Quelle est la situation économique aujourd'hui des Hauts-de-France  ?

Lors des Rencontres régionales de l'économie, organisées jeudi de façon virtuelle par la CCI Hauts-de-France, la Chambre d’Agriculture et la Chambre des métiers, la Banque de France a dressé un état des lieux de l'économie dans les Hauts-de-France, fortement touchée par les conséquences de la crise sanitaire.
Kathie Werquin-Wattebled, directrice de la Banque de France des Hauts-de-France.
Kathie Werquin-Wattebled, directrice de la Banque de France des Hauts-de-France. (Crédits : CCI Hauts-de-France)

L'impact a, sans surprise, été très violent : deux entreprises sur trois ont enregistré une brutale perte de chiffre d'affaires, notamment dans les secteurs de l'hôtellerie, la restauration, les commerces de détail et les services aux particuliers. « La baisse de rentabilité a atteint des niveaux jamais vus, si l'on fait référence à la crise économique de 2008-2009 », analyse Kathie Werquin-Wattebled, directrice de la Banque de France des Hauts-de-France.

Près d'un tiers des entreprises de la région étaient concernées par des difficultés de trésorerie au troisième trimestre. « Paradoxalement, la trésorerie des entreprises reste assez souple puisque la plupart d'entre elles ont mis en place des économies pour faire baisser leurs coûts. L'Etat a également fait son travail avec les moratoires sociaux et fiscaux et avec la mise en place du chômage partiel. Les banques aussi ont réalisé la prouesse de distribuer les prêts garantis par l'Etat (PGE) dans un délai très court », poursuit la directrice.

 7,3 milliards de PGE

Ce sont ainsi 32.778 prêts garantis par l'Etat (PGE) qui ont été accordés à 94% à des PME, ce qui représente 7,3 milliards sur les Hauts-de-France, pour un montant moyen de 215.000 euros. 23% des dirigeants estiment néanmoins qu'ils auront des difficultés à pouvoir le rembourser. Pour les entreprises n'ayant pas pu obtenir ces PGE, la médiation du crédit a instruit 1.182 dossiers, ce qui a débouché "sur 4.961 emplois préservés et 393 entreprises confortées".

Concernant l'import-export, là encore, la Banque de France note un effondrement. 62% des dirigeants concernés indiquent un recul de leur chiffre d'affaires à l'international au 3e trimestre. 30% des agriculteurs déclarent des pertes de débouchés à l'international. « Les deux courbes importations et exportations s'effondrent en même temps, aux alentours de 27%, et ça aussi c'est du jamais vu : depuis la seconde guerre mondiale, la croissance a toujours été tirée par l'international », souligne Kathie Werquin-Wattebled.

 Défaillances à venir

Pour ce qui est des défaillances d'entreprises, paradoxalement, « les présidents des tribunaux de commerce comptent moins de défaillances que l'année dernière mais c'est un effet d'optique parce que là aussi, les mesures d'aide mises en place par l'Etat ont joué pleinement leurs rôles : nous devons prévoir quand même une accélération des faillites pour les entreprises plus fragiles », a-t-elle précisé. Et tous les secteurs seront plus ou moins atteints.

Toujours à l'échelle régionale, 45.000 emplois ont été perdus au cours du premier semestre (contre près de 800.000 en France), sachant que 73% des dirigeants ont eu recours au chômage partiel. « Moins d'activité égale moins d'emplois mais l'Etat a mis en place beaucoup de dispositifs comme les emplois francs, comme des formations spécifiques, une action forte sur les décrocheurs de 16 à 18 ans, des primes pour l'apprentissage, etc. »

 Victimes collatérales

Contre toute attente, les investissements se sont plutôt bien maintenus même si on s'attend à une chute au cours de ce nouveau confinement.  « Certes il est plus facile de réduire les investissements que de mettre en place un plan social, mais moins d'investissement, cela implique moins de productivité mais aussi moins de commandes auprès des sous-traitants : ces derniers seront des victimes collatérales et l'impact sera assez significatif. J'invite donc les entreprises à s'emparer du plan de relance, qui présente une ligne spécifique pour les investissements productifs », explique l'experte.

A mi-septembre, un quart des entreprises des Hauts-de-France ne savaient pas quand elles pourraient retrouver le niveau normal d'activité : aujourd'hui, l'enquête mensuelle du mois d'octobre enregistre un coefficient d'incertitude bien plus élevé encore. « L'incertitude, c'est comme la Covid-19, il va falloir apprendre à vivre avec : les entreprises auront à être agiles, sans pour autant baisser les bras. On va s'en sortir mais il faut gérer la temporalité. Soyez assurés que tous les acteurs travaillent ensemble pour passer ce cap », conclut Kathie Werquin-Wattebled.

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