Recruter 5.000 « CDI intérimaires », la proposition choc de Samuel Tual, Pdg d'Actual Leader Group

L’expérimentation démarre en Mayenne. Faute de trouver les compétences adéquates aux besoins des entreprises, Actual Leader Group, 7e agence d'intérim française, ambitionne de recruter 500 candidats en CDI, d'abord dans les Pays de la Loire, et de les former. La démarche pourrait concerner jusqu'à 5.000 personnes d’ici à 2024 sur l’ensemble du territoire national.
Pour Samuel Tual, pdg d'Actual Leader Group, « l’originalité de la démarche, c’est la certitude d’avoir un emploi pérenne et d’autre part, pour l’entreprise, la garantie de ne pas financer une personne qui ne soit pas, ou pas totalement, opérationnelle ».
Pour Samuel Tual, pdg d'Actual Leader Group, « l’originalité de la démarche, c’est la certitude d’avoir un emploi pérenne et d’autre part, pour l’entreprise, la garantie de ne pas financer une personne qui ne soit pas, ou pas totalement, opérationnelle ». (Crédits : Sylvain MALMOUCHE)

Entre des formations qui ne débouchent pas forcément sur un emploi, direct et pérenne, et des entreprises qui souffrent d'une pénurie de compétences, le président d'Actual Leader Group, septième groupe français d'intérim avec 2.900 collaborateurs et 550 agences en France, et président du Medef Pays de la Loire, a tranché.

« Nous prenons le contrepied des pratiques en place qui consistent à financer avec de l'argent public la formation d'un demandeur d'emploi, puis à lui proposer un poste », explique Samuel Tual, par ailleurs président du Medef Pays de la Loire.

Ce contrepied, c'est la proposition d'un CDI dit « intérimaire » comprenant une période de formation de six mois, à l'issue de laquelle le ou la candidate intègre une ou plusieurs entreprises.

« CDI intérimaire », quésaco ?

Comment ça marche ? Le « CDI intérimaire » prévoit qu'une agence d'intérim puisse employer en contrat à durée indéterminée un salarié tout en le détachant sur des missions à durée déterminée. Avec pour corollaire des différences importantes par rapport à un contrat de travail temporaire classique: pas de période d'essai, pas de versement en numéraire d'indemnités compensatrices de congés payés en fin de mission, pas de délai de carence entre deux périodes d'activités successives sur le même poste de travail, etc.

Pour l'entreprise utilisatrice, c'est tout bénéfice , cela permet des missions plus longues et la fin de mission ne lui est pas imputée pour le calcul du bonus-malus applicable aux contributions patronales d'assurance chômage (*). Le salarié, lui, perçoit une rémunération mensualisée, comme dans un CDI classique, qu'il soit en mission ou non.

Une réponse aux problématiques de mobilité

Côté mise en œuvre, une dizaine de métiers en tension ont été identifiés sur le territoire, avec le concours d'entreprises locales : conducteur de lignes de production, agent de maintenance, soudeur, maçon, électricien, mécanicien, menuisier, poseur, etc. «La difficulté est de convaincre les demandeurs d'emploi très éloignés de l'emploi qu'on leur propose un métier d'avenir, auquel ils n'ont pas forcément pensé et qu'ils ont besoin d'acquérir des compétences sur des métiers qui ont beaucoup évolué », observe-t-il.

Expérimentée en Mayenne avec une dizaine d'entreprises dans les secteurs de l'industrie et de l'agroalimentaire (Lactalis, Rapido...), la démarche démarre avec 10 candidats, sélectionnés en interne dans le réseau d'agences locales, sur deux métiers : conducteurs de ligne et agent de maintenance. Au cours des prochains mois, le dispositif devrait concerner 100 demandeurs d'emplois dans ce département et s'ouvrir à un département voisin au cours du deuxième trimestre.

D'ici à la fin de l'année, 500 postes seront proposés sur l'ensemble du territoire des Pays de la Loire. « Ce doit être aussi une réponse aux besoins de proximité et aux problématiques de mobilité où un candidat du Nord Mayenne refuse un emploi dans le Sud du département», souligne Samuel Tual. Selon l'accueil reçu, l'expérimentation pourrait être étendue à une dizaine de régions françaises et toucher 5.000 demandeurs d'emplois d'ici à 2024. « On apporte une vraie réponse aux entreprises qui aujourd'hui sont obligées de prendre un risque financier en embauchant des personnes, en les formant, sans qu'elles soient totalement opérationnelles... Ce qu'elles font, déjà, mais de façon limitée en raison des coûts. L'ambition est d'accélérer par l'innovation sociale», indique le président d'Actual Leader Group.

Le problème du financement

Créé en 2018, ce statut de CDI Intérimaire représenterait 6% de l'emploi intérimaire en France. Au-delà des 130.000 personnes embauchées chaque année sous contrats temporaires de travail (25.000 équivalents temps plein), Actual a déjà mis en œuvre 600 CDI intérimaires.

« Mais cette fois, le pari est un peu plus audacieux . Il s'agit de recruter des gens que l'on ne connaît pas bien.»

Des personnes en cours de reconversion professionnelle, de changement de vie, des jeunes, des seniors, des réfugiés... dont les compétences sont en inadéquation avec le marché du travail et qui recherchent un emploi dans un rayon de 30 minutes. Chaque demandeur pourra être adressé par Pôle emploi, les conseils départementaux, les missions locales, les collectivités territoriales et les intercommunalités qui mettent en œuvre un Plan local pour l'Insertion et l'Emploi (PLIE).

« Nous sommes dans une région où le taux de chômage (7,8%) est l'un des plus bas de France, mais il reste élevé. Malgré une croissance forte depuis la reprise de 2020, le pays compte 1 million d'emplois non pourvus, dont 200.000 dans le numérique. Je ne connais pas un secteur qui ne doive faire face à une pénurie de compétences ou au manque d'attractivité. Le phénomène ne date pas d'hier, mais s'accentue avec les nouveaux métiers », observe le dirigeant d'Actual Leader Group qui cherche à amener « davantage de flexibilité à un coût identique » pour les entreprises en leur garantissant un personnel totalement opérationnel. Et à permettre aux candidats d'obtenir un emploi pérenne.

Pour Actual Leader Group, il s'agit maintenant de faire bonifier et conceptualiser son dispositif pour limiter les coûts pour l'entreprise.

«Embaucher un demandeur d'emploi coûte en moyenne 24.000 euros par an. Il y a des façons beaucoup plus économiques de traiter le sujet dans la durée. C'est une façon de dire aussi aux collectivités, à l'Etat et la région que l'argent dépensé dans la formation des demandeurs d'emploi a montré ses limites. Pour l'heure, le problème, c'est le financement », admet Samuel Tual.

« On ne rentre pas dans toutes les cases. Et le groupe n'a pas vocation à perdre de l'argent », défend le président d'Actual Leader Group, qui entend convaincre l'Etat, la région, les départements... de rediriger les financements jusque-là fléchés vers les organismes de formation. Pour, à ses yeux, sortir les candidats de l'assistance et faire gagner en compétitivité les entreprises.

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NOTE

(*) Ce nouveau « bonus-malus » consiste à moduler le taux de la contribution patronale d'assurance chômage, actuellement fixé à 4,05 %, à la hausse (malus), ou bien à la baisse (bonus) en fonction du « taux de séparation » des entreprises concernées. Pour information, ce « taux de séparation » correspond au nombre de fins de contrat de travail ou de missions d'intérim donnant lieu à inscription à Pôle emploi (hors démission et autres exceptions), rapporté à l'effectif annuel moyen de l'entreprise. (Source: Weblex)

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Commentaires 4
à écrit le 20/04/2022 à 10:14
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J'adore ce genre d'initiative venant d'un type qui a fait sa fortune sur le travail d'autrui. C'est un parasite ce Mr Tual ! Les entreprises font appel à l'interim pour de mauvaises raisons et contre les travailleurs. C'est souvent pour des motifs...

à écrit le 11/02/2022 à 10:28
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"CDI intérimaires" Donc un Contrat à Durée Indéterminé ,mais qui serait temporaire ! Une période d'essai est plus longue en CDD qu'en intérim : Elle est de maximum 1 mois pour un CDD tandis qu'elle est au plus de 5 jours pour un contrat d'intér...

à écrit le 11/02/2022 à 9:17
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toutes les initiatives sont bonnes, cela dit faut pas oublier que bcp de gens competents font de l'interim, ce qui leur permet d'empocher les primes de precarite, et d'avoir plus de temps de loisirs entre 2 boulots, vu qu'ils savent qu'ils vont retro...

à écrit le 11/02/2022 à 8:03
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Et combien c'est payé ? Si c'est comme d'habitude une poignée de cerises faudra pas venir se plaindre ensuite et chouiner comme quoi els gens ne veulent pas travailler et-c... Les gens ne veulent pas que leur travail ne soit pas rémunérer c'est sûr n...

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