Saint-Nazaire installe l'art dans l'espace public

Sans oublier ses racines portuaires et industrielles, la ville de Saint-Nazaire met le cap sur la culture et les arts dans l'espace public. Un positionnement ambitieux que le maire défendra pour remporter un prochain mandat. Dès cet été, des oeuvres vont naître dans la ville.
Cet été, des grands noms du « street art » réaliseront des fresques sur les façades nazairiennes. Ici, une œuvre de David de la Mano.
Cet été, des grands noms du « street art » réaliseront des fresques sur les façades nazairiennes. Ici, une œuvre de David de la Mano. (Crédits : Alessia Dirsi)

« Nous ne partons pas de zéro et il ne s'agit pas de faire table rase du passé », s'empresse de dire Jean-Jacques Lumeau, adjoint à la culture de la Ville de Saint-Nazaire où la culture, justement, devrait être placée au coeur des enjeux électoraux des prochaines municipales. Après avoir entrepris de réhabiliter ses friches industrielles et portuaires avec le projet Ville-Port il y a trente ans, la municipalité s'attaque aujourd'hui à l'art dans l'espace public. Et c'est vrai, elle ne part pas de zéro. Dans les années 1990 déjà, elle fit fleurir en 4x3 des vignettes d'albums de Tintin en plusieurs lieux de la ville. Ont suivi la création du Life, scène artistique, dédiée aux spectacles vivants et aux arts plastiques ; la naissance du centre d'art contemporain Le Grand Café ; l'ancienne gare devenue théâtre et scène nationale en 2012 ; la Suite de triangles de Felice Varini ; les jardins du Tiers-Paysage de Gilles Clément ; les Javelots de Peter Logan ; ou encore les fresques réalisées lors du festival Les Escales. Avec 10,5 millions d'euros, le budget culture représente un peu plus de 10 % des dépenses municipales.

« Le prochain budget devrait être plus conséquent. Il va se passer des choses avec des partenaires ou en direct par le biais de commandes publiques », affirme l'adjoint à la culture de Saint-Nazaire, qui veut devenir « une ville en mouvement et un territoire d'expérimentations artistiques ». Dès 2016, des rendez-vous culturels ont été organisés à travers la ville et les quartiers pour recueillir le ressenti et les attentes des habitants, des associations, des artistes, des collectifs, d'acteurs culturels... Un an plus tard, le conseil municipal fixait les grandes orientations de sa politique culturelle à l'horizon 2024 pour faire « émerger un nouveau souffle culturel pour Saint-Nazaire, y développer un nouvel imaginaire, accueillir et accompagner l'implantation, la formation d'artistes, de créatifs, de collectifs sur le territoire ».

Une stratégie en quatre temps

Pour « calibrer ses ambitions », la mairie a confié l'assistance à maîtrise d'ouvrage à la coopérative Cuesta, fondée en 2015 par Alexandra Cohen et Agathe Ottavi, et spécialisée dans les restructurations et revalorisations urbaines à travers l'art. À Saint-Nazaire, les premières ébauches de la démarche devraient être dessinées le 12 juillet lors d'une balade-discussion à vélo, conclue par un workshop animé par Alexis Fichet de la coopérative Cuesta. Cette mise en jambes de trois heures sera l'occasion d'une « présentation factuelle et poétique du programme d'arts publics. Il s'agira de relier ce qui fait "arts publics" dans la ville, ce qu'on voit mais aussi ce qu'on ne voit pas ». Une éducation artistique à l'oeil urbain, en somme. La stratégie de déploiement de l'art dans l'espace public nazairien sera mise en oeuvre selon quatre thématiques : les tags dans la ville ; la valorisation du patrimoine matériel et immatériel à travers deux échelles, le XXL faisant référence aux paquebots et avions construits à Saint-Nazaire, et le XXS, quantité négligée d'un objet, d'une sculpture oubliée qui mériterait une mise en valeur ; l'art, les sciences et l'environnement, où il s'agira de créer des ponts entre les activités ; et enfin l'art et la société, où il s'agira de travailler sur les problématiques sociales pour faire émerger du collectif et du « mieux vivre ensemble ».

Saint-Nazaire apprend en marchant. Classée deuxième pour son attractivité par un hebdomadaire national, la ville sent le mouvement se dessiner. « Des artistes et des collectifs cherchent à venir s'y installer. Le collectif Neuf se renforce, les anciens bains-douches seront bientôt occupés par un atelier d'artistes venu de Lille. Sur le port, l'ancien local des remorqueurs vient d'être investi par des investisseurs privés pour en faire un espace créatif et des hébergements », relève Vincent Priou, chargé de mission Art et Espaces publics à la Ville. Déjà, l'artiste plasticien Julien Nédélec a été invité à créer une oeuvre unique, Lignes de désirs, inspirée de la ville et de son histoire sur les piles d'un pont de la gare SNCF.

Au cours de l'été, des façades et des pignons d'immeubles du centre-ville seront livrés à de grandes signatures internationales du street art et de la galerie parisienne Itinérance pour y faire apparaître des fresques urbaines géantes, tandis que les artistes Nathan Crouzet et Bertrand Seguin investiront un des blockhaus du port pour implanter leur oeuvre Éclats. Pas question pour autant, même si les similitudes sont frappantes, de faire un copier-coller du Voyage à Nantes. « Ça n'aurait pas de sens. Le concept a déjà plusieurs années. Nous préférons jouer sur notre singularité pour être complémentaires à Nantes, dont nous sommes partenaires dans le cadre de l'exposition Estuaire, avec deux oeuvres permanentes et une troisième l'an prochain », explique l'adjoint à la culture de Saint-Nazaire, candidate au label Ville d'art et d'histoire. Décision en novembre.

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Commentaires 2
à écrit le 04/08/2019 à 18:23
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Délires de désœuvrés

à écrit le 04/08/2019 à 10:27
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En Suède, l'art est dans les rues, pour ne pas avoir besoin de se rendre dans des musées dédiés pour en profiter (en vase clos). Parfois y a des trucs bizarres mais bon, quand on ne fait que passer. :-) Les français y sont-ils prêts ?

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