Bretagne : Langouët joue la carte de l'écologie sociale

SPÉCIAL MIPIM. Engagé dans une démarche d'autonomie énergétique et alimentaire, le village breton accueille la BioclimHouse, une maison écolo expérimentale, et prépare des logements économes à petits prix.
Une fibre verte cultivée depuis 1999. Des hameaux de logements sociaux ont été construits en 2005 par la ville, sans promoteur et selon les modes de développement durable.
Une fibre verte cultivée depuis 1999. Des hameaux de logements sociaux ont été construits en 2005 par la ville, sans promoteur et selon les modes de développement durable. (Crédits : DR)

En se posant à Langouët, la BioclimHouse, concept de maison économe et écologique développé par l'association Bioclimatic Plateform, a trouvé une vraie terre d'accueil. Ce village mi-rural, mi-citadin de 602 habitants au nord de Rennes, « le plus danois de Bretagne » comme le précise son site Web, cultive de manière volontariste sa fibre écolo depuis 1999 : zéro glyphosate et produits phytosanitaires, une cantine bio depuis 2004, et l'objectif d'être 100% circulaire.

Langouët s'est très tôt positionné en faveur d'une écologie sociale, la construction selon les modes de développement durable, et contre l'étalement urbain. « La politique est d'avoir le choix entre plusieurs solutions. Encore faut-il que ces solutions existent », estime le maire Daniel Cueff, dont la commune est membre du réseau d'échanges d'expériences de développement local durable Bruded.

« En termes d'habitat, il convient de construire des logements triple zéro : en besoins énergétiques, en carbone et en déchets de chantier. Au fil des ans, les ambitions de la commune se sont affinées vers une démarche « cradle to cradle » [créer et recycler à l'infini, ndlr] qui, outre le fait de ne pas impacter l'environnement et la santé, cherche à apporter des éco-bénéfices. »

Accueilli gracieusement, le projet BioclimHouse, qui préfigure les maisons du futur à petits prix, est en cours d'expérimentation. Développé par un ingénieur, un architecte naval, un biologiste et un ébéniste pour Bioclimatic Plateform, ce prototype utilise des ressources biosourcées telles que le lin, le coton recyclé ou le chanvre. Ses concepteurs ambitionnent de réaliser une maison « triple zéro au coût de construction entrant dans les grilles de celui de logement social », autour de 1.200 à 1.300 euros, hors taxes, du mètre carré.

Conçue comme un assemblage de modules identiques, soudés entre eux et imprégnés d'une résine étanche issue de la chimie verte, cette maison tout en bois et au plafond voûté est posée sur pilotis. Tempéré par une géothermie calquée sur le système des termitières, l'habitat n'a pas besoin de chauffage. Cette maison-potager sanglée de terre est surmontée d'un jardin en permaculture, s'inspirant de l'écologie naturelle.

Couvrir 50% des besoins électriques

Établi sur un terrain sur lequel la mairie va étendre son éco-lotissement avec de nouveaux logements sociaux et écologiques, ce prototype sera démonté à l'issue de la phase d'expérimentation. « C'est l'hypothèse la plus probable car sa prise au sol est trop importante et son besoin de soleil (est-ouest-sud) oblige à reculer les autres habitations. Il n'y a aucun gain d'espace », explique Daniel Cueff.

En revanche, d'autres habitations que la BioclimHouse verront le jour à cet endroit, mêlant une démarche d'économie circulaire, d'autoproduction-autoconsommation d'énergie renouvelable et de permaculture (jardins partagés). Deux programmes, de 7 et 8 logements, livrables fin 2020, seront conçus à 80% en matériaux recyclables. Sans fondations, ils seront installés en hauteur, sur un système de pieux, pour limiter l'impact sur le terrain.

« Notre premier hameau écologique de Bretagne a été construit en 2005, sans promoteur, suivi en 2015 par un autre programme de 18 logements sociaux écologiques et locatifs, ajoute l'édile. Ils ont été conçus par nous mais la maîtrise d'ouvrage avait été confiée à la coopérative Habitation familiale. »

Pour le futur programme destiné au locatif social et à l'accession à la propriété, Langouët garde la maîtrise de l'ingénierie mais travaille avec l'aménageur-promoteur Loyer Bretagne Immobilier, engagé dans une approche environnementale.

Langouët, pionnière en écologie, entend garder son avance. La commune, dont la production électrique des bâtiments publics est déjà supérieure à la consommation, souhaite développer une deuxième boucle d'autoconsommation énergétique collective par des productions privées sur les toits de maisons individuelles ou de petits collectifs. Elle démarre cette année un projet initié dans le cadre du programme Smile (Smart Ideas to Link Energies), dont l'objectif est de couvrir 50% des besoins électriques en autoproduction. Il utilisera la technologie du tracker solaire [qui suit le parcours du soleil], et proposera une solution de stockage, appuyée sur une blockchain privée.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 1
à écrit le 13/03/2019 à 9:07
Signaler
Par ailleurs l'écologie réelle devrait être de consommer moins et mieux du coup on est en plein dans le principe là, bravo.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.