Son nom sonne comme celui d'un vaccin. Et dans le contexte de la crise engendrée par l'épidémie de coronavirus, c'est un peu ce qu'il est. Le nouveau fonds de soutien breton, Covid Résistance, entrera vendredi 15 mai en phase active. Il vise à aider les petits hôtels, les restaurants, les commerces, les artisans, qu'ils gèrent une entreprise de maçonnerie ou un pressing, à soigner dans l'urgence leur déficit de trésorerie pour poursuivre leur activité.

Doté de 27,5 millions d'euros, le fonds Covid Résistance est donc exclusivement dédié aux TPE, aux entreprises de l'économie sociale et solidaire ainsi qu'aux associations, tous secteurs confondus, ayant une activité économique (sauf structures sous tutelle).

Le dispositif est mis en place par l'ensemble des collectivités territoriales bretonnes - la Région, les quatre départements et la totalité des 59 Etablissements publics de coopération intercommunale (EPCI), en association avec la Banque des Territoires. La dotation est calculée sur la base de la participation de chaque opérateur de 2 euros par habitant : aux 20 millions d'euros que représentent l'addition du financement par la Banque des Territoires (7 millions d'euros), la Région Bretagne et les quatre départements, s'ajoutent les 2 euros par habitant de toutes les intercommunalités. Rennes Métropole y participera ainsi à hauteur de 900.000 euros.

 Prêt à taux 0 sur 36 mois, remboursement différé

La plateforme en ligne, covid-resistance.bretagne.bzh, sera ouverte vendredi et jusqu'au 30 septembre, afin que les entreprises dont le siège est situé en Bretagne effectuent leurs demandes en ligne. Les premiers versements démarreront à la fin du mois de mai.

« Concrètement, le fonds Covid Résistance versera des avances remboursables d'un montant oscillant entre 3.500 et 10.000 euros pour les entreprises, entre 3.500 et 30.000 euros pour les associations non marchandes. Le dispositif prend la forme d'un prêt à taux O sur 36 mois, avec un différé d'amortissement de 18 mois. Ce qui laisse aux structures le temps de souffler avant de rembourser », a expliqué Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne, lors d'une visio-conférence de presse mercredi 13 mai.

Pour les entreprises, les modalités d'éligibilité sont fixées à moins de 1 million d'euros de chiffre d'affaires et un effectif inférieur ou égal à 10 salariés, tandis que les associations ne doivent pas dépasser les 20 salariés.

Avec Covid Résistance, les collectivités ont pour objectif de « combler les trous dans la raquette » : le fonds sera complémentaire des aides existantes lancées par l'Etat, comme le chômage partiel, les prêts garantis et plus particulièrement le fonds de solidarité. Les 1.500 euros du fonds de solidarité pourront ainsi être déduits de la somme prêtée par le fonds Covid Résistance.

Dossiers instruits par Bpifrance

« Le Prêt garanti par l'Etat est doté de 80 milliards d'euros, mais ce circuit peut laisser de côté les plus petites structures, car leur statut ne les rend pas éligibles. Ce système para bancaire va leur offrir un peu d'air », a ajouté Olivier Sichel, directeur de la Banque des Territoires, qui fait ainsi travailler l'épargne du Livret A, dont la collecte a connu en avril un record à plus de 8 milliards d'euros. Des fonds de proximité semblables ont déjà été mis en place dans les régions Sud et Grand Est et bénéficient à plusieurs milliers d'entreprises. « Avec un dispositif tel que Covid Résistance, la sphère publique se coordonne pour être plus proche des territoires. En Bretagne, les collectivités sont d'ailleurs exceptionnellement solidaires car ce fonds les fédère toutes », s'est-il félicité.

Le dispositif s'appuie sur la plateforme de Bpifrance qui a pour consigne d'instruire rapidement les dossiers et fournira chaque semaine un suivi aux intercommunalités concernées.

Demain, des produits d'investissement dédiés au tourisme

« Covid Résistance doit permettre de ne laisser aucune entreprise, travailleur indépendant ou association sans solution d'accompagnement financier », espère Loïg Chesnais-Girard. « Il en va de la vitalité de notre territoire. Nous ne pouvons évidemment garantir un remboursement à 100 % des fonds (Ndlr : en cas de défaillance d'entreprise), mais si l'on sauve des milliers d'entreprises et des emplois, on aura réussi notre pari. Au-delà des questions de santé, il y a une forte angoisse sociale ».

Le président de la Région, qui a déjà mis plus de 100 millions d'euros sur la table pour soutenir les entreprises bretonnes, sait d'ailleurs que dans le secteur du tourisme, cela ne suffira pas et que « d'autres chose seront à inventer ». Les attentes du secteur sont fortes alors qu'un comité interministériel dédié au tourisme a lieu ce jeudi. Selon Olivier Sichel, au-delà de l'urgence, « il faudra aller vers des produits de type investissement ».