Ce n'est pas uniquement un service d'abattage. », explique Émilie Jeannin. « Pour l'éleveur, il n'y a pas de coût car la prestation de l'abattage se répercute sur le prix de vente », poursuit-elle. Le Bœuf éthique se déplace chaque jour dans une ferme différente pour un rendement de cinq animaux par jour contre 80 par heure pour un abattoir industriel. « Ce n'est pas le même rythme. Nous prenons le temps de faire les bons gestes pour étourdir les animaux. Ceux-ci sont manipulés par leur éleveur jusqu'à leur montée dans le camion », assure Émilie Jeannin. Et ce n'est pas parce que l'abattage est effectué à la ferme que l'entreprise est moins contrôlée. « Les services vétérinaires vérifient que chaque étape respecte les normes européennes », précise Émilie Jeannin. Cette présence du vétérinaire permet de renouer également une relation avec l'éleveur qui reste responsable de sa bête jusqu'au dernier moment. Dans les abattoirs industriels, certaines viandes sont saisies car elles ne répondent pas aux critères des normes. L'éleveur reçoit alors une facture avec un manque à gagner important, sans savoir pourquoi sa viande a été saisie. Avec l'abattoir mobile, le vétérinaire peut expliquer en direct à l'éleveur, le cas échéant, pourquoi son animal ne pourra pas être abattu. Cette expérience de pouvoir accompagner ses bêtes jusqu'au bout, en toute transparence, touche les éleveurs. « Certains avaient les larmes aux yeux en me remerciant pour cette initiative », témoigne Émilie Jeannin. « Pour rien au monde, ils ne repartiraient sur l'ancien modèle industriel ! », assure-t-elle.

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Un nouveau modèle d'abattage à promouvoir

Chaque jour, Émilie Jeannin est contactée par deux ou trois éleveurs qui affluent de toute la France. Pour l'instant, sa zone de chalandise reste la Côte-d'Or et la Saône-et-Loire où la demande est forte. Le carnet de commandes est déjà rempli pour les trois mois à venir. D'ici quelques années, l'entrepreneuse souhaite développer son concept partout dans l'Hexagone. Pour l'instant, le Bœuf Éthique vend à différentes clientèles : bouchers, restaurateurs, collectivités locales, particuliers via le site de vente en ligne et une boutique mobile. « Pour envisager une montée en puissance, nous devons consolider notre concept et nous assurer que nos partenaires ont bien les capacités de stockage pour nos carcasses », explique Émilie Jeannin. Des négociations sont en cours avec des magasins bio. « Il y a une vraie demande des consommateurs et des éleveurs. Nous avons un nouveau modèle d'abattage à promouvoir respectueux de l'animal et du travail des éleveurs », assure l'éleveuse.

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Commentaires 11
à écrit le 19/01/2022 à 16:49
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Enfin du bon sens et une réelle préoccupation de la souffrance animal !!! Bravo pour votre courage !!

à écrit le 19/01/2022 à 16:47
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Enfin du bon sens et une réelle préoccupation de la souffrance animal !!! Bravo pour votre courage !!

à écrit le 13/01/2022 à 19:53
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Ne parler pas du bien-être animal quand pour lui c'est la mort. Contentez-vous de dire que la viande sera meilleure ou plutôt peut-être meilleure car le stress aura été moins. Mais le résultat est le même le seul plus est que les éleveurs accompagner...

le 15/01/2022 à 11:03
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Non le résultat n'est pas le même, ce serait une réelle avancée sur le respect de la conditions animale si c'était généralisé et c'est la qu'est le problème la puissance du lobby agroindustriel va tenir ces immondes abattoirs encore longtemps. Il est...

à écrit le 13/01/2022 à 12:49
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Enfin,une vraie prise en compte de la souffrance animale. Je ne mange pas de viande et je ne condamne pas ceux qui en mangent. En tt cas loin de l'enfer des abattoirs véritable "couloirs de la mort", ,les animaux évitent une vrai cauchemar du trans...

à écrit le 12/01/2022 à 21:36
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On ne peut pas parler de « bien-être » d'un animal quand on parle de sa mise à mort, à la limite on pourrait parler de « bien-mourir », même si on ne peut que supposer qu'il soit possible de « bien tuer » un animal qui ne veut pas mourir. Cet abattag...

le 12/01/2022 à 22:15
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tout a fait d accord!

le 15/01/2022 à 20:13
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100% d'accord avec vous!!!

à écrit le 12/01/2022 à 10:37
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Bravo Mme, bonne chance, la France est fière de vous.

à écrit le 12/01/2022 à 9:10
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Une excellente initiative en effet mais qui ne va pas vite, bien être animal c'est évident mais cela ne vient pas de Suède hein, avant que le fléau agro-industriel ne massacre nos produits alimentaires, soutenu par les institutions européennes qui on...

le 12/01/2022 à 22:20
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merci pour votre commentaire...cela fait plaisir d entendre des verites si simples et pourtant completement devoyees par des publicites iniques.

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