Metz : succès inattendu pour Bliiida, pépinière d'entreprises

REPORTAGE. À Metz, la grande halle, abandonnée depuis 2014 par les bus du réseau messin de transport urbain, est devenu un lieu de référence pour les nouveaux entrepreneurs. Pour répondre à l'engouement, la capacité d'accueil va passer de 120 à 400 résidents grâce aux travaux qui seront réalisés à partir de la mi-2019 pour 11,5 millions d'euros.
Le premier tiers-lieu du Grand Est. Une fois la rénovation de cet ancien dépôt de bus achevée, la capacité d'accueil passera de 120 résidents par jour à 400.
Le premier tiers-lieu du Grand Est. Une fois la rénovation de cet ancien dépôt de bus achevée, la capacité d'accueil passera de 120 résidents par jour à 400. (Crédits : DR)

Dans la grande halle, abandonnée depuis 2014 par les bus du réseau messin de transport urbain, les nouveaux entrepreneurs ont pris leurs quartiers. Ils sont menuisiers, architectes, artistes et designers, ou même banquiers, et travaillent côte à côte en quête d'innovations numériques. Sur 30.000 mètres carrés, la friche industrielle est devenue le premier tiers-lieu du Grand-Est. L'amateurisme du départ a cédé la place à la vision politique.

« Bliiida, c'est le symbole d'une volonté forte d'accompagnement des entreprises », reconnaît Philippe Hénaux, à la direction du développement économique de la métropole de Metz.

La capacité d'accueil (120 résidents) étant arrivée à saturation, la collectivité va enclencher la vitesse supérieure. La rénovation, qui débutera mi-2019 (pour 11,5 millions d'euros), effacera en partie le caractère post-industriel de la friche et la capacité d'accueil passera à 400 résidents par jour.

"Ne pas rester enfermés dans notre vieux passé industriel"

La friche Blida, qui portait le nom de l'avenue qui dessert ce quartier nord de Metz, s'est rebaptisée Bliiida. « Les trois i renvoient à l'inspiration, à l'innovation et à l'intelligence collective », explique Nicolas D'Ascenzio, responsable de l'association à laquelle la collectivité a délégué l'animation du lieu. Confié aux agences locales d'architecture GHA et CNB, le lifting permettra d'ouvrir la friche au grand public dès cet été, avec un restaurant et un magasin de produits régionaux.

Dans l'atelier, les activités qui engendrent poussière ou bruit seront mises à l'écart, permettant aux autres créatifs de travailler dans le calme. Le fab lab, atelier participatif qui dispose d'une dizaine de machines de prototypage, sera déplacé... dans le nouveau restaurant !

« C'est une idée des architectes », justifie Philippe Hénaux. La halle de l'abattoir sera aménagée sur 2.000 mètres carrés pour accueillir un incubateur local de startups, The Pool. « Nous recevons déjà 17 porteurs de projets », rappelle Martin Greder, qui dirige l'incubateur. Un parcours d'entrepreneuriat a été mis en place : trois mois de formation collective, un comité d'engagements, suivi de baux de six mois avec évaluations régulières. La moitié des candidats souhaite se lancer dans le secteur numérique.

« Nous réfléchissons aussi à accueillir une école du numérique. Il n'y en a pas dans la région », annonce Nicolas D'Ascenzio.

Le pool local de partenaires bancaires, présents dans les instances de gouvernance de Bliiida, sera prêt à saisir les meilleurs projets de startups pour cofinancer leur croissance.

Avec son projet de rénovation, le territoire messin tente de retenir ses entrepreneurs, qui pourraient être attirés par les écosystèmes bien structurés dans les métropoles voisines (Strasbourg) ou franchir la frontière vers le Luxembourg, à 50 kilomètres. « Certaines entreprises hébergées à Metz ont déjà reçu des appels du pied pour se relocaliser », reconnaît Philippe Hénaux.

« Il faut twister des endroits comme celui-ci si on ne veut pas rester enfermés dans notre vieux passé industriel », confirme Linh Tran, directrice du marketing de Divacore, fabricant d'accessoires audio hébergé depuis 2015 à Bliiida.

Après les travaux, l'ancienne friche sera accessible 24 heures sur 24. Nicolas D'Ascenzio entend placer son projet « dans le Top 5 national, aux côtés de la Belle de mai, à Marseille [100.000 mètres carrés, ndlr] et de la Halle Girard, à Lyon ».

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