Electro Dépôt ne s'est pas improvisé roi du bricolage... mais l'enseigne d'électroménager et d'électronique s'est rapprochée de la start-up parisienne Spareka pour servir sa politique globale de réduction de son empreinte carbone. « Cette volonté de proposer de réparer constitue pour nous un pivot stratégique : nous estimons que la transition écologique sera demain aussi importante que le virage actuel du digital », détaille Stéphane Belot, directeur de la transition écologique et sociétale chez Electro Depôt (95 magasins en Europe, 82 en France, 3 en Espagne et 9 en Belgique, plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires, 1800 collaborateurs).
Auto-diagnostic et auto-réparation
Le raisonnement va justement à l'encontre de la désormais très connue « obsolescence programmée » et du tout-poubelle. D'autant plus que 40% des gros appareils d'électroménagers jetés sont réparables et que 94% des pannes peuvent être résolues sans connaissances particulières. « Notre première motivation est citoyenne car nous considérons que nous, les distributeurs, devons être responsables : nous nous sommes donnés dix ans pour modifier profondément notre ADN en faveur de la transition écologique », poursuit Stéphane Belot. « Notre deuxième motivation est commerciale puisque les consommateurs attendent un accompagnement dans toute la durée de vie du produit », précise-t-il.
Pour aiguiller les apprentis bricoleurs, Spareka propose en effet de l'auto-diagnostic et même de l'auto-réparation via un chatbot ou via une visio avec un technicien : une simple pièce de peut faire repartir un lave-linge ou un lave-vaisselle pour trois ou quatre ans. A peu de frais puisque là, encore, trois auto-réparations sur quatre coûtent moins de 50 euros. « Nous perdons certes quelques ventes à court terme mais nous fidélisons les clients, avec une expérience de marque hyper positive, bien au-delà de notre engagement légal pour la garantie », résume Stéphane Belot.
Impact de la fabrication et de l'usage
Electro Dépôt a réalisé en début d'année son bilan carbone du groupe. « 90% de l'impact carbone de notre société provient pour un tiers de la fabrication et pour un tiers de l'usage, et non du transport. Comme nous sommes de grands vendeurs de produits à notre marque, nous travaillons déjà à exiger plus concernant leurs conditions de fabrication, leur durée de vie et leur « réparabilité » », explique le directeur de la transition écologique et sociétale.
Spareka, lui, se rémunère avec la vente de pièces détachées, rétrocédant une commission dans le cadre d'Electro Dépôt (le business model différant en fonction des prestations). « Nous possédons un spectre assez large pour proposer la bonne pièce pour le bon appareil », commente Antoine Dournel, directeur des partenariats chez Spareka. Dans un univers où il existe beaucoup d'acteurs de pièces détachées, Spareka se distingue « par la pédagogie mise en place, que ce soit dans les étapes de la réparation mais aussi dans les conseils d'entretien », poursuit-il. La start-up constate un net engouement pour le « do it yourself » depuis cinq ans, particulièrement visible pendant le premier confinement.
Une statistique est particulièrement parlante : « Une fois qu'une personne a réussi une réparation, on est à peu près sûr qu'elle réparera à nouveau. Nous sommes actuellement en discussion avec plusieurs acteurs, dont des fabricants et des assurances », explique Antoine Dournel. La levée de 5 millions d'euros réalisée en mai dernier va permettre en parallèle de mettre en place une marketplace, de développer l'international et de perfectionner les outils pédagogiques tout en augmentant le nombre d'appareils couverts. Pour que demain tout a chacun puisse devenir roi du bricolage.
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