Grand Paris : l'architecte Roland Castro interpelle Emmanuel Macron

Par César Armand  |   |  700  mots
Le Grand Paris (Crédits : iStock)
Auteur d'un rapport sur "Paris en grand", l'architecte-urbaniste Roland Castro demande au chef de l'Etat de lui "donner un blanc-seing" pour piloter le projet de réforme du Grand Paris.

Autant Roland Castro rêve que les maires de la métropole-capitale accolent Paris au nom de leur commune, sur le modèle des établissements publics comme Paris-La Défense. Pour autant, l'architecte et urbaniste dézingue l'idée du candidat aux municipales Cédric Villani qui consisterait à "agrandir" la capitale en transformant les vingt-deux communes limitrophes en vingt-deux arrondissements supplémentaires.

"Il raconte une énorme connerie en prononçant une annexion pure et simple. Cela ne tient pas debout son truc", estime-t-il. "[En revanche], si l'on se profile vers une alliance Hidalgo-Villani, qu'on profite du prestige de ce dernier pour en faire un ambassadeur de Paris".

Engueulade avec Griveaux

S'il avait imaginé un Central Park du Grand Paris il y a quelques années, le fondateur du cabinet Castro Denissof Associés critique aussi le projet de Benjamin Griveaux en la matière. Sur LCI, Roland Castro l'a qualifié d'"invraisemblable", "compliqué", "foireux", "hâtif" et de "pas intelligent".

Evidemment, de tels mots n'ont pas plu au candidat d'En Marche qui a passé un coup de téléphone à l'architecte-urbaniste: "Il m'a engueulé en me disant 'Tu aurais pu m'appeler avant de dire ça !' Je lui ai répondu: 'C'est à toi de m'appeler avant de dire ça !'".

Au service d'Hidalgo et d'Ollier

En réalité et sans surprise, Roland Castro soutient la maire-candidate (PS) Anne Hidalgo. "Elle fait un boulot formidable avec cette idée de transformer les rues en ne séparant pas les espaces verts et des espaces construits", assure-t-il.

Il applaudit ainsi la proposition selon laquelle chaque Parisien doit vivre à moins de 200 mètres d'un espace vert. Lui-même a effectivement toujours imaginé davantage d'agriculture urbaine, de toits végétalisés et de jardins partagés.

"Son idée est géniale", s'enthousiasme-t-il. "Ça peut être planter un arbre, faire pousser des radis !"

Un an et demi après sa mission pour le président de la République sur "Paris en grand", restée lettre morte, et à la veille d'une concertation que conduira le gouvernement au lendemain des élections, Roland Castro se met en outre au service d'Anne Hidalgo et de Patrick Ollier.

La maire de la Ville et le président (LR) de la Métropole, soutenu par En Marche dans sa commune de Rueil-Malmaison, lui ont adressé, le 10 janvier dernier, un courrier en ce sens. "Nos collaborateurs sont à votre disposition pour faciliter la poursuite de vos réflexions sur le Grand Paris et y contribuer", écrivent-ils de concert.

Une AG des 450 services des parcs et jardins

Dès lundi 17 février, annonce-t-il à La Tribune, l'architecte-urbaniste va les retrouver pour organiser cela et mettre en route deux choses: "le plan du Grand Paris et la création d'une école de l'urbanité".

"Je rêve déjà de réunir les architectes franciliens à la Mutualité, puis 450 maires au Cercle d'Hiver, et enfin à la U-Arena d'une assemblée générale des 450 services des parcs et jardins pour qu'ils mélangent leurs expériences", confie-t-il.

Roland Castro refuse d'être payé, mais veut "juste" un chauffeur car il ne conduit plus. Dès qu'Anne Hidalgo et Patrick Ollier seront réélus, il espère que la structure sera créée "avec une secrétaire générale sérieuse, une bande de dessinateurs qui racontent l'histoire, qui la montrent à tout le monde, bref une méthode qui associe aussi les élèves des collèges et des lycées".

"L'impasse ne fait que trop durer"

Parallèlement, il essaie de voir le ministre des Territoires Sébastien Lecornu "qui n'est pas con, ni entouré de cons", censé piloter la consultation de l'exécutif, ainsi que le ministre de la Ville et du Logement Julien Denormandie.

"Macron devrait me faire confiance. Il n'a jamais été maire. Il ne sait pas de quoi il s'agit. L'impasse ne fait que trop durer", insiste-t-il. "Qu'on me donne un blanc-seing et qu'on me vire au bout d'un an, s'ils veulent."

Cela tombe bien: le projet de loi sur la décentralisation, la déconcentration et la différenciation, véhicule législatif pensé pour clarifier l'imbroglio institutionnel actuel, risque d'arriver, au plus tôt, au Parlement en janvier 2021.