Chantier Bretagne Sud : des catamarans qui voguent à l'hydrogène vert

Le Chantier Bretagne Sud de Belz construit deux premiers catamarans à propulsion électrique qui seront dotés d’une motorisation hydrogène. C’est un des projets phares menés sur l’hydrogène vert par les acteurs bretons. La Région Bretagne souhaite devenir leader sur ce marché et a profité de l’inauguration du premier navire livrable en fin d’année pour dévoiler sa feuille de route à horizon 2030. Un appel à projets pour des boucles territoriales sera lancé chaque année jusqu’en 2023.
L'Archinaute, un des deux navires construits par Chantier Bretagne Sud dotés d'une motorisation hydrogène
L'Archinaute, un des deux navires construits par Chantier Bretagne Sud dotés d'une motorisation hydrogène (Crédits : Chantier Bretagne Sud)

C'est à la demande de deux clients que le Chantier Bretagne Sud, engagé dans la construction et la réparation navale, s'est lancé dans la conception de deux catamarans de 12 mètres à propulsion qui recevront une motorisation à hydrogène. Pour Avel Marine Concept (transport de passagers), la PME de la ria d'Etel et filiale depuis 2019 du groupe Acti spécialisé en chaudronnerie, tuyauterie et mécanique dans les secteurs naval et industriel, construit l'Archinaute. Ce catamaran conçu pour une navigation autonome zéro émission produira son électricité grâce à une éolienne en carbone de 5 mètres de diamètre. Il sera mis à l'eau à la fin de l'année. Le deuxième catamaran sera livré en 2021 au Yacht Club de Monaco et servira à des missions d'exploration des baleines et au comité de courses pour les JO de 2024.

« Chantier Bretagne Sud conçoit des navires innovants à coque aluminium capable de recevoir une motorisation électrique pour des clients privés et de la sécurité maritime civile et militaire, et à 75 % français. Soit la batterie est rechargeable à quai soit elle fonctionne avec une pile à combustible hydrogène. La mobilité décarbonée marque un changement de modèle. Nous nous positionnons aujourd'hui comme un constructeur de navires dont l'électricité provient de l'hydrogène par électrolyse de l'eau, comme un intégrateur de solutions innovantes » indique Yannick Bian.

Architecte naval, le dirigeant a fondé en 2012 Breizh Sailing Holding qui comprend le chantier belzois, ex-friche industrielle fermée pendant 20 ans, et ses marques commerciales Etelium et Kenkiz Marine (négoce). L'entreprise de 20 personnes qui a réalisé 3 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2019 et en injecte 10 % dans la R&D, travaille aussi sur la construction pour un opérateur d'électricité d'un bateau de servitude dédié à la maintenance d'une ferme de panneaux solaires sur lac.

Son accélération dans la construction de bateaux innovants liés à la mobilité décarbonée est, sur certains projets, menée conjointement avec une autre entreprise bretonne du groupe. En juillet 2020, Acti a racheté la société brestoise Guinard Energies spécialisée dans la construction d'hydroliennes et les énergies nouvelles. Via le projet Blue porté par Keops Automation, les deux structures travaillent sur la fabrication d'une barge productrice d'électricité à partir d'une petite éolienne et destinée à des zones comme les estuaires ou les écluses désaffectées. En 2021, Guinard Energies expérimentera un autre projet de production d'électricité par hydrolienne visant à alimenter les barges ostréicoles utilisées sur la ria d'Etel.

Ambition industrielle de la Bretagne

« Ces travaux sont encore exploratoires mais Chantier Bretagne Sud a la volonté de faire profiter à des acteurs de premier rang de son expertise dans l'intégration de piles à combustible à hydrogène par exemple sur les bateaux à passagers. L'entreprise s'inscrit pleinement dans la feuille de route que la Région a fixé sur l'hydrogène renouvelable et qui ne peut qu'être propice à l'industrialisation du territoire  » assure le chef d'entreprise.

C'est d'ailleurs dans les hangars du Chantier Bretagne Sud que Loïg Chesnais-Girard, président du Conseil régional a présenté les ambitions de la Région dans ce domaine à horizon 2030, le 28 octobre. Il a notamment mis l'accent sur l'ambition industrielle forte qui sera portée dans le domaine des applications navales et de productions offshores d'hydrogène. Fédérant déjà 145 acteurs dont 78 entreprises, la filière bretonne de l'hydrogène vise à se développer autour des spécificités régionales que sont l'industrie maritime, les projets smart grids, les EMR mais aussi les applications de stockage (transport et stationnaires) et la logistique de l'agro-alimentaire.

« La Bretagne veut se positionner comme une région leader sur le marché des applications de l'hydrogène renouvelable, tant en termes de compétences détenues par ses entreprises que de diffusion des technologies et d'appropriation par les usagers. L'objectif est de structurer et développer un secteur économique innovant et générateur d'emplois nouveaux et / ou issus de reconversions » a souligné le président de la Région.

Outre celui du Chantier Bretagne Sud, une dizaine de projets pionniers, dont cinq relevant du naval et du maritime ont déjà émergé et sont financièrement soutenus par la Région. Ils sont portés par des entreprises et collectivités telles qu'Energy Observer Developments (solutions alliant différentes sources d'énergies renouvelables), Sofresid (solutions écologiques pour les ports), H2x Ecosystems (production locale et de flotte de véhicules) ou encore le syndicat départemental d'énergie du Finistère.

Plan en trois axes, 10 navires pilotes et 2800 véhicules verts

Le plan d'action de la Région se déploiera en trois axes afin d'atteindre plusieurs objectifs structurants d'ici à 2030 et s'appuie en premier lieu sur le développement d'une dizaine de boucles de production locales d'hydrogène vert pour 400 véhicules en circulation en 2025. Un premier appel à projets annuel pour des boucles territoriales a été lancé fin septembre, d'autres suivront chaque année jusqu'en 2023, appuyés par une enveloppe de 10 millions d'euros d'aides. Outre le soutien aux entreprises innovantes, la Bretagne prévoit aussi de lancer un plan structurant d'investissements collectifs au travers d'appels à innovation sur son patrimoine portuaire ou aéroportuaire, ses voies navigables et ses flottes de véhicules terrestres et maritimes. Elle évoque une première flottille de 10 navires pilotes et 2 800 véhicules verts d'ici à 2030.

Pour le Conseil régional, l'hydrogène renouvelable apparaît in fine comme un vecteur de la transition et de l'autonomie énergétique de la Bretagne visant à répondre aux objectifs de la Breizh COP. Celle-ci prévoit notamment une réduction par quatre des émissions bretonnes de gaz à effet de serre à l'horizon 2050.

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Commentaire 1
à écrit le 07/11/2020 à 3:00
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Archinaute, quel drole de patronyme ! Vu la maquette, je serais surpris de sa tenue au vent par force 8 voire davantage.

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