Geoffroy Didier : « Construire plus et construire mieux »

Depuis le début de l'année, il est également président de l'Établissement public foncier (EPF) d'Île-de-France, résultat du regroupement, en janvier 2016, des quatre EPF franciliens existants, et étape importante pour le Grand Paris du logement et de l'aménagement. Propos recueillis par Isabelle Boucq.
À la Région Île-de-France, Geoffroy Didier est vice-président chargé du logement et de la politique de la ville.

LA TRIBUNE - Quelle est la politique du logement de la Région ?

GEOFFROY DIDIER - Autour de Valérie Pécresse, nous mettons en oeuvre une nouvelle stratégie : construire plus et construire mieux. Pour renforcer la dynamique de construction, nous disposons d'un outil particulièrement puissant : l'EPF Île-de-France qui, d'ici à 2020, va acquérir près de 2 milliards d'euros de foncier en plus du stock de 1,5 milliard. Objectif : libérer ce foncier et rendre ainsi possible davantage d'opérations de construction de logements. Pour fluidifier le marché, nous augmentons de 50% les cessions de foncier d'ici à 2020, supprimons toutes les contraintes normatives venues s'ajouter aux lois et cédons les terrains à prix coûtant.

Nous voulons être des facilitateurs : nous sommes un outil au service des maires, de leurs projets, de ceux qu'ils choisissent pour les mettre en oeuvre. Nous ne sommes pas un instrument de spéculation. La Région va aussi continuer à aider les communes avec le financement des 100 quartiers innovants et écologiques qui intègrent toutes les préoccupations environnementales. Résultat : avec 86.000 autorisations de chantier depuis un an, l'Île-de-France a vécu une année record.

L'objectif annuel du schéma directeur (Sdrif) est de 70.000 logements en Île-de-France, mais avec 60.000 nouveaux résidents par an, nous avons besoin de construire encore plus.

Qu'en est-il des opportunités foncières en Île-de-France ?

Il en existe un grand nombre, et la Région montre l'exemple en déménageant son siège, qui quittera en début d'année prochaine le VIIe arrondissement de Paris pour s'installer en Seine-Saint-Denis, à Saint-Ouen. Ce siège nouvellement construit réunira plus de 2.000 agents, suscitant la création d'un nouveau quartier, avec des logements, une gare de la ligne 14 et une halle de commerces et artisans. Nous montrerons aussi l'exemple en libérant notre propre foncier. Nous finalisons actuellement le recensement du foncier aux abords des lycées que la Région possède. Leur valorisation contribuera à financer la rénovation de nos lycées, tout en permettant aux maires de réaliser leurs projets communaux.

Chaque cession s'effectue dans le cadre d'une convention avec la mairie. Avec les maires bâtisseurs, de véritables projets structurants sont en cours de conception ou de réalisation autour des nouvelles gares du Grand Paris Express qui exigeront de nombreux nouveaux logements, ou autour du défi de l'attractivité de l'Île-de-France, du fait du Brexit. Pour faciliter l'installation de nouvelles entreprises, la Région a pris l'initiative de créer, en lien avec l'État et la mairie de Paris, un guichet unique permettant aux entreprises intéressées de disposer d'un seul et même interlocuteur.

Quels sont les autres défis en matière de logement ?

Le nombre de logements n'est pas l'unique défi à relever, leur prix l'est tout autant. Vivre à Paris devient impossible pour les familles et les classes moyennes. Il en résulte un allongement de la distance entre le domicile et le lieu de travail, avec un trajet moyen d'une heure et demie par jour pour les Franciliens, et même de deux heures pour un Francilien sur cinq. Construire mieux, c'est donc d'abord construire plus près des bassins d'emploi et des futures gares du Grand Paris Express. C'est aussi assumer de vouloir casser la spirale infernale de ghettoïsation urbaine. Les deux tiers des logements sociaux d'Île-de-France sont concentrés sur 7% des communes ! Nous favorisons donc la mixité sociale en ne finançant plus de logements très sociaux dans les communes qui en comptent plus de 30%. Soyons clairs : nous ne sommes pas des ennemis des logements sociaux, puisque nous investissons cette année 78 millions d'euros dans leur construction.

En revanche, nous voulons mieux les répartir, permettre une véritable mixité sociale et arrêter de concentrer les difficultés aux mêmes endroits.

Pour lutter contre cette ghettoïsation, nous accompagnons massivement le nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) en investissant 250 millions d'euros pour désenclaver et humaniser les quartiers les plus en difficulté autour de trois priorités : la sécurité, le développement des services et commerces en pied d'immeuble et les équipements pour l'enfance et la jeunesse.

Quelles sont vos réflexions sur la ville de demain ?

Elle doit se penser de manière globale, moderne et simplifiée. De manière globale puisque nous ne pouvons plus être un acteur unique sur le logement, un autre sur le transport, un troisième sur le développement durable. De manière moderne, puisque la ville de demain doit prendre en compte les mutations sociales, par exemple en construisant des logements adaptés aux familles monoparentales et aux personnes âgées qui veulent pouvoir continuer à vivre chez elles. Vivre avec notre temps implique de saisir l'enjeu de la réversibilité entre les logements et bureaux ou encore accompagner la nouvelle culture de l'usage pour tous les travailleurs en mobilité qui ne veulent pas forcément devenir propriétaires. Ce qui n'empêche en rien de vouloir aider tous ceux qui souhaitent le devenir. À ce titre, la Région proposera prochainement un prêt à taux zéro permettant à certains Franciliens, sous conditions de ressources, de devenir propriétaires.

Qu'est-ce qui pourrait renforcer votre action en la matière ?

Il est urgent que l'État clarifie et simplifie nos institutions afin de rendre plus performante la construction du Grand Paris. Disons-le : le Grand Paris de demain, c'est l'Île-de-France ! Qui peut croire à un Grand Paris compétitif sans Roissy, sans Saclay, sans Cergy, sans Marne-la-Vallée et sans Versailles ? Construire le Grand Paris, c'est prendre le pari de voir plus grand. Face à la concurrence des grandes métropoles, notre devoir est de mobiliser toutes nos forces en une seule structure : collectivité unique pour les Franciliens, guichet unique pour les investisseurs. Mais à la simplification institutionnelle doit s'ajouter la clarté et la stabilité normative. Les acteurs du logement ont besoin de confiance et de constance.

Autour de Valérie Pécresse, nous supprimons les contraintes excessives et inutiles et demandons au gouvernement des sanctions plus lourdes contre les recours abusifs qui empoisonnent la vie des acteurs privés. Une bonne politique du logement exige de la rapidité, du pragmatisme, bien plus que de l'idéologie.

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Propos recueillis par Isabelle Boucq.

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Commentaire 1
à écrit le 28/08/2017 à 19:06
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Ce texte est un tissu de novlangue sorti de cabinets conseils là uniquement pour faire croire que l'on travaille effectivement, comme si des politiciens pouvaient nous tromper. Pas de commentaire je suppose que c'est pour épargner les bénéficiaire...

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