Parc éolien en baie de Saint-Brieuc : démarrage à Brest du chantier Navantia-Windar

Le démarrage de la construction des éléments des fondations des éoliennes par le consortium espagnol Navantia-Windar marque le véritable lancement du projet de parc de 62 éoliennes offshore situé en baie de Saint-Brieuc. Objectif : produire 9 % de l’électricité consommée en Bretagne.
Démarrage sur le Polder de Brest la production  des éléments des fondations du parc éolien en mer de Saint-Brieuc.
Démarrage sur le Polder de Brest la production des éléments des fondations du parc éolien en mer de Saint-Brieuc. (Crédits : Navantia-Windar)

La production de 34 éléments des 62 fondations du futur parc éolien de la baie de Saint-Brieuc a démarré sur le nouveau polder de Brest. Un an après la sélection du consortium espagnol Navantia-Windar pour fabriquer les fondations des éoliennes offshore qui culmineront à 207 mètres au-dessus de la mer et à 16,2 kilomètres du Cap Fréhel, 28 kms de Bréhat et 35 kms de Saint-Malo, la première société industrielle est désormais implantée.

Au grand soulagement de la Région Bretagne qui investit 220 millions d'euros (avec le fonds Feder et les collectivités locales) dans la construction de ce quai EMR de onze hectares au cœur du port de Brest.

Choisi par la société de Saint-Brieuc, Ailes Marines, filiale du groupe espagnol Iberdrola, le chantier espagnol Navantia-Windar a confirmé vendredi 2 octobre lors d'une présentation des nouvelles infrastructures « la mobilisation de 250 emplois équivalent temps plein durant la période de fabrication des jackets ». Avant l'entrée en fonction des éoliennes avant 2024, ce sont des emplois de soudeurs, d'oxycoupeurs ou d'opérateurs de manutention qui seront basés entre 2021 et 2023 sur une partie du polder.

La technologie retenue par Ailes Marines est de type jacket trois pieds fixés sur le fond marin par des pieux et pouvait atteindre 1.150 tonnes et une hauteur de 75 mètres. Avec ses sous-traitants, Navantia-Windar va donc assembler plus de 35.000 tonnes d'acier. Le consortium qui ambitionne « de positionner le port de Brest en tant que centre industriel majeur de l'éolien en Europe » a déjà investi 10 millions d'euros et fait intervenir dix-sept entreprises locales sur le site. Suite à des appels à candidature menés par l'intermédiaire de l'association Bretagne Ocean Power, qui accompagne l'écosystème breton lié aux EMR, deux nouveaux contrats ont été signés la semaine dernière avec les sociétés brestoises Sobec et Navtis pour la fabrication de composants des jackets. Des négociations avec vingt autres entreprises sont en cours.

Brest, point d'ancrage d'une filière ?

Le démarrage de la construction des éléments des fondations des éoliennes marque donc le véritable lancement du projet de parc. Avec la clé, la création d'une expertise bretonne. « Notre objectif est de renforcer les liens entre la Bretagne et la Galice, en créant une chaîne d'approvisionnement sécurisée qui va nous permettre de poursuivre ensemble les projets éoliens offshore à venir en France », souligne ainsi Jorge Filgueira, directeur de Navantia Ria de Ferrol. De son côté, Javier Garcia, président d'Ailes Marines et directeur Offshore International, évoque « une nouvelle étape dans la mise en place d'une filière dédiée aux énergies marines en France et en Bretagne ». L'installation de cette première usine dont le projet remonte à dix ans est fortement soutenue par la Région Bretagne, qui espère voir Brest se positionner « comme le point d'ancrage de la filière sur la façade atlantique ». En 2021-2022, le quai EMR devrait aussi accueillir un deuxième projet industriel portant sur l'assemblage des éoliennes géantes de la future ferme flottante de Groix-Belle-Ile.

L'installation du parc éolien de la baie de Saint-Brieuc, que le député LR des Côtes d'Armor Marc Le Fur dénonce en revanche comme étant un « projet funeste », va nécessiter un investissement global de près de 2,4 milliards d'euros. Les retombées économiques sur le territoire ne sont toutefois pas celles annoncées en 2011 à la conception du projet.

1.100 emplois directs en France et 155 euros du MWh durant 20 ans

L'installation du parc va générer 1.100 emplois directs en France, dont 250 en Bretagne et 750 dans la future usine Siemens du Havre dédiée à la fabrication des turbines et des pâles. En 2011, les porteurs du projet tablaient sur 2.000 emplois en France dont 1.000 en Bretagne. Une grande partie de la fabrication, dont les pièces à forte valeur ajoutée, sera effectuée en Galice et aux Asturies.

D'une puissance de 496 MW, les éoliennes, espacées d'un kilomètre les unes des autres, produiront une énergie équivalente à la consommation de 835.000 habitants (9 % de l'électricité consommée dans la région) selon Ailes Marines. Elle sera ensuite revendue et injectée dans le réseau via RTE.

Mercredi 30 septembre à l'Assemblée nationale, Marc Le Fur s'est fait le porte-voix des opposants et a fustigé, pêle-mêle, le coût du projet pour le contribuable, le prix très élevé de 155 euros du MWh pendant 20 ans, alors que le prix du marché oscille entre 40 et 50 euros du MWh, l'impact sur la pêche et l'aide publique de l'Etat. Celle-ci est estimée à 4,3 milliards d'euros car fondée sur le prix de revente du MWh durant deux décennies.

300 bateaux, 800 marins pêcheurs concernés

« Une catastrophe économique, une catastrophe financière, une catastrophe écologique ! » s'est enflammé Marc Le Fur. « C'est un lieu qui interdira totalement la pêche sur cette zone alors qu'il est extrêmement riche pour la coquille Saint-Jacques et que 300 bateaux vivent de cette pêche. Il y a là des zones que l'on doit préserver, il y a des dauphins, des marsouins extrêmement rares ! Il y a là des fonds marins et des coraux qui seront cassés parce que l'ensemble des câbles (49 kilomètres) seront ensouillés ! ». Le député a clos son intervention en accusant le projet d'être « totalement étranger, mené par l'entreprise espagnole Iberdrola, une entreprise très clairement liée aux mafias ».

Vendredi dernier à Brest, Loïg Chesnais-Girard, le président du Conseil régional, qui voit dans les énergies marines renouvelables un chemin vers « plus d'autonomie énergétique et plus d'écologie car moins de pétrole, de fioul, de gaz », lui a indirectement répondu, accusant certains opposants de « dire n'importe quoi pour faire peur, pour diviser, pour essayer de grappiller quelques voix ». « Arrêtons la démagogie, arrêtons de dire n'importe quoi, car on tire une balle dans le pied aux générations futures », a-t-il réagi en évoquant « la création d'emplois et la qualité de vie dans nos territoires. »

Avant les vents, l'éolien en mer déchaîne les passions.

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Commentaires 4
à écrit le 06/10/2020 à 22:32
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6-7 ans minimum de tergiversations, de recours entre les résultats d'appel d'offre et le démarrage des chantiers de construction offshore, tandis que les Allemands, anglais, Danois, Espagnols, Portugais ont pris une bonne longueur d'avance sur le dép...

le 07/10/2020 à 11:57
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Cette malediction est celle du verbe. Les francais sont bavards, par essence. Les autres travaillent.

à écrit le 06/10/2020 à 19:29
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A 155 € le MWh produit (tarif negocie et vendu a EDF), en comparaison au 50 € le MWh cout de production actuel, ces eoliennes sont clairement aidees par l'etat. En considerant un facteur de charge de 38%, ces 64 eoliennes fourniront une puissance mo...

à écrit le 06/10/2020 à 16:50
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Nous attendons tous avec impatience les commentaires passionnants et surtout non répétitifs de monsieur Uranium qui va nous dire que l'énergie renouvelable c'est une honte alors que le nucléaire ça risque rien on va aller fabriquer des éoliennes offs...

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