Benjamin Griveaux renonce à se présenter aux municipales de Paris

Par Ivan Capecchi  |   |  838  mots
À trente jours du scrutin, cette annonce laisse un peu plus le champ libre à Anne Hidalgo, candidate à sa réélection et donnée en tête du premier tour. (Crédits : POOL)
Après la diffusion, hier, d'une vidéo et d'une correspondance intimes dont l'authenticité reste à vérifier, Benjamin Griveaux a annoncé, ce vendredi, qu'il ne briguait plus la mairie de Paris.

Coup de tonnerre dans le ciel parisien. Benjamin Griveaux, la tête de liste de La République en Marche dans la course aux municipales de Paris, a annoncé, ce vendredi, jeter l'éponge. Cette annonce intervient un jour après la diffusion, sur internet et notamment les réseaux sociaux, d'une vidéo et d'une correspondance à caractère sexuel, dont l'authenticité n'a pas encore été confirmée ni démentie par l'intéressé.

Signe annonciateur de ce revirement : Benjamin Griveaux avait décidé d'annuler, dès jeudi soir, tous ses rendez-vous prévus ce vendredi matin, et notamment sa participation à un débat avec les autres candidats à la mairie de Paris, mais aussi de convoquer une réunion de crise à son QG.

"Torrent de boue"

"Je connaissais la dureté de la vie politique, a réagi le candidat LREM lors d'une courte allocution. Depuis plus d'un an, ma famille et moi avons subi des propos diffamatoires, des mensonges, des attaques anonymes, la révélation de conversations privées dérobées ainsi que des menaces de mort." Ce "torrent de boue", comme il l'appelle, l'a "affecté", dit-il. "Comme si cela n'était pas suffisant, a-t-il poursuivi, hier, un nouveau stade a été franchi. Un site internet et des réseaux sociaux ont relayé des actes ignobles mettant en cause ma vie privée". "C'est pourquoi, conclut l'ancien porte-parole du gouvernement et proche d'Emmanuel Macron, j'ai décidé de retirer ma candidature à l'élection municipale parisienne".

« Je ne souhaite pas nous exposer davantage, ma famille et moi, quand tous les coups sont désormais permis, cela va trop loin. Cette décision me coûte, mais mes priorités sont claires, c'est d'abord ma famille », a par ailleurs ajouté Benjamin Griveaux lors de son intervention, dénonçant « des attaques ignobles ».

Hidalgo toujours en tête

À trente jours du scrutin, cette annonce laisse donc un peu plus le champ libre à Anne Hidalgo, candidate à sa réélection et donnée en tête du premier tour, mais aussi à Cédric Villani, candidat dissident à la mairie de Paris, qui avait refusé de se retirer de la course aux élections municipales, malgré son exclusion du parti La République en Marche, qui lui avait préféré Benjamin Griveaux. Cette défection pourrait aussi profiter à Rachida Dati, candidate (LR), qui se place, selon les derniers sondages, en deuxième position des intentions de vote.

Selon Le Monde, "plusieurs noms sont déjà envisagés pour remplacer Benjamin Griveaux, dont ceux des députés Mounir Mahjoubi et Pierre-Yves Bournazel, du sénateur Julien Bargeton [...] ou encore de la maire du 9e arrondissement, Delphine Bürkli."

Villani adresse son "soutien"

"J'adresse à Benjamin Griveaux, ainsi qu'à sa famille, mon soutien plein et entier dans cette épreuve. Je prends acte de sa décision difficile", a réagi, ce vendredi sur Twitter, Cédric Villani, qualifiant d'"attaque indigne" celle qui a visé son rival dans la course aux municipales.

"J'appelle au respect de la vie privée et au respect des personnes", défend de son côté l'actuel maire de Paris, Anne Hidalgo, dans un communiqué. La maire sortante, qui a fait de la protection de l'environnement l'une de ses priorités de campagne, poursuit en affirmant que les "Parisiennes et les Parisiens méritent un débat digne", notamment concernant "la transformation de la ville pour s'adapter à l'urgence climatique", rappelant, ainsi, que la course aux municipales suit son cours malgré tout.

Revenge porn

L'artiste activiste russe Piotr Pavlensky a revendiqué, auprès de Libération, être à l'origine de la diffusion des images de Griveaux. Par ce geste, l'homme dit vouloir "dénoncer l'hypocrisie" du désormais ex-candidat concernant le sujet de la famille. "C'est quelqu'un qui s'appuie en permanence sur les valeurs familiales, qui dit qu'il veut être le maire des familles et cite toujours en exemple sa femme et ses enfants. Mais il fait tout le contraire.", développe-t-il auprès de nos confrères.

Cette affaire pose aussi la question du revenge porn, cette pratique qui consiste à se venger d'une personne en rendant publics des contenus pornographiques. La réalisatrice militante et féministe Ovidie a d'ailleurs tenu à rappeler, sur Twitter, que le "revenge porn est passible de deux ans d'emprisonnement et 60.000 euros d'amende""Le signal qui est envoyé ce matin, note-elle, c'est qu'en cas de revenge porn, c'est à la victime de partir (de son établissement scolaire, de son taf...)."