Cinq grands projets du Grand Paris

La Tribune et le Journal du Grand Paris organisent le 4 juillet leur premier Forum économique du Grand Paris, au cours duquel seront décryptés cinq des grands projets d'aménagement en cours de réalisation pour la future métropole.

Le Grand Paris est le plus grand projet de développement économique du monde », résumait Jean Lemierre, président de BNP-Paribas, l'an dernier à la tribune du IIe Forum Grand Paris : « Innover pour réussir », organisé par Paris-Île de France Capitale économique. Bien plus encore qu'un projet de développement économique, les multiples axes métropolitains - qu'il s'agisse de mobilité, d'aménagement ou d'énergie -, incarnent tous un mouvement de transition puissant, que le préfet Jean-François Carenco décrit comme une nouvelle renaissance. Il faut voir les ébauches de projets de gares du Grand Paris express, qu'elles soient signées par Jean-Marie Duthilleul, Philippe Gazeau ou Christian Devillers... en plus d'être lumineuses et poétiques, toutes sont centrées sur l'expérience utilisateurs : frugales, économes, utiles.

« L'objectif n'est pas que l'on dise "cette gare est belle" mais "l'expérience utilisateurs de cette gare est belle" », résume l'architecte Jacques Ferrier, auteur de la charte architecturale commune aux 68 gares du Grand Paris express.

Ce n'est pas tout à fait par hasard, sans doute, si la métropole du Grand Paris a choisi de soutenir les projets de franchissements, de passerelles et autres ponts de ses communes-membres comme l'une de ses premières initiatives. À côté du réseau de métro automatique - dont les effets de fluidification demeurent sous-estimés, y compris en grande couronne, puisque les lignes de RER seront interconnectées avec le Grand Paris express -, la « couture », qu'elle soit urbaine, sociale ou économique, constitue un des objectifs cardinaux du Grand Paris.

Le « Grand Pari », comme on dit, consiste à recoudre les balafres ferroviaires ou routières qui séparent des quartiers d'une même ville, à relier entre eux les pôles stratégiques, à organiser les circulations, les grands projets comme les servitudes, à l'échelle de la Région. Qu'elle qu'en soit la gouvernance. Ce n'est pas un hasard, non plus, si le premier clash entre élus métropolitains est intervenu, il y a quelques jours, à propos de la fermeture des berges de la rive droite. Si personne ne conteste que la lutte contre les particules fines constitue un enjeu de santé publique, la vivacité des échanges sur le sujet au sein de l'hémicycle métropolitain n'est que la démonstration qu'il est désormais impossible, même pour Paris, de décider seul de sujets régionaux.

L'ouverture de la Défense au coeur de son projet stratégique

« La Défense et ses prolongements séduisent autant, voire davantage, les investisseurs étrangers que le quartier d'affaires lui-même, surtout quand il s'agit de fonds souverains capables d'investir dans des macrolots mixtes de 200.000 m2 », fait valoir Hugues Parant, directeur général de l'Epadesa (Établissement public La Défense Seine Arche). Un projet stratégique à dix ans (2016-2026) - une première - a été élaboré pour pérenniser avec, comme priorité, l'ouverture du plateau d'affaires sur son territoire environnant.

Fin 2016, l'ouverture de l'Arena Nanterre, la plus grande salle de spectacles recouverte de France, signée par Christian de Portzamparc, sera un signal fort de cette stratégie d'ouverture. Une étape incontournable pour un quartier qui a atteint ses limites, tant économiques que foncières. La fusion des deux structures d'aménagement, l'Epadesa et Defacto, en 2017, confirmée récemment par Matignon, doit contribuer par ailleurs à lui redonner de l'oxygène financier.

En 2020, La Défense Seine Arche sera desservie par Eole, le prolongement du RER E et, d'ici à 2027, de deux gares de la partie ouest de la ligne 15 du Grand Paris express. Selon la Société du Grand Paris, « l'objectif est de mettre La Défense en réseaux avec les autres territoires stratégiques du Grand Paris », dont les aéroports de Roissy et du Bourget via la ligne 16 du futur métro, mais aussi d'Orly, via la connexion à la ligne 14 au niveau de Villejuif-Institut Gustave Roussy.

Dans ce contexte, « l'opération des Groues, qui vient d'être lancée à Nanterre et fait l'objet d'un appel à manifestation d'intérêt, va forger l'avenir de l'espace tertiaire de La Défense, commente Hugues Parant. Notre objectif est que le quartier soit attractif dans dix ans, tant grâce à de nouvelles manières de travailler et d'échanger, que dans ses nouvelles formes d'habitat et de commerce, poursuit-il. L'innovation majeure consistera à réussir le mélange harmonieux entre les diverses activités, les différents types de logements, de bureaux et de commerces, afin d'éviter tous les possibles effets ghetto ».

Autour des gares du Grand Paris Expresse : zoom sur Créteil-L'Échat

La gare de la ligne 15 sud de CréteilL'Échat sera localisée à proximité du CHU Henri Mondor, à Créteil. Située sous la rue Gustave-Eiffel, devant l'actuelle gare routière, elle permettra la correspondance avec la ligne 8 du métro. En août 2014, Laurent Cathala, maire de Créteil, a confié à la SGP une mission d'aménagement du quartier de CréteilL'Échat, au-delà du périmètre de la seule gare. Il s'agit d'emprises, sur une surface globale de 5 hectares, appartenant pour partie à l'hôpital Henri-Mondor (AP/HP) et pour partie au département du Val-de-Marne. Mi-2015, le groupement constitué de Nexity, Michel Guthmann, architecte, 51AA et Base, a été désigné par la ville de Créteil, Créteil-Habitat-Semic et la Société du Grand Paris pour réaliser un programme mixte de 22.000 m2.

Le projet prévoit 8.500 m2 de logements, 7.500 m2 de résidence mixte étudiante et tourisme, et 6.000 m2 de bureaux. Le programme prévoit également la création d'une halte-garderie ainsi que de multiples espaces de sociabilité, publics et privés, destinés aux futurs habitants du quartier. Le projet sera réalisé en harmonie avec la gare, dessinée par l'agence Anma.

« Les aménagements prévus autour de la gare de Créteil-L'Échat prendront en compte tout ce qui fait la richesse de la vie urbaine à Créteil : le logement, l'emploi, le cadre de vie et la mobilité, fait valoir Laurent Cathala, maire (PS) de Créteil. L'ambition écologique que nous portons à Créteil permettra de faire du secteur de L'Échat une vitrine de ce que l'on peut faire de mieux en matière de transition énergétique », ajoute le maire.

« Aujourd'hui, le site de la gare de CréteilL'Échat est essentiellement en devenir, il n'y a qu'un petit accès à la ligne 8 du métro, un grand parking et l'hôpital Henri-Mondor, indique Cyril Tretout, de l'agence Anma, en charge de la gare. Il y a beaucoup de projets connexes à construire. Il faut, avec la gare, rouvrir une porte d'entrée à ce lieu, redonner un parcours pour le voyageur, intégrer tous les modes de transports, et notamment les bus, dans une continuité végétale, apaisée, évidente ».

Eurodisney Val d'Europe, plus qu'un hub touristique ?

Il y a trente ans, les cinq communes du territoire Val d'Europe (Bailly-Romainvilliers, Chessy, Coupvray, Magny-leHongre, Serris et Villeneuve-le-Comte) situées au nord de la Seine-et-Marne (77) étaient des petits villages de campagne peuplés de seulement quelques centaines d'habitants. Près de trois décennies plus tard, elles en comptent au total 35.000, accueillent 30.000 emplois et 2.300 entreprises !

Cette croissance est la conséquence de l'implantation du parc Disneyland dans les années 1980, dont les développements ont profondément changé le paysage de ce territoire francilien. En quelques décennies, Val d'Europe est donc rapidement devenu un « cluster touristique » qui accueille 15 millions de visiteurs par an, ce qui en fait la destination la plus prisée d'Île-de-France avec Paris intra-muros et Versailles, mais aussi le cinquième pôle hôtelier en France avec 8.500 chambres. On pourrait aussi ajouter les 6,5 millions de visiteurs des centres commerciaux de la « Vallée Village », située au sud du territoire, au niveau de l'une des deux stations du RER A qu'il compte.

Forts de ces atouts, les acteurs privés et publics espèrent désormais ancrer la position de Val d'Europe en tant que pôle économique francilien. Pour ce faire, ils comptent en premier lieu améliorer les liens entre emplois et logements. En effet pour l'instant, les habitants du Val d'Europe travaillent principalement à l'extérieur du territoire : dans les aéroports, à Marne-La Vallée et, bien sûr, à Paris. Afin de faire changer la donne, une nouvelle phase de développement du territoire Val d'Europe, enclenchée en 2014, prévoit la construction de plusieurs milliers de logements sociaux, intermédiaires et libres, mais surtout de plus de 200.000 mètres carrés de bureaux et de commerces. En outre, les acteurs publics et privés ont pour objectif de développer un vrai pôle universitaire et d'accueillir entre 3.000 et 4.000 étudiants dans les prochaines années. Ainsi, le Val d'Europe pourrait définitivement devenir l'un des « centres de gravité » franciliens, nécessaire au développement métropolitain.

Chapelle International : un hôtel logistique et un nouveau quartier

Deux navettes ferroviaires urbaines (NFU), contenant chacune une soixantaine de caisses mobiles urbaines, livreront chaque jour le terminal ferroviaire urbain (TFU) de Chapelle International, en partenariat avec Eurorail et XPO Logistics. L'hôtel logistique (33.000 m2 de logistique urbaine) réalisé par Sogaris, assurera l'approvisionnement de la capitale en équipement de la maison (bricolage, décoration) et de la personne (textile, cosmétique). Il pourra également accueillir des activités de messagerie urbaine. Trois ponts roulants permettront de décharger et de charger les navettes, dans un terminal central de quelque 390 m de longueur. Un appel à manifestation d'intérêt a été lancé en 2014 pour la gestion de l'espace urbain de distribution dédié à la messagerie urbaine et au fret express.

L'hôtel logistique comptera quatre niveaux (une pépinière d'entreprises et une école supérieure au 3e niveau, et une toiture végétalisée de 15.000 m2 destinée aux activités sportives et à l'agriculture urbaine, au 4e niveau). Sur cet ancien site de la SNCF, Chapelle international regroupera 10.000 m2 d'activités tertiaires et 2.000 m2 d'activités complémentaires, composées notamment d'un datacenter.

Chapelle international sera également un nouveau quartier, aménagé par SNCF Immobilier. Dessiné par Djamel Klouche (AUC) - OGI, Bas Smets et Snaik composent aussi l'équipe de maîtrise d'oeuvre urbaine -, cet ensemble de 7 hectares prévoit 900 logements. Cinq immeubles de 50 m de hauteur s'y élèveront, ainsi que des équipements divers, crèche, gymnase et école.

Djamel Klouche y développe son concept baptisé SoHo, Small office Home office, qui consiste à superposer habitations et bureaux, les seconds étant occupés par les locataires des premiers. 33.000 m2 de bureaux sont prévus, dont 8.500 m2 de SoHo.

« L'opération présente une programmation résidentielle très diversifiée : sociaux, intermédiaires, en accession, résidence pour étudiants, logements pour chercheurs, foyer pour travailleurs migrants », souligne SNCF Immobilier.

Inventer les hubs du Grand Paris soixante sites en lice

Dans un Pavillon Baltard à Nogent-sur-Marne plein à craquer, tous les acteurs de la Métropole du Grand Paris (MGP) ont lancé, le 23 mai 2016, dans l'enthousiasme, l'appel à projets « Inventons la métropole ». Soixante sites métropolitains seront sélectionnés à la rentrée pour participer à cette démarche dont les lauréats seront désignés à la fin de 2017. Deux mots d'ordre : imaginer et innover. Après seulement quelques mois d'existence, la toute jeune entité intercommunale entend ainsi faire la preuve de sa capacité à créer une émulation métropolitaine.

Sur le modèle de « Réinventer Paris », la MGP, en partenariat avec la préfecture de Région et la Société du Grand Paris (SGP) veut valoriser des « situations urbaines différentes et complémentaires, représentatives de la diversité des territoires de la métropole et de leur potentiel ». Il s'agira des « hubs internationaux » autour des gares du métro du Grand Paris Express, mais aussi des centres-bourgs à renouveler, des friches à réhabiliter, des bâtiments en reconversion ou encore des fonciers situés sur des « coupures » ferroviaires ou routières. Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris, milite en faveur d'une « diversité des sites » pour diversifier également les propositions et « pouvoir intéresser des promoteurs de toute taille ».

« Il ne s'agit pas d'une commande publique, mais d'un appel à projets qui pourra donner lieu ensuite à une cession de charges foncières ou à une mise à disposition de foncier », préviennent les services de la métropole. La MGP a attribué un budget de 2,4 millions d'euros à l'opération.

Les modalités de ces concours vont être fixées en tirant les enseignements de la première édition de « Réinventer Paris ». L'opération, très médiatisée, n'a pas fait que des heureux. En particulier auprès des nombreux groupements éconduits, pas toujours indemnisés. L'idée, désormais, est donc de revoir à la baisse les exigences faites en amont de la première sélection, puis de réduire le nombre d'équipes sélectionnées. J

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Commentaire 1
à écrit le 08/07/2016 à 20:01
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Quand 80 % des Français vivront dans le grand paris ce sera le paradis

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